Les triomphes d’Emmanuel Macron coïncident avec une augmentation des cas d’exorcisme

Bonjour

L’étrange est partout. Nous sommes au surlendemain du (nouveau) triomphe d’Emmanuel Macron Et voici que le malicieux Figaro nous apprend que chacun des cent diocèses de France dispose désormais d’un prêtre exorciste 1. Comment ne pas faire le rapprochement quand on se souvient de la confession (à un journal dominical) du candidat Macron pour qui « la politique c’est mystique » ? Et ne vivons-nous pas aujourd’hui une forme d’exorcisme collectif sous couvert de pâmoison contagieuse et d’incitation au dégagisme ?

Car exorciser c’est, pour l’essentiel, purifier. On chasse le mal de l’endroit où il se trouve (sans trop s’inquiéter, d’ailleurs, de son prochain refuge). C’est chasser Satan du corps d’un possédé. C’est le délivrer de l’esprit malfaisant qui l’ensorcelle ce qui n’est pas, on le sait, sans lien avec la pratique de la psychiatrie et de l’addictologie (les « démons » de l’alcoolisme).

Ou avec celle de l’écriture – comme l’explique Paul Valéry soutenant que Gustave Flaubert fut toujours hanté par le démon de la connaissance encyclopédique, dont il a essayé de s’exorciser en écrivant « Bouvard et Pécuchet ». Sans oublier, avant Louis-Ferdinand Céline, Marcel Proust : « Je ne saurais trop recommander aux écrivains la vertu purgative, exorcisante, du pastiche ».

Bureau national des exorcismes

Le Figaro, lui, a eu accès aux chiffres officiels : il y a dix ans, et pour la seule Île-de-France, le nombre d’exorcismes pratiqués par des prêtres catholiques avoisinait une quinzaine de cas par an. Une cinquantaine d’exorcismes sont désormais accomplis annuellement. Et de citer le père Emmanuel Coquet, secrétaire général adjoint de l’épiscopat qui accompagne le bureau national des exorcistes :

« Il y a un accroissement très net. Les exorcistes sont frappés de voir que le phénomène prend de plus en plus d’ampleur. En réalité c’est l’évêque qui est l’exorciste du diocèse mais il confie cette tâche par une délégation formelle à un ou deux prêtres qui sont assistés par une équipe de laïcs et de religieux pour cette mission ».

Imagine-t-on ce que peut être, aux frontières du sourcier et du passeur de feu, le pouvoir d’exorciser ? La première difficulté, confesse le père Emmanuel Coquet, est de trier les dossiers. Près de 2500 demandes environ arrivent chaque année dans les diocèses d’Île-de-France. Le temps passe et Satan réclame plus de discernement que dans le passé. Le diabolique n’a plus les pieds fourchus, il fait de plus en plus dans le symbolique. Il faut savoir trier avant que d’exorciser.

Expertises psychiatriques

C’est bien pourquoi l’Église catholique « fait appel à des expertises psychiatriques pour évaluer si la personne aurait plutôt besoin de soins médicaux ». Ce n’est que si l’exorcisme est opportun qu’il est pratiqué –  encadré en termes liturgiques. Précision : le rituel contenant les prières de l’exorcisme n’est pas public. Seul l’évêque le reçoit et le transmet au prêtre pour sa mission d’exorciste. Rien n’est dit sur les tarifs.

Le psychanalyste, l’addictologue, la psychologue ne sont jamais très loin : un exorcisme majeur n’est, tout bien pesé, rien d’autre qu’une liturgie de la parole : lectures de textes de la Bible, prières de litanies, profession de foi, imposition des mains et formule de l’exorcisme. Une différence : le thérapeute n’est jamais seul qui œuvre toujours accompagné de plusieurs personnes en prières. Père Emmanuel Coquet :

« Il peut arriver que les forces de la personne soient soudain décuplées, explique le père Coquet. On laisse la personne exprimer la violence qu’elle porte en elle mais il faut se protéger en cas de difficultés. D’autres ne supporteront pas la vue d’un crucifix ou l’évocation de tel ou tel saint. D’autres encore se mettent à parler une langue qu’ils n’ont jamais apprise… Nous assistons après l’exorcisme à d’authentiques apaisements, libérations et guérisons intérieures. Tout cela est bien réel cela ne s’invente pas. »

Qui, père Emmanuel, pourrait raisonnablement penser que tout cela est inventé ? Reste toutefois, pendante, la grande question : Satan existe-t-il réellement (comme le soutient le Pape François) ou n’est-il qu’un symbole (comme le soutienne les Jésuites). L’affaire, nous dit Le Figaro, agite aujourd’hui les hautes sphères de la hiérarchie catholique. Elle n’est pas non plus étrangère à la politique française puisque l’on sait, désormais, que le nouveau président de la fille aînée de l’Eglise a été formé par les pères jésuites. Au célèbre collège de La Providence. Ce qui ne s’invente pas.

A demain

1 « En France, le nombre d’exorcismes en nette augmentation » Le Figaro (Jean-Marie Guénois) 12 juin 2016.

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