Bonjour
Lyme : la reprise en main politique éteindra-t-elle la polémique ? Fera-t-elle au contraire flamber celle qui se développe et s’amplifie en France autour de la maladie de Lyme. Comment calmer un jeu ? Peut-être en se nourrissant des conclusions de la séance consacrée à cet abcès, le 20 septembre dernier, par l’Académie nationale de médecine. Ces conclusions viennent d’être rendues publiques. Les voici :
1 D’abord l’essentiel : au sens strict du terme la maladie de Lyme est une maladie infectieuse bien individualisée sur le plan microbiologique (Borrelia), épidémiologique, clinique, sérologique. Et ce si les tests permettant les diagnostics sont, à ce jour, imparfaits. Un autre acquis est que la sensibilité des Borrelia aux antibiotiques adaptés permet un traitement efficace – du moins à la condition de respecter posologies et durée, notamment dans les formes primaires. Pour l’Académie le célèbre « érythème migrant » est suffisant pour porter le diagnostic et la confirmation sérologique n’est pas nécessaire. Les formes secondaires (phase de dissémination du germe pathogène) comportent de façon variable des localisations neurologiques, articulaires, cardiaques et/ou cutanée.
2 Il ne fait aucun doute que des difficultés peuvent apparaître à la phase tertiaire (correspondant à une forme non diagnostiquée précocement et/ou non traitée, caractérisée par des signes le plus souvent objectifs cutanés, neurologiques ou articulaires). La réponse au traitement antibiotique est alors plus lente et plus aléatoire « en raison d’une participation immunologique à l’origine de la symptomatologie ».
3 Il ne fait aucun doute, non plus, que les controverses concernent surtout ce qu’il est désormais convenu de nommer un « Lyme chronique » : une phase tardive que l’Académie rapproche des phases tertiaires de l’infection. Elles sont caractérisées par des signes cliniques le plus souvent subjectifs et persistants (douleurs articulaires, musculaires, céphalées, asthénie, troubles du sommeil, perte de mémoire…). A ce stade ce sont des données sérologiques parfois positives, ailleurs incertaines, voire négatives, souvent polémiques qui conduiraient à incriminer la maladie de Lyme.
4 « Le débat se dégrade si l’on tente d’intégrer dans la maladie de Lyne des tableaux neurologiques s’apparentant à des scléroses en plaques (SEP), à des scléroses latérales amyotrophiques (SLA), ou même à la maladie d’Alzheimer – et ce que la sérologie soit positive, douteuse, voire négative… » observe l’Académie. Une observation qui suscitera l’ire de certaines associations.
5 Comment répondre à la question de fond concernant la responsabilité de l’entité maladie de Lyme dans les « formes chroniques » qui lui sont attribuées ? Pour l’Académie plusieurs éléments doivent être soulignés.
Il faut d’abord reconnaître le « polymorphisme » de cette maladie qui en fait une infection complexe. Pour l’Académie on en peut pas ne pas faire un parallèle avec une autre spirochétose, la syphilis, cette « grande simulatrice » à laquelle l’Académie a consacré, en son temps, d’innombrables travaux et qui, sexe oblige, alimenta de considérables passions. Puis l’Académie entre dans le dur :
« Même si les Borrelia sont extra et intra cellulaires, susceptibles de se modifier, d’échapper partiellement au système immunitaire, même si des réactions immunes éventuellement excessives peuvent survenir dans ces ‘’formes tardives’’, on comprend mal pourquoi cette maladie infectieuse à germe sensible serait une exception, au point de nécessiter des mois de traitement ou davantage, des cures successives, ou des associations d’anti-infectieux avec des antiparasitaires ou des antifungiques ou avec des immunomodulateurs, prescriptions que certains préconisent.
« Les tests diagnostics sont certes imparfaits, mais la communauté internationale reconnaît la validité de certains d’entre eux, recommandés dans tous les pays, en Europe, y compris en Allemagne par les organismes officiels.
Il faut rappeler qu’une sérologie positive vis-à-vis d’un germe ne témoigne que d’un contact antérieur avec ledit agent infectieux mais qu’elle n’est pas obligatoirement le signe d’une maladie infectieuse évolutive. L’efficacité supposée des traitements prolongés ou associant diverses molécules n’a jamais été démontrée dans la littérature scientifique. A contrario, une récente étude néerlandaise parue dans The New England Journal of Medicine a montré l’inefficacité et même les dangers des traitements prolongés dans ces ‘’ formes chroniques’’. »
Essais cliniques
Progresser ? Pour cela il faut poursuivre des recherches sur la responsabilité d’autres agents infectieux ; améliorer les tests de diagnostic ; mettre en place de protocoles thérapeutiques contrôlés contre placebo à partir de choix rationalisés de molécules avec des malades volontaires sélectionnés. Pour l’Académie cette démarche longue et difficile est à la fois raisonnable et éthique. Au vu de la nature et de l’intensité de la polémique il n’est pas dit que la raison l’emportera de sitôt.
A demain
Daniel