Migraines : le fabricant de Nurofen® est-il vraiment un « malfaisant potentiel » ?

 

Bonjour

Qui ne connaît le Nurofen® médicament « de prescription médicale facultative » des laboratoires Reckitt Benckiser Healthcare France. En Australie c’est une spécialité qui fait grand bruit : “Australian court increases fine over ‘misleading’ Nurofen” (BBC). Près de 4,3 millions d’euros millions d’euros. C’est la somme que le fabriquant britannique  devra payer pour publicité mensongère sur certaines boîtes commercialisées dans ce pays.

L’affaire remonte à  décembre dernier. Reckitt Benckiser était accusée d’avoir mentionné des indications spécifiques (la « migraine » notamment) sur des emballages qui contenaient un produit identique : 342 mg du banal ibuprofène, vieux d’un demi-siècle. Pourquoi ? Il ne s’agissait que d’aider le consommateur souffrant répondait le fabricant. On trouvait ainsi, aux antipodes,  Nurofen Back Pain®, Nurofen Period Pain®, Nurofen Migraine Pain® et Nurofen Tension Headache®.

Malfaisants des antipodes

Rien de très grave, au fond, si ce n’est le fait que ces présentations étaient vendues le double des boîtes de Nurofen®. C’était peut-être le prix à payer pour une forme d’effet placebo. La justice australienne ne plaisantait pas avec le sujet, qui avait décidé que les spécialités incriminées devraient être retirés des gondoles  dans les trois mois. Reckitt Benckiser (également spécialisé dans les produits d’hygiène et de santé grand public comme les préservatifs Durex® ou le désodorisant Air Wick®) avait promis d’obéir sans pour autant s’engager à modifier ses pratiques sur ses autres marchés.

La Cour fédérale australienne avait ensuite estimé que le géant pharmaceutique s’était rendu coupable de tromperie ; elle avait condamné le groupe britannique à une amende de 1,7 million de dollars australiens. Pas assez pour l’autorité de la concurrence australienne. Et la Cour fédérale vient de porter la sanction à 6 millions de dollars australiens (4,3 millions d’euros) afin « d’assurer que Reckitt Benckiser et d’autres malfaisants potentiels y réfléchissent à deux fois et décident de ne pas agir contre l’intérêt du public ».

Le président de l’autorité de la concurrence australienne a jugé que cette amende était appropriée, « compte tenu de la durée et du caractère généralisé de ce comportement, et des ventes et profits substantiels qui ont été réalisés ». Quant au fabriquant il a démenti avoir trompé délibérément les consommateurs, ajoutant avoir collaboré avec les autorités de bout en bout. Pouvait-il faire autrement ?

France : rhume et migraine

Et la France ? Il y a un an le Nurofen®  y était commercialisé sous douze présentations. Son prix était libre.  Précisions officielles :

« Ce médicament contient un anti-inflammatoire non stéroïdien: l’ibuprofène. Il est adapté à l’adulte et à l’enfant pesant plus de 30 kg (soit environ 11-12 ans), dans le traitement de courte durée de la fièvre et/ou des douleurs telles que maux de tête, états grippaux, douleurs dentaires, courbatures, règles douloureuses. »

On trouvait aussi le Nurofen Rhume® (ibuprofène et pseudoéphédrine) : « Il est indiqué dans le traitement au cours des rhumes de l’adulte et de l’adolescent de plus de 15 ans : des sensations de nez bouché, de l’écoulement nasal clair, des maux de tête et/ou fièvre » ; le Nurofen Flash® : « Il est indiqué chez l’adulte, après au moins un avis médical, dans le traitement de la crise de migraine légère ou modérée, avec ou sans aura ».

Toutes ces marques sont aujourd’hui parfaitement mises en évidence dans les rayonnages en acajou des pharmacies d’officine.  Où l’on voit que la France  n’est, vraiment, en rien comparable à l’Australie.

A demain

1 « Nurofen® et publicité : les autorités françaises vont-elles tirer la leçon de l’affaire australienne ? » Journalisme et santé publique du 15 décembre 2015

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