Bonjour
Qui s’intéresse à elles, ces soignantes essentielles ? Pour l’heure, Didier Truchot, professeur de psychologie sociale à l’Université de Bourgogne-Franche-Comté et Mathilde Duboz, étudiante en master psychologie du travail. Ils viennent de conduire une étude nationale originale 1. Au cœur des interrogations, les situations de tensions que rencontrent les « IDEL» au cours de leur activité professionnelle. L’affaire est résumée sur le site espaceinfirmier.fr (Laure Martin).
Qui sera surpris ? Le niveau de burn-out est très élevé chez les infirmières libérales – plus encore que chez les autres professionnels paramédicaux. Il est équivalent à celui qui peut être observé chez les médecins généralistes. C’est ce qui ressort de l’analyse des réponses des 1 678 infirmières libérales qui ont participé à l’étude
L’étude révèle que le burn-out est plus élevé chez les infirmières libérales travaillant seules que chez celles qui sont associées. Didier Truchot :
« Il y a donc un effet net du type d’environnement de travail à prendre en compte dans les préconisations car la différence est énorme en termes d’heures de travail. Ainsi, celles qui exercent seules travaillent en moyenne 53 heures par semaine et le chiffre tombe à 38 heures pour celles qui sont associées. La “voie royale” pour diminuer le burn-out peut donc être le cabinet de groupe qui protège de la charge de travail. »
Manque de respect
En vérité l’affaire semble nettement plus compliquée. C’est que l’autre cause de l’épuisement émotionnel des infirmières libérales réside dans « le travail empêché » : « les relations conflictuelles qu’elles peuvent avoir avec les patients qui leur manquent de respect, les relations tendues avec leurs collègues ou un environnement de travail contraignant (en raison, par exemple, de difficultés de transport) ». Certaines situations sont fréquemment rencontrées par les infirmières libérales comme « devoir réaliser des soins dans des logements peu adaptés avec un manque de matériel, une absence de lit », « être confronté à des demandes excessives des patients et/ou des familles des patients », « devoir réaliser des soins dans des logements sales, vétustes » (4,12/6).
Vivre chaque jour, en somme, avec toute la misère de notre monde. En revanche, le fait d’éprouver des affects, des sentiments et de la compassion vis-à-vis du patient n’est pas à l’origine du burn-out, bien au contraire. « Cet élément émotionnel semble protéger de l’épuisement et de la dépersonnalisation, car ce ressenti donne du sens au travail des infirmières libérales », rapporte le Pr Truchot. L’analyse complète des résultats est disponible dans le numéro de juin de L’Infirmière libérale magazine. Quels sont les médias qui en feront état ? Qui s’intéresse à elles ?
A demain
1 Cette étude a été réalisée grâce à un questionnaire de quelque 120 items publié dans le numéro de février de L’Infirmière libérale magazine et relayé sur le site espaceinfirmier.fr. Seuls les questionnaires remplis entièrement, soit 1 678, ont été pris en compte. Parmi les répondants : 88 % de femmes, 44 ans en moyenne, associées en majorité, réparties à peu près équitablement en milieux urbain, rural, semi-urbain.