France Inter : peut-on rire de la mort d’un homme tué par un taureau sur une radio publique ? 

Bonjour

C’est la polémique de l’instant. Plus d’un millier de signalements ont été reçus par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) après la diffusion (vendredi 23 juin) sur France Inter d’une pauvre chanson se moquant de la mort d’un torero espagnol. Comme le prévoient les procédures, le CSA a ouvert l’instruction du dossier.

Soit la mort du matador basque espagnol Ivan Fandiño, 36 ans, encorné le 17 juin par un taureau lors de la corrida des Fêtes d’Aire-sur-l’Adour (Landes). Une mort suivie de la « chanson » de Frédéric Fromet, humoriste de profession, diffusée dans l’émission « humoristique » de Charline Vanhoenacker  intitulée Si tu écoutes, j’annule tout.

L’humoriste présente sa création (reprenant l’air du célèbre « Bambino ») comme « une chanson festive ». Cela donne, pendant près de trois minutes (rires gras) des choses comme celles-ci : « Tu t’es bien fait encorner, fallait pas faire le kéké », « gicle, gicle tes boyaux », « t’es parti comme une bouse ». Jusqu’à la transformation d’éléments du corps du matador en spécialités culinaires espagnoles.

Deux organisations pro-corrida, l’Union des villes taurines de France 1 et l’Observatoire national des cultures taurines ont aussitôt saisi le CSA. Pour ces deux associations « les limites admissibles de la liberté d’expression que fixe la jurisprudence ont été largement dépassées ». Elles réclament « un droit de réponse » et « des excuses publiques de la part de l’auteur ».

Dictature montante de l’outrance

Que croyez-vous qu’il arriva ? Interrogée par l’Agence France-Presse, Laurence Bloch, directrice de France Inter a défendu l’humoriste. Toutefois, en même temps, elle a exprimé « toute sa compassion » à la famille d’Ivan Fandiño. Explications directoriales  : cette chanson s’inscrit dans une émission « dont le principe est l’humour, de pratiquer l’humour noir, s’emparer de sujets d’actualité, les moquer, les dénoncer.»  Justifications sur le fond :

« Que la chanson de Frédéric Fromet puisse choquer, je le comprends tout à fait, qu’on puisse considérer qu’elle soit de mauvais goût, pourquoi pas, maintenant c’est la loi du genre, le régime de la caricature, de la parodie, de l’outrance. »

D’autres parleront de la dictature montante de la caricature, de la parodie et de l’outrance. Pour la directrice de notre radio publique son humoriste a « exprimé une fracture extrêmement sauvage entre ceux qui sont pour la corrida et les anti-corridas ». La « fracture sauvage » est-elle génératrice d’audience ?

M. Fromet, lui, estime que la corrida est une « saloperie ». Il s’est d’autre part justifié sur le fond quant à sa contribution au débat : « Je sais qu’on ne rit pas d’un mort, mais là, on a le droit ». M. Fromet a tout dit.

A demain

1 Cette association est présidée par le Dr Geneviève Darrieussecq nouvelle secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées et proche de François Bayrou, ancien Garde des Sceaux.

 

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