Cigarette électronique, tabac et réduction des risques : le quinquennat qu’il ne fallait pas

 

Bonjour

Une nouvelle étape, politique, vient d’être franchie dans la jeune histoire de la cigarette électronique. Les conclusions du deuxième « Sommet de la Vape » organisé le 20 mars à Paris 1 ont, estiment ses organisateurs, permis d’établir un « consensus absolu » entre (quelques) instances dirigeantes de santé publique, les sociétés savantes, les usagers et les professionnels du secteur. Et ce consensus peut être formulé en une phrase, à la fois médicale et politique : « la vape est un outil de réduction des risques tabagiques ».

« Il est remarquable de constater qu’il n’existe plus de discussions pour affirmer que vapoter est une réduction de risque très importante pour un fumeur, même s’il existe des divergences d’avis parmi les participants au sommet de la vape sur d’autres points. Recommander la vape à un fumeur comme moyen de sortie du tabac apparaît bénéfique au plan individuel pour l’ex-fumeur et pour la société.

« Il existe un consensus pour affirmer que fumer et vapoter n’est pas un objectif à long terme et qu’il faut que les ‘’vapo-fumeurs’’ aient comme objectif (sans forcément de délai) l’arrêt complet du tabac. (NB : Des études sont nécessaires pour mieux connaître les moyens de devenir vapoteur exclusif – comme sur beaucoup de points). »

Perversité de la précaution

Tout n’est certes pas rose. Sur la question du « vapotage au long cours » il existe un désaccord. D’une part des vapoteurs affirment que vapoter leur permet de rester à l’écart de la consommation de tabac et leur sauve la vie. D’autre part des « acteurs de santé » affirment que bien que le danger soit très inférieur à celui du tabagisme, le risque n’est pas nul. A ce titre ils ne peuvent que recommander l’arrêt « un jour » de la vape.

S’il existe, aussi, un consensus pour que soient établies des règles concernant le vapotage dans les lieux à usages collectifs, des divergences fortes demeurent quant aux moyens pour parvenir à cet objectif : l’éducation et la civilité, le règlement des établissements, le marbre de la loi.

« La crainte de la population sur les dangers de la vape est totalement irrationnelle, ajoutent, en conclusions les organisateurs de ce Sommet. Cette peur irrationnelle prise au nom du ‘’principe de précaution’’ conduit de nombreux fumeurs à ne pas quitter le tabac, alors qu’arrêter de fumer sauve des dizaines de milliers de vie. Pour les autorités et acteurs de santé, respecter le ‘’principe de précaution’ c’est favoriser tout ce qui permet de sortir du tabac, et donc la vape. »

Remarquables absences

Il existe, enfin, un consensus des participants pour souhaiter que la vape ne soit pas un produit d’entrée en tabagisme chez les adolescents. Mais force est bien de constater, en ce début d’année 2017, qu’aucune donnée solide n’est venue conforter l’hypothèse que la vape constitue une augmentation du risque d’entrée en tabagisme.

Reste la dynamique: les divergences se sont beaucoup réduites depuis le premier sommet de la vape 2016.  Les organisateurs expliquent avoir « particulièrement apprécié les présences »  du Pr Benoît Vallet, Directeur général de la Santé (pour la deuxième fois) et du Dr Nicolas Prisse, Président de la MILDECA ». Etaient aussi, très remarquablement absents : la Haute Autorité de Santé, l’ANSES, Santé publique France et Tabac Info Service. Sans parler de Marisol Touraine, ministre de la Santé.

Autant d’absences qui doivent être interprétées comme d’éclairants symptômes. Ceux de la déconnexion, à bien des égards tragiques, du politique et de la réalité – déconnexion de l’action politique et du pragmatique. Et ce alors même que seul le dialogue entre les différents acteurs permettrait de prévenir, progressivement, un nombre considérable de morts prématurées dues à la consommation de tabac. De ce point de vue le quinquennat qui s’achève est la parfaite illustration de ce que le prochain ne doit pas reproduire.

A demain

1 « Sommet de la Vape » est un événement dont l’indépendance est assurée par un financement participatif organisé sur Internet par l’association SOVAPE auprès de citoyens donateurs, sans l’aide d’aucune industrie. Comité d’organisation : SOVAPE, Pr Didier Jayle, Jacques Le Houezec  et le Bertrand Dautzenberg. L’auteur de ces lignes a participé à l’animation de l’une des tables rondes.

2 réflexions sur “Cigarette électronique, tabac et réduction des risques : le quinquennat qu’il ne fallait pas

  1. A reblogué ceci sur The Ad Spreadet a ajouté:
    Tout est dit! Un manque d’implication de l’Etat dans la santé publique mais la nouvelle agence nationale de santé publique doit encore trouver sa place; restons optimistes.

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