Bonjour
Il a osé ! En marge des opérations récurrentes de communication de sa ministre le Pr Benoît Vallet, Directeur Général de la Santé, a soulevé une question essentielle de santé publique : celle de l’obligation de la vaccination annuelle des soignants contre la grippe saisonnière. Le DGS s’est exprimé le 11 janvier au décours d’une conférence de presse consacrée à la gestion par les autorités sanitaires de l’actuelle épidémie.
Les termes de l’équation sont s’une simplicité pasteurienne : moins d’un tiers des soignants (médecins, infirmières, aides-soignantes) se font vacciner contre la grippe et ils sont, du fait de leur profession, les premiers agents contaminateurs de l’infection. Une meilleure couverture vaccinale permettrait de réduire notablement la circulation des virus grippaux aux sein des populations les plus fragiles. Or l’Etat peut contraindre les soignants à se faire vacciner, au nom de la santé publique et dans leur propre intérêt. Cette obligation existe déjà aujourd’hui pour un certain nombre de vaccinations parmi lesquelles la très efficace (et toujours plus ou moins controversée) immunisation contre l’hépatite virale de type B.
Cabinet court-circuité
« L’annonce de M. Vallet a visiblement pris de court le cabinet de la ministre de la santé, Marisol Touraine, où l’on s’est contenté de rappeler que cette dernière doit prochainement présenter ‘’ les mesures qu’elle entend prendre pour renforcer la confiance dans la vaccination’’ » révèle Le Monde (François Béguin). Comment le cabinet d’un ministre de la Santé pourrait-il, sérieusement, être pris de court sur un sujet sanitaire aussi important et en pleine épidémie grippale ? Faudrait-il voir ici un discret symptôme de tensions intra-ministérielles à l’approche d’échéances importantes ? Marisol Touraine évoquera-t-elle la question lors de sa prise de parole dans la cour de l’Elysée ?
Nous sommes-là, très précisément, à l’articulation du politique et du sanitaire 1. Voici le cadre officiel :
« Bien que prévue par l’article L. 3111-4 comme une obligation vaccinale pour les professionnels de santé, l’obligation vaccinale contre la grippe a été suspendue par le décret n° 2006-1260 du 14 octobre 2006. Elle demeure toutefois fortement recommandée pour les professionnels concernés, en particulier pour les protéger des grippes saisonnières. »
Xavier Bertrand et Marisol Touraine
Le décret suspensif du 14 octobre 2006 avait été signé par Xavier Bertrand, ministre de la Santé et des Solidarités d’un gouvernement dirigé par Dominique de Villepin. « Santé et solidarités » qui, dix ans plus tard, demandera à Xavier Bertrand pourquoi il avait jugé utile de prendre une telle décision ? Et, depuis cinq ans, pourquoi Marisol Touraine n’a-t-elle pas abrogé ce décret ?
Le Monde cite le Pr Bruno Lina, spécialiste de virologie et l’un des meilleurs spécialistes français de la lutte contre la grippe. Il rappelle qu’aux Etats-Unis, la vaccination contre la grippe est obligatoire et figure dans le contrat de travail des personnes qui travaillent dans les structures de soins. C’était trop simple : le nouveau président des Etats-Unis vient de faire un premier cadeau de poids aux militants anti-vaccinaux. Donald Trump vient de nommer Robert F. Kennedy Jr , un anti-vaccinal, à la tête de la commission officielle en charge de la sécurité vaccinale. Où l’on voit que certains responsables politiques tiennent certaines de leurs promesses.
Une question : que pensent des vaccins et de la vaccination MM Fillon, Macron et Mélenchon ?
A demain
1 Sur ce thème: « Grippe : il faut désormais obliger les soignants à se faire vacciner » Slate.fr, 12 janvier 2017
Journalisme et Santé Publique 
Bonjour
concernant les ambigüités récurrentes des personnels politiques quant aux politiques vaccinales en général, et aux professions de santé en particulier, je souscris entièrement à toutes les anomalies, inexplicables, régulièrement soulignées par Jean-Yves Nau. J’y ajoute un témoignage qui, de mon point de vue, vient aggraver cette situation: ayant exercé pendant 9 ans comme praticien hospitalier à l’AP-HP, je n’ai jamais été convoqué par le service de médecine du travail. Seul l’épisode de grippe H1N1 à l’époque m’avait permis de découvrir leurs locaux dans mon établissement…
Cela va bien plus loin que la seule prise en charge des PH: une grande partie de médecins (hospitaliers) rejette l’épidémiologie et ne partage pas les objectifs de la lutte anti-infectieuse dans les établissements. Alors peut-on s’appuyer sur un corps médical sceptique (sur les vaccins), peu formé (sur l’épidémiologie) et pas suivi par la médecine du travail pour se faire vacciner, et encourager le personnel soignant à le faire?
D’accord la formation est importante.
Comme je le fais depuis des décennies je me vaccine comme soignant, proche de femmes enceintes ou nourrissons.
Dans le doute … ne t’abstiens pas .
Et c’est un vaccin bien supporté, même si je connais un collègue qui a fait un syndrome de Guillain et Barré. Anecdote qui ne veut rien dire mais qui marque les esprits et les claviers. Mais homo sapiens fait grand caso des anecdotes.
Or la lecture (partie de la formation) laisse pantois et pantoise.
Les experts martèlent sur les ondes que la vaccination des personnels protège les patients. Et les personnels.
Je veux bien le croire, une fois encore je me vaccine.
Mais:
The great tragedy of science – the slaying of a beautiful hypothesis by an ugly fact. Thomas Huxley (l’autre)
La mise à mort d’une belle hypothèse par un horrible fait.
On l’a vu bien souvent : prévention cardiovasculaire par les hormones féminines par exemple, affaire de l’huile de carthame et on pourrait extrapoler à « affaire tournesol » vu leur similitude (hi hi hi) .
http://www.bmj.com/content/346/bmj.e8707
Que dit l’analyse de la littérature sur la vaccination des personnels contre la grippe par l’indépendant groupe Cochrane ? Autant de déception (au sens français ? ) que pour la vaccination en général ou les antiviraux spécifiques. Triste je suis.
http://www.cochrane.org/fr/CD005187/la-vaccination-antigrippale-des-professionnels-de-sante-qui-soccupent-de-personnes-agees-de-60-ans
http://www.cochrane.org/fr/search/site/grippe?f%5B0%5D=bundle%3Areview
En un mot : pas d’effet démontré sur les « endpoints » ou « critères de jugement » qui comptent pour les malades. Argh ! Oups !
Est-on dans ce cas là ?
L’absence de preuve n’est pas une preuve d’absence (d’effet positif) en toute logique .
Cochrane est indépendant. Oui mais…
Mais pas immun de biais notamment de biais intellectuels (ou conflits d’intérêt intellectuel). UNe fois que l’on a écrit une chose il est difficile d’accepter que l’on puisse avoir tort. Le groupe Grippe a descendu en flammes l’oseltamivir et ses études cachées.
Le groupe grippe de Cochrane, comme le groupe (± anti-) Mammographie de la Nordic Cochrane peuvent être accusés de tels biais ou conflits d’intérêt ou de contradictionisme. ou « contrarianism »
https://en.wikipedia.org/wiki/Contrarian
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK50715/
Ceci dit il faudrait que soit on nous montre les preuves de l’efficacité des mesures proposées ou que l’on dise clairement au public que c’est la logique , le raisonnement, certaines observations in vitro, qui laissent penser que de telles mesures sont raisonnables et seront bénéfiques. Sinon le public peut finir par penser (comprendre ? ) qu’on lui lance des opinions pas des faits prouvés et se méfie , se méfie de tout et ne croit que les charlatans.
Plus de transparence , d’honnêteté s’impose.
Sinon le discours répétitif et martelé des « experts » ne se différentie pas d’une publicité pour dentifrice. Et on se réfugie dans l’opinion des forums.
Tiens je viens de faire mon rappel diphtérie tétanos polio coqueluche. Sans regret.