Bonjour
Le pire n’est (peut-être) pas écrit. On commence, ici ou là, à engranger les premiers signes laissant espérer que la croissance des taux de démences et de maladies neurodégénératives donne des signes encourageants d’essoufflement. Des signes certes faibles mais convergents et encourageants dont les responsables politiques devraient s’emparer pour intensifier les recherches et amplifier ce phénomène.
Le dernier symptôme en date est une étude qui vient d’être publiée dans JAMA Internal Medicine : “A Comparison of the Prevalence of Dementia in the United States in 2000 and 2012”. Menée auprès de plus de 21 000 personnes de plus de 65 ans aux Etats-Unis, elle démontre que la proportion des démences (effondrement des fonctions cognitives avec perte massive d’autonomie) est passée de 11,6% en 2000 à 8,8% en 2012. La BBC relève que des conclusions similaires ont aussi été observées en Europe comme en témoigne une étude parue il y a peu dans The Lancet Neurology : “Dementia in western Europe: epidemiological evidence and implications for policy making”.
Intellect et hygiène de vie
« Nos résultats s’ajoutent à un nombre croissant de preuves démontrant que la diminution du risque de démence est un phénomène réel – et que la croissance future attendue des taux démence pourrait ne pas être aussi forte que pronostiqué » explique le Pr Kenneth Langa (Veterans Affairs Center for Clinical Management Research, Ann Arbor, Michigan) responsable de l’étude américaine.
C’est là un sujet majeur de santé publique. Et c’est aussi une affaire éminemment politique et économique. Car s’il est clair que les neurosciences peinent à comprendre les causes premières de maladie d’Alzheimer et des autres maladies neurodégénératives les possibilités de prévention existent. Et leur mise en œuvre est pleinement du ressort des politiques publiques – à commencer par le développement précoce et constant des politiques d’éducation et de stimulation des fonctions intellectuelles – ainsi, plus généralement, que celle « d’hygiène de vie ».
Laïc et catholique
De ce point de vue les premiers symptômes chiffrés pourraient être la traduction des progrès en matière d’éducation accomplis durant les dernières décennies. A l’inverse ces éléments positifs sont menacés par l’augmentation des taux de diabète (de type 2), d’obésité et d’hypertension artérielle – autant de pathologies qui, loin d’être des fatalités individuelles, sont (comme l’éducation ou la lutte contre l’esclavage du tabagisme) également pleinement du ressort des politiques publiques.
Il y a là un facteur d’espérance et un levier d’action dont les responsables politiques ne semblent pas avoir pris conscience. Les turbulences et passions actuellement observées en France à l’occasion des « Primaires de la Droite et du Centre » en témoignent à l’envi. Chômage… temps de travail… réduction de la dette… amitiés franco-russes … et totale impasse sur la décadence de la vieillesse qui pourrait ne plus être une fatalité. Qui sera le premier à s’emparer du sujet ? Qui, radicalement laïc ou raisonnablement catholique, expliquera que le pire n’est (peut-être) pas totalement écrit ?
A demain
On peut être aussi raisonnablement laïc, ou radicalement (en clair, déraisonnablement) catholique (cf François Fillon).