Bonjour
L’affaire, exemplaire, est rapportée par Le Point. Dans la nuit du 4 au 5 mai 2015, le Dr B., médecin généraliste urgentiste régulateur au Samu de l’Orne assure (à son domicile) une garde de régulation du centre d’appel 15 d’Alençon. Vers 3 h 30, l’assistant de régulation lui passe une femme. Elle explique que son enfant de 5 mois est fiévreux et que sa respiration est anormalement rapide.
Le Dr B. lui conseille la prise de Doliprane, un bain tiède, et le transfert aux urgences si la fièvre devait persister. La mère possède bien du Doliprane mais il est en sirop et elle n’a pas de mesure. Le médecin aurait alors fait preuve d’hésitation. Il parle de cuillère à soupe puis de cuillère à café, en prescrit une-et-demie, puis, se reprenant, deux cuillères.
Hospitalisé dans l’après-midi du 5 mai dans un état comateux, l’enfant est décédé à la fin du mois de juin 2015.
« Manquements graves »
La plainte pénale des parents a été classée sans suite par le parquet. En revanche la plainte de l’Agence Régionale de Santé de Normandie devant l’Ordre des médecins s’est traduite par la comparution, le 17 septembre 2016, de l’urgentiste devant la chambre de discipline du conseil régional des médecins de Basse-Normandie.
Le dossier a été décrypté. Il en est résulté que faute d’un interrogatoire suffisant de la mère, l’urgentiste n’a pas pu disposer de certaines informations : que l’enfant était né prématurément à 35 semaines, qu’un rappel de vaccins avait été pratiqué la veille, qu’un souffle cardiaque avait alors été diagnostiqué à cette occasion. Le praticien ne s’est pas assuré de la suite de la prise en charge médicale. Décision ordinale du 30 septembre :
« (…) l’interrogatoire de la mère par le docteur B. a été très insuffisant : il n’a, de ce fait, pas été à même de porter un diagnostic pertinent de l’urgence. De même, la prescription approximative de médicaments et l’omission de toute diligence tendant à garantir un suivi médical, éventuellement hospitalier, constituent des manquements graves aux obligations du médecin régulateur du Samu dans l’élaboration du diagnostic, les soins et la prescription ».
Le Dr B. est sanctionné par une interdiction d’exercer d’un an – dont six mois avec sursis. Susceptible d’appel, la condamnation, qui prendra effet au 1er janvier 2017. Elle prévoit également une « injonction de formation dans le domaine de la régulation médicale ». On ne commente pas une décision de la juridiction ordinale.
A demain
Pourquoi une plainte de l’ ARS ?
Le COM n’est pas suffisant, il faut une autre juridiction pour mettre en cause le médecin?
Ce qui est exemplaire c’est le traitement médiatique de cette affaire, qui vaudrait à elle seule un traitement par Arrêts sur images.
Une pelletée de confrères, sans aucune vérification, a titré : « sanctionné après le décès d’un bébé d’une surdose de Doliprane ».
Or RIEN ne permet d’écrire cela, et surtout pas la décision de la chambre disciplinaire.
Mais il est vrai qu’il est tellement facile de se recopier les uns les autres sans même prendre le temps de vérifier ses infos, ou de demander copie de la décision.
Pire, personne n’a compris qu’il s’agissait de l’affaire de la petite Ayana, que vous aviez traitée dans votre blog, d’ailleurs…
https://jeanyvesnau.com/2015/06/22/la-mort-programmee-dayana-sept-mois-aurait-on-jadis-parle-de-cette-tragedie/
Et où l’on comprend que le décès de cet enfant est lié à l’hyperthermie dont elle a souffert et absolument pas à un éventuel surdosage de Doliprane…
Bref, un ratage médiatique complet, une honte.