Incurie : la France est la championne d’Europe toute catégorie des esclaves du tabac

 

Bonjour

C’est un tableau désespérant. Il dit l’incapacité du politique français à peser sur la réalité tabagique. Une incapacité fortement teintée de duplicité.  Tout est dit et actualisé dans le prochain BEH 1. En octobre dernier François Bourdillon, directeur général de Santé publique France annonçait, dans les colonnes du même BEH, que 2016 serait une « année cruciale dans la lutte contre le tabagisme » – une année « marquant l’aboutissement de la volonté politique de Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé, d’agir sur le premier déterminant de santé qu’est le tabagisme en France ». Est-il exagéré de dire, aujourd’hui, que ce fut une année catastrophique ?

Qu’apprend-on ? Qu’en France, en 2016, 34,5% des 15-75 ans fumaient du tabac ; et 28,7% quotidiennement. Rien ne change depuis 2010, après la hausse observée entre 2005 et 2010. De 2010 à 2016 la prévalence du tabagisme quotidien a augmenté de 35,2% à 37,5% parmi les personnes aux revenus de la tranche la plus basse, alors qu’elle a diminué de 23,5 à 20,9% parmi les personnes aux revenus de la tranche la plus haute. « Les écarts selon le niveau de diplôme suivent une tendance similaire, témoignant ainsi d’une augmentation des inégalités sociales en matière de tabagisme » notent les auteurs de ce travail. Une version nouvelle, en somme de la double peine.

Hexagone enfumé

Il faut préciser que ces données n’intègrent pas les très hypothétiques effets du remboursement (plafonné à hauteur de 150 euros annuels) des substituts nicotiniques, du paquet neutre (instauré en mai 2016 et généralisé depuis le 1er janvier 2016) ou de l’opération « Moi(s) sans tabac ».

Avec plus d’un tiers de fumeurs, la France fait de loin partie des pays les plus enfumés, devant l’Allemagne, l’Espagne, la Belgique ou encore l’Italie et la Grande-Bretagne tandis que la prévalence continue de baisser aux États-Unis ou en Australie.

L’étude conclut (sans surprise) à la nécessité de poursuivre la lutte contre le tabagisme – « en veillant notamment à ce que les personnes vivant dans les conditions les plus défavorisées bénéficient de plus d’attention et d’aides spécifiques pour arrêter de fumer ». C’est admirable. On lit aussi d’autres choses admirables. Comme celle-ci :

« Si l’e-cigarette apparaît comme une aide à l’arrêt du tabac pour une partie des fumeurs, elle semble donc progressivement abandonnée par ceux qui n’arrivent pas à arrêter de fumer et qui reviennent à une consommation exclusive de cigarettes. Pour confirmer ces hypothèses, il reste nécessaire d’attendre les conclusions d’études portant sur l’efficacité de l’e-cigarette comme outil d’aide au sevrage tabagique. À l’heure actuelle, il n’y a pas de consensus sur cette question. »

La faute à qui ? Santé publique France ne le sait pas. Ou ne le dit pas. Les vapoteurs, eux, savent ce qu’ils veulent. A la veille du 31 mai, journée mondiale sans tabac et des encouragements pour aider les fumeurs à sortir du tabagisme ils dénoncent, via sovape.fr, le fait que depuis le 20 mai 2016, encourager l’une des meilleures solutions pour eux est devenu totalement illégal.

Un geste de la ministre ?

« La France a transposé la Directive européenne sur les produits du tabac avec beaucoup plus de sévérité que ce que le texte imposait, y compris pour la cigarette électronique, rappellent-ils. Rien n’obligeait le gouvernement français à interdire toute publicité, directe ou indirecte et encore moins toute « propagande ». Ainsi la vape se retrouve au même niveau que le tabac. Interdiction d’en faire la promotion, sous peine d’une amende de 100 000 €.

Aujourd’hui aucune étude n’est, selon eux, de nature à justifier une quelconque interdiction en termes de santé publique. Ils observent que là où la cigarette électronique se développe, le tabagisme recule. « Depuis de nombreuses années, les vapoteurs protestent contre les lois restrictives. Au-delà de la publicité, de nombreuses mesures contraignent la pratique de la vape et provoquent des augmentations de prix des produits, ajoutent-ils. L’interdiction de toute communication freine son essor et réduit les chances d’attirer encore plus de fumeurs, de sauver encore plus de vies. Informer les fumeurs sur les bonnes pratiques, ainsi que la profusion des matériels et des liquides, est primordial.

A l’occasion de la journée sans tabac 2017, Sovape a fait un rêve : que la nouvelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, adresse un signal à l’attention des vapoteurs et des spécialistes – tous ceux qui ne cessent de réclamer la mise en œuvre d’une véritable politique de lutte contre le tabagisme qui intègre pleinement la réduction des risques, et donc la vape. Un signal, rien qu’un petit signal, qui romprait enfin avec le silence méprisant de Marisol Touraine.

A demain

1 « TABAC ET E-CIGARETTE EN FRANCE : NIVEAUX D’USAGE D’APRÈS LES PREMIERS RÉSULTATS DU BAROMÈTRE SANTÉ 2016 », Anne Pasquereau, Arnaud Gautier, Raphaël Andler, Romain Guignard, Jean-Baptiste Richard, Viêt Nguyen-Thanh ; le groupe Baromètre santé 2016.

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