En 2017, un bébé «trois parents» naîtra en Angleterre. Qu’en pense Emmanuel Macron ?

 

Bonjour

Daté du 15 décembre 2016, c’est un document historique : « HFEA permits cautious use of mitochondrial donation in treatment, following advice from scientific experts ». Pour la première fois un pays (le Royaume-Uni) autorise la conception (à des fins thérapeutiques) de bébés issus de « trois parents ». Le feu vert a été  pour donné par la Human Fertilisation and Embryology Authority  (HFEA) sorte d’Agence sanitaire et éthique britannique. C’est là une première mondiale à fort impact scientifique, éthique et juridique 1.

On connaît l’essentiel du procédé : il s’agit d’une variante de la fécondation in vitro caractérisée par le transfert du noyau de l’ovule d’une femme dans l’ovule énuclée d’une donneuse. D’où la formule (assez alambiquée) de « don mitochondrial »). Objectif : prévenir la transmission de mutations, portées par l’ADN mitochondrial de la future mère et responsables de pathologies rares mais souvent graves (une centaine de cas chaque année).  Comme dans la FIV (mise au point il y a quarante ans également au Royaume-Uni) l’ovule ainsi obtenu est ensuite fécondé avec un spermatozoïde du futur père puis implanté dans l’utérus de la femme.

Pandore

On peut ne voir là que la variante d’une technique bien connue de procréation médicalement assistée. Une méthode qui permettra à des couples de donner la vie à des enfants en  « bonne santé ». On peut aussi dénoncer une nouvelle porte ouverte sur l’inconnue, une boîte de Pandore marquant l’acceptation de modifications génétiques transmissibles au sein de l’espèce humaine.

Dans les deux cas force est de reconnaître que le feu vert britannique a été donné au terme d’un processus démocratique. En février 2015, les députés britanniques avaient approuvé cette technique de conception. Puis, fin novembre 2016, un comité d’experts britanniques avait donné son aval  à son utilisation, tout en recommandant une « adoption prudente » de cette méthode. Le feu vert du comité d’éthique du Royaume-Uni est un « feu vert prudent, pas enthousiaste », souligne Sally Cheshire, présidente de la HFEA.

« C’est une décision historique et je suis sûre que les patients prêts à bénéficier de cette technique seront ravis », a-t-elle ajouté. Au risque d’irriter Mme Cheshire on ne voit pas bien ce que le ravissement des bénéficiaires vient faire dans cette question éthique d’une particulière gravité.

Testart et Frydman

C’est aussi une question hautement controversée.  « Avec cette thérapie germinale, on modifie le génome, on introduit 1 % d’un génome qui vient d’ailleurs et on ne sait pas quel impact cela risque d’avoir » estime le Pr René Frydman qui est pourtant loin de partager les allergies éthiques anti-PMA de son ancien collègue Jacques Testart. Selon lui, cette technique n’aurait pas été suffisamment testée. « Je pense qu’il nous manque des données scientifiques pour envisager un passage chez l’homme », a poursuivi le Pr Frydman.

Il y a aussi la question fondamentale de la possible modification de la lignée germinale, l’ADN mitochondrial de la donneuse étant ensuite transmis à la descendance des enfants ainsi conçus. « Nous pensons que les parlementaires britanniques ont commis une grave erreur et espérons, qu’elle n’aura pas de conséquences désastreuses », a souligné Marcy Darnovsky, directrice du Center for Genetics and Society. ”

D’autres mettent en garde contre un risque d’eugénisme. Les opposants pointent du doigt les dérives possibles de cette technique, ouvrant la voie à la sélection des bébés. « Une fois cette frontière éthique franchie, une fois actée le fait qu’il est permis de manipuler le génome humain, il deviendra difficile de ne pas franchir les étapes suivantes pour aboutir à un monde de bébés fabriqués sur mesure, un scénario que tout le monde veut éviter », alerte David King de Human Genetics Alert.

Jérôme Lejeune

Il faut aussi compter, en France, avec la Fondation Jérôme Lejeune pour qui cette nouvelle technique de PMA avec manipulation du génome implique plusieurs « transgressions » : modification des lignées germinales et fabrication d’embryons transgéniques. Jean-Marie Le Méné, président de la Fondation Jérôme Lejeune vient d’interpeller les responsables politiques français ainsi que les autorités de la recherche et de la santé :

« Face à cet Hiroshima bioéthique, que propose la France ? Qu’est-il envisagé pour protéger l’intégrité du patrimoine génétique de chaque être humain ? La FIV à 3 parents marque une révolution biotechnologique et éthique que la France ne peut ignorer. La modification du patrimoine génétique humain relève à la fois de l’eugénisme et du transhumanisme. La campagne présidentielle qui s’ouvre est l’occasion pour les futurs responsables politiques de s’engager sur une question qui ne manquera pas de se poser en France. Il en va du destin de l’humanité. »

On peut ne pas partager les convictions de M. Le Méné et le rejoindre dans son souci de démocratie. On pressent la position, sur ce sujet de François Fillon et celle de Jean-Luc Mélenchon. On aimerait connaître celle d’Emmanuel Macron.

A demain

1 On avait appris en septembre dernier la création au Mexique (pays qui ne dispose pas de législation sur ce sujet) d’un enfant « à trois parents » : « Première mondiale: un enfant a été créé à partir de «trois parents». Impossible en France » (Journalisme et santé publique du 27 septembre 2016)

 

Une réflexion sur “En 2017, un bébé «trois parents» naîtra en Angleterre. Qu’en pense Emmanuel Macron ?

  1. Espérons que ce ne sera pas la peur primale de ce qui nous est inconnu qui mettra un frein à tous ces progrès potentiels. La morale, les peurs n’ont rien à faire en science et en politique. Seule la raison et l’intérêt de tous doit les diriger.

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