Bonjour
Combien de malades les blocages idéologiques et politiques auront-ils, de fait, tués ? Il y a trente ans, à Berne (Suisse) la première salle de consommation à moindre risque (SCMR) ouvrait ses portes. En France François Mitterrand était président et Michèle Barzach ministre de la Santé du gouvernement Chirac. Elle inaugurait, d’un trait de plume et en dépit de l’idéologie de son camp, la politique de réduction des risques en toxicomanie.
Trente ans plus tard, les médias de pâment devant la publication des lettres d’amour de François Mitterrand. Et Paris s’apprête à ouvrir une « salle de shoot ». Ce sera, nous disent les associations concernées, « dans un local adossé à l’hôpital Lariboisière ». La France devient ainsi « le dixième pays à ouvrir une SCMR ». L’inauguration officielle aura lieu le mardi 11 octobre 2016, en présence des acteurs institutionnels, du porteur du projet GAÏA PARIS puis avec les partenaires associatifs.
Onze ans déjà
Le projet d’une SCMR est issu d’une action menée par le collectif du 19 mai 2009, regroupant les associations : ASUD, FEDERATION ADDICTION, ACT Up-Paris, GAIA PARIS, SAFE, SOS HEPATITES, et SALLEDECONSOMMATION.FR. Que nous disent-elles ?
« Il y a onze ans déjà, ces associations de réduction des risques alertaient les pouvoirs publics sur la nécessité de ce dispositif de santé publique afin de réduire les risques de décès par overdose et de maladies graves telles que le sida et l’hépatite C, chez les usagers de drogues. En 2012, le projet est co-signé par Médecins du Monde et Gaia-Paris. A partir de ce moment, la ville de Paris se déclare candidate pour l’implantation d’une SCMR.
« Il faut cependant attendre début 2016 et l’adoption de la loi de modernisation du système de santé comprenant les articles 41 et 43 pour que l’ouverture de telles salles soit autorisée, malgré la vive opposition d’une partie de la classe politique. L’association Gaia-Paris, qui gère déjà deux établissements médico-sociaux depuis plus de dix ans, est le gestionnaire de la SCMR, pour une expérimentation sur six ans. »
Front national
Et maintenant ? La France a décidé de donner six ans au dispositif pour faire ses preuves. A l’étranger, depuis 30 ans, il a déjà été démontré que les SCMR améliorent l’accès aux soins des usagers et à un meilleur suivi social. Elles ont également permis de réduire le nombre d’overdoses mortelles, les consommations et les nuisances associées dans l’espace public.
Les mêmes causes produisent généralement les mêmes effets. Il en va de même des idéologies. On attend de connaître, dans ce domaine, les projets des Républicains – sans oublier ceux du Front National.
A demain