F. Hollande : «Des propos sans rapport avec la réalité de ma pensée » Quel diagnostic poser ?

 

Bonjour

Pour 24, 50 euros c’est un « parfait suicide politique ». Celui de François Hollande, président de la République française. Personne ne comprend plus rien et le malaise, épidémique, gagne le pays. Comment celui qui incarne leur indépendance peut-il traiter  de « lâches » les magistrats et la magistrature – et ce dans un pénultième et invraisemblable ouvrage de « confidences à des journalistes » ?

« Cette institution, qui est une institution de lâcheté… Parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. La justice n’aime pas le politique… »

Les magistrats se sont dits « humiliés ». On le serait à moins. Premier président de la Cour de cassation Bertrand Louvel a déclaré qu’il n’était « pas concevable que la charge de président (…) puisse être utilisée par son titulaire pour contribuer à diffuser parmi les Français une vision aussi dégradante de leur justice ». Inconcevable est bien le mot.  M. Louvel et le procureur général de la plus haute juridiction française, Jean-Claude Marin, avaient été reçus à leur demande en catastrophe dans la soirée du  mercredi 12 octobre par le chef de l’État. Quel aura, alors été leur diagnostic ?

Marbre de la loi

Le lendemain  ils ont exprimé leur indignation sous les ors de la Cour de cassation devant une assemblée de magistrats en grande tenue. Selon M. Marin, l’entretien de la veille à l’Elysée n’avait « pas atténué le sentiment que la magistrature avait ressenti face à une nouvelle humiliation ». Et le premier président a estimé que, venant du garant constitutionnel de l’indépendance de la justice, les propos et commentaires de M. Hollande posaient « un problème institutionnel ». Ces commentaires, M. Marin les a lus dans un silence pesant, détachant chaque mot. Le poids du marbre de la loi…

Puis les deux plus hauts magistrats de France ont été rejoints dans leur indignation par le Conseil supérieur de la magistrature, qui a dénoncé des propos « dangereux et injustes », et par les avocats, qui ont fait part de leur « consternation » et « incompréhension » selon le président du Conseil national des barreaux (CNB) Pascal Eydoux. « Il doit s’excuser, il doit réparer » a même cru devoir déclarer  Me Jean-Pierre Mignard, proche du président. Quel diagnostic ?

Cicatriser

En visite à Ottawa, le Premier ministre Manuel Valls a  tenté de voler au secours de François Hollande dont « l’indépendance de la justice a été la marque de l’action », soulignant que « rien n’a été fait contre la justice » sous sa présidence. Rien n’a été fait mais l’irréparable a été dit, puis imprimé et publié.

Puis, dans un courrier adressé vendredi 14 octobre à leurs représentants, François Hollande a écrit :

« Vous avez exprimé, au nom de l’institution judiciaire, votre vive émotion à la suite de propos publiés dans un livre. Ils sont sans rapport avec la réalité de ma pensée comme avec la ligne de conduite et d’action que je me suis fixée comme président de la République, garant de l’indépendance de l’autorité judiciaire. »

« Des propos sans rapport avec la réalité de ma pensée ». Quel diagnostic envisager ?

Le procureur Thomas Pison a aussitôt salué – au nom des quatre conférences nationales représentant procureurs et présidents des tribunaux et cours d’appel – « un début d’explication », mais il a prévenu qu’il faudrait du temps « pour que les choses se cicatrisent ». Un procureur connaît-il la profondeur de la plaie ? Le temps que prennent les cicatrices avant qu’on les oublie ?

Epitaphe publique (700 pages)

Le président (PS) de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a déclaré dans un entretien à La Provence « Je me pose des questions sur sa volonté. Une hésitation transparaît. Je lui ai fait part de ma stupéfaction. Il y a un grand besoin d’explication pour comprendre s’il veut vraiment être candidat. » Quel diagnostic porter ?

« En clair, François Hollande dit n’importe quoi lorsqu’il reçoit les journalistes et regrette tout immédiatement après », se gausse Sébastien Lacroix dans L’Union.  Le président « a peut-être finalement écrit là son épitaphe publique. Une épitaphe de près de 700 pages qui, si on y regarde bien, s’apparente à un petit traité du parfait suicide en politique », analyse Pascal Coquis dans Les Dernières Nouvelles d’Alsace. « Pulvérisé dans les sondages, François Hollande se permet encore de carboniser les lambeaux de popularité qui lui restent », écrit Patrice Chabanet dans Le Journal de la Haute-Marne.

Et tous les éditorialistes de se rejoindre : « Une fin de mandat pathétique. » A quand temps des cicatrices ?

A demain

 

Une réflexion sur “F. Hollande : «Des propos sans rapport avec la réalité de ma pensée » Quel diagnostic poser ?

  1. L’homme privé est décrit comme obscur. L’homme public l’est tout autant. Voilà le seul élément de cohérence qui transparait de ce personnage aux contours flous comme sa candidature en 2012 que l’on qualifiée de construction médiatique. On pourrait le comparer à un ectoplasme qui prend la forme qui convient en fonction des circonstances. Ces caractéristiques d’adaptabilité exceptionnelles lui ont fait trouver les failles qui lui ont permis élu. C’est un peu terrifiant, car cela donne l’image d’une machine à sang froid qui encaisse tout avec distance.

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