Bonjour
Après la mort, la masse des éloges officiels étouffe parfois des éléments essentiels. Ainsi Simone Veil. A la suite de notre rappel-vidéo des réflexions sur la lutte contre le tabac de celle qui, en 1975, était ministre de la Santé nous avons reçu une remarque (un tantinet) vinaigrée signée du Dr Anne Borgne, membre de SOS Addictions et présidente du Réseau des établissements de santé pour la prévention des addictions (Respadd) sur le fléau du tabac. « Je suis assez étonnée, écrit-elle, que personne ne cite la loi Veil imposant, en 1976, l’interdiction de fumer dans les lieux publics; loi qui a fait le lit de la loi Evin, puis du décret Bertrand qui nous amène à l’énorme avancée de la régulation de l’usage du tabac aujourd’hui. »
Dont acte. Et mea maxima culpa. De fait la « Loi n° 76-616 du 9 juillet 1976 relative à la lutte contre le tabagisme » constitue le premier pas en faveur de la lutte contre le tabagisme en France. La mémoire officielle sur internet n’en garde qu’un fac-similé incomplet.
« Abus dangereux »
« Cette loi instaure une réglementation de la promotion des produits du tabac, désormais limitée à la seule presse écrite, et impose la mention de l’avertissement sanitaire ‘’abus dangereux’’ sur les emballages, rappelle le CNCT. Elle prévoit également l’instauration obligatoire d’interventions informatives sur le tabac et ses dangers dans les établissements scolaires et auprès de l’armée. Enfin, elle interdit le parrainage de manifestations sportives par les cigarettiers et l’usage de tabac « ‘’dans les lieux affectés à un usage collectif où cette pratique peut avoir des conséquences dangereuses pour la santé ‘’».
On connaît la suite, qui conduira à la loi Evin du 10 janvier1991 : il aura fallu pas moins de quinze ans pour que le politique ait le courage de s’attaquer à nouveau au sujet. Puis attendre seize ans pour que le « décret Bertrand » (applicable depuis le 1er février 2007) étende l’interdiction de fumer dans les lieux à usage collectif. C’était il y a dix ans, soit deux quinquennats. Et depuis, quid de l’action politique ? Des mots certes ; mais rien, ou presque. « Pour tout ce qu’elle a aussi fait, vécu, bravo Madame Veil » conclut le Dr Anne Borgne.
A demain