Bonjour
C’est une tribune signée dans Le Monde par Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Dol et Saint-Malo. C’est une tribune où certains distingueront des menaces à l’adresse de la politique à venir du président Emmanuel Macron, personnellement favorable à l’accès des femmes seules et homosexuelles à la pratique de l’insémination médicalisée avec sperme de donneur. Une tribune en phase avec les interrogations du Figaro du jour.
Au lendemain de l’avis du Comité national d’éthique sur la PMA, que nous dit le porte-parole de l’Eglise catholique que ne disent pas les intégristes de sa chapelle ? Pour l’essentiel que « face à d’inévitables passions » il est urgent de poursuivre l’apaisement de la France et de susciter une nouvelle confiance mutuelle malgré des désaccords ». Et qu’il « serait regrettable pour tout le monde que le président de la République et le gouvernement prennent rapidement des décisions qui entraînent la division en réveillant les passions ». L’archevêque de Rennes rappelle que le Comité n’a émis qu’un « avis » qui ne fait que nous « inviter à une réflexion plus approfondie et davantage partagée ». De grâce, dit-il, donnons-nous le temps de la réflexion et du débat… Soit, précisément ce que les militant(e)s de la « PMA pour toutes » ne veulent pas.
Nouvelles disjonctions
Il faut lire la prose de l’archevêque breton et ses réflexions sur les « disjonctions », la « fragmentation en phases séparées du processus qui unit procréation et filiation ». Une vieille histoire, déjà, pour Rome que les séparations entre sexualité et procréation, procréation et gestation, patrimoine génétique et filiation, la personne et ses gamètes…
Il faut lire l’archevêque qui demande ce que devient la médecine ? « A-t-elle vocation à remédier à une pathologie médicalement constatée, et à rechercher si possible comment la guérir effectivement, en accompagnant dans tous les cas les personnes ? Ou bien la médecine a-t-elle vocation à répondre à toute demande sociétale ? » Où l’on voit, une nouvelle fois, la religion s’interroger sur la thérapeutique, son essence et son champ d’action.
Est-ce à la médecine de prendre en compte « la souffrance due à l’infertilité sociale » ? Ne serait-ce pas plutôt à l’Eglise, aux religions, qui depuis des millénaires s’intéressent à la procréation ? L’archevêque estime qu’une « réflexion fondamentale sur la médecine (et son budget) mériterait d’être engagée avant que celle-ci soit insidieusement portée à s’exercer vers des demandes exponentielles de la société, sans qu’aucun critère soit élaboré pour discerner son juste exercice, autre que celui de la discrimination ». Une longue phrase qui mériterait d’être décryptée.
Rome et Jupiter
Mgr d’Ornellas regrette que le Comité national d’éthique « n’aborde pas la procréation ni la sexualité en elles-mêmes pour en saisir les véritables significations et peser toute leur portée éthique ». Il souligne le besoin collectif d’un « regard anthropologique », une mise en perspective de l’Homo technicus etde l’Homo interior, de l’utilité du faire et de la gratuité de l’être… Concernant la « PMA pour toutes » il observe que le Comité national d’éthique « tout en la constatant, ne s’interroge pas sur le fait d’instituer juridiquement une absence de père ». Puis l’archevêque de Rennes prend de la hauteur :
« Le défi écologique que pose notre sœur la Terre fait souvent surgir la question : quelle planète voulons-nous laisser à nos enfants. Pourquoi l’usage des techniques biomédicales ne serait-il pas guidé par la même question ? En réfléchissant à ces interrogations essentielles et existentielles, l’Eglise parle d’une ‘’écologie humaine’’ ». Prenons le temps de l’élaborer ensemble pour que s’édifie une France portée par une force éthique qui refuse toutes les ‘’violences’’ faites aux personnes et au tissu familial, qui dise haut et fort la dignité de l’être humain sexué, lequel commence toujours par être un enfant à respecter. »
Hypersensible à la mystique de la politique et, en même temps, revendiquant son statut jupitérien, le président Macron entendra-t-il le porte-parole de l’Eglise de France et, en même temps, de Rome ?
A demain