Bonjour
C’était une pique, ce sera une écharde : Le Canard Enchaîné de ce jour révèle (Isabelle Barré) qu’il est possible, dans des hôpitaux parisiens fauchés comme les blés, de mieux faire travailler les salariés. Il suffit pour cela d’un peu d’imagination, de beaucoup d’argent public et de quelques coachs venus (pourquoi ?) du privé. Et puis la fatalité : la révélation coïncide avec les derniers rebondissements de l’affaire qui oppose désormais publiquement (et violemment) Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, aux responsables de l’Association des amis de Jean-Louis Mégnien. Une affaire dans laquelle Marisol Touraine devra (vite) trancher en faveur de l’une ou l’autre partie.
Bien informé, Le Canard rappelle qu’en juillet dernier, dans un courrier adressé à la chambre régionale des comptes le directeur général de l’AP-HP avait écrit que depuis son arrivée il avait « supprimé presque tous les marchés de consultants » pour « s’appuyer davantage sur une expertise interne ». Entendre : l’AP-HP a ses propres compétences en matière de coaching.
Il semble toutefois rester des manques qu’il convient de combler.
« Depuis le mois d’août l’Agence régionale d’Ile-de-France a passé au moins cinq marchés publics pour envoyer, à prix d’or, des ‘’coachs’’ au chevet des hostos parisiens. Michael Ballé, vedette du genre, a raflé à lui seul 30 000 euros pour ‘’coacher’’ quatre patrons de grands hôpitaux (…). Sa mission ? Leur enseigner la méthode du lean management, une technique empruntée à Toyota… (…).»
On aimerait en savoir plus, on ne le saura pas : Michael Ballé qui, pourtant « n’est pas du genre à mégoter » a eu une expérience particulièrement douloureuse avec un journaliste. Depuis, il se tait.
Le Canard évoque encore les 50 000 euros d’argent public perçus par l’expert Patrick De Coster. M. De Coster est un autre pionnier du lean management : accroître la valeur créée pour le client et améliorer les performances de l’entreprise en agissant sur les tâches sans valeur ajoutée et les gaspillages. Il s’agit aussi de jouer sur les processus pour les simplifier « afin d’augmenter leur fluidité, leur flexibilité et leur agilité ».
Cette méthode pouvait jusqu’ici s’appliquer à toutes les organisations (TPE/PME, Grandes entreprises) et tous les et tous les processus (Production de biens & services, Recherche & Développement, Processus administratifs & transactionnels, etc.).
Dès lors pourquoi pas à l’AP-HP ? En août l’Agence régionale de santé avait déjà signé avec le géant Capgemini – un géant épaulé par GE Healthcare Partners et Cerclh. Slogan de cette firme : « Notre mission est de transformer durablement la performance du système de santé français. » C’est là une bien noble mission. Pourquoi la confier, avec de l’argent public, au privé ?
On aimerait, ici, connaître les avis de MM François Fillon, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
A demain
Ce n’est pas le lean management qui est en cause dans les suicides de beaucoup d’entreprises?