Petits enfants malades des écrans : quand la ministre de la Santé se saisira-t-elle du dossier ?

Bonjour

C’est une addiction plate et précoce. Et c’est une tribune essentielle dans Le Monde daté du 31 mai : « La surexposition des jeunes enfants aux écrans est un enjeu majeur de santé publique ».  Des médecins et professionnels 1 alertent sur les graves troubles du comportement et de l’attention qu’ils observent de plus en plus chez les petits. Sujet aussitôt repris et développé au journal de 13 heures de France Inter. C’est une affaire naissante que nous avons déjà abordée sur ce blog. C’est un dossier majeur dont l’émergence médiatique coïncide avec une nouvelle donne politique : l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, Emmanuel Macron qui, durant la campagne a répété toute l’importance qu’il entendait voir accordée à la prévention.

Que nous disent les professionnels de la santé et de la petite enfance ? Qu’ils observent dans leur pratique les graves effets d’une exposition massive et précoce des bébés et des jeunes enfants à tous types d’écrans : smartphone, tablette, ordinateur, console, télévision. Lisons-les un instant : :

« Nous recevons de très jeunes enfants stimulés principalement par les écrans, qui, à 3 ans, ne nous regardent pas quand on s’adresse à eux, ne communiquent pas, ne parlent pas, ne recherchent pas les autres, sont très agités ou très passifs. La gravité de ces troubles nous conduit à réinterroger les éléments déjà exposés dans des articles précédents.

« Captés ou sans cesse interrompus par les écrans, parents et bébé ne peuvent plus assez se regarder et construire leur relation. Les explorations du bébé avec les objets qui l’entourent, soutenues par les parents, sont bloquées ou perturbées, ce qui empêche le cerveau de l’enfant de se développer de façon normale. Ces deux mécanismes – captation de l’attention involontaire et temps volé aux activités exploratoires – expliquent à eux seuls les retards de langage et de développement, présents chez des enfants en dehors de toute déficience neurologique. »

Taper, lécher, renifler….

Ils observent aussi chez ces enfants des symptômes très semblables aux troubles du spectre autistique (TSA), des absences ­totales de langage à 4 ans, des troubles attentionnels prégnants ; des troubles relationnels majeurs : « l’enfant ne sait pas entrer en contact avec les autres, il les tape, lèche, renifle… » ; des stéréotypies gestuelles et une intolérance marquée à la frustration surtout lorsqu’on leur enlève « leur » écran à l’enfant.

Et lorsque ces professionnels interrogent les ­parents ils découvrent la place centrale des écrans dans la famille. « L’enfant est en contact permanent avec les écrans : de façon directe ou indirecte, quand un écran est allumé dans la pièce où l’enfant se trouve, ou lorsque le parent regarde son portable mais ne regarde plus son enfant » écrivent-ils. Ce problème doit être un enjeu de santé publique (…) Le même phénomène est observé dans tous les autres pays avec des campagnes de prévention déjà en cours. En Allemagne, elles ont lieu dans les crèches pour inciter les parents à regarder leur bébé ; à Taïwan, des amendes de 1 400 euros peuvent être imposées à un parent qui laisse son enfant de moins de 2 ans devant les écrans. »

Pour ces professionnels il y a urgence citoyenne: des campagnes nationales issues des observations et des recommandations des professionnels du terrain (sans aucun lien ou conflits d’intérêts avec l’industrie du numérique et de l’audiovisuel) doivent être menées en France « et diffusées dans tous les lieux de la petite enfance ». On comprendrait mal qu’en écho aux priorités du président Macron sur la prévention Agnès Buzyn, ministre de la Santé (et des Solidarités) n’entendent pas ce vibrant appel des professionnels de la santé et de la petite enfance.

A demain

1 Dr Anne Lise Ducanda et Dr Isabelle Terrasse, médecins de PMI au Conseil départemental de l’Essonne ; Sabine Duflo, psychologue et thérapeute familiale en pédopsychiatrie (CMP, EPS Ville-Evrard) ; Elsa Job-Pigeard et Carole Vanhoutte, orthophonistes (Val-de-Marne) cofondatrices de « Joue, pense, parle » Lydie Morel, orthophoniste, cofondatrice de Cogi’Act (Meurthe-et-Moselle) ; Dr Sylvie Dieu Osika, pédiatre à l’hôpital Jean Verdier de Bondy et Eric Osika, pédiatre à l’hôpital Ste Camille de Bry-sur-Marne ; Anne Lefebvre, psychologue clinicienne en pédopsychiatrie (CMP enfants et CMP adolescents, CHI 94) ; ALERTE (Association pour l’éducation à la réduction du temps écran), Dr Christian Zix, neuropédiatre, directeur médical du CAMSP de St-Avold (Moselle) Dr Lise Barthélémy, pédopsychiatre à Montpellier.

 

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