Bonjour
Ce sera la polémique de l’été. Puis celle de l’automne – sans parler des saisons qui suivront. Comment l’exécutif parviendra-t-il (sans mal) à mettre en musique sa décision concernant les nouvelles onze obligations vaccinales ? Le Premier ministre Edouard Philippe II s’expliquera-t-il sur le sujet ? Pour l’heure l’homme est étrangement en tournée de promotion pour vendre un nouveau livre 1 – damant ainsi le pion médiatique à Emmanuel Macron. Et puis soudain, dans le vieux Libé, en ce lundi de tempête et sur le front vaccinal, une peu banale tribune parentale 2 : « Vaccins obligatoires, un geste politique autoritariste au profit des laboratoires ».
Une tribune en forme de lettre ouverte adressée à Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé. Où l’on retrouve toutes les trois principales têtes de chapitre d’une affaire multiforme et grossissante. Et des signataires qui qualifient de « scandale » les prochaines onze obligations vaccinales.
1 L’accusation réfutée d’être « sous-informés »
« Non, nous ne sommes ni inconscients ni mal informés. Non, il ne suffira pas de faire auprès de nous de la «pédagogie». Car nous savons que les vaccins ont permis de faire disparaître des épidémies invalidantes, voire mortelles. Nous sommes convaincus de l’importance de faire vacciner massivement les populations. Nous savons aussi que si une part significative de la population cesse de se faire vacciner, des épidémies, jusqu’ici disparues, referont surface.
« Ce n’est donc pas par ignorance que nous sommes en France des millions de parents, de médecins et de professionnels à nous opposer à votre projet d’élargir l’obligation vaccinale chez les nourrissons et les jeunes enfants de trois à onze – c’est-à-dire à l’ensemble des vaccins recommandés en 2017. »
2 La contestation du discours mandarinal.
« Non, la ‘’méfiance’’ des Français (médecins généralistes compris) n’est pas le fruit de la ‘’désinformation’’ comme l’explique, avec condescendance, le Pr Alain Fischer, président de la Concertation citoyenne sur la vaccination mise en place en 2016 par l’ex-ministre de la Santé. Elle est liée à un soupçon grandissant – et loin d’être seulement français – quant à l’ampleur des effets indésirables liés aux nouveaux vaccins plurivalents, du fait des adjuvants entrant dans leur composition.
« Et ce soupçon est nourri par l’inertie des pouvoirs publics, qui se refusent de façon incompréhensible à y répondre par une pharmacovigilance accrue, relayée par des recherches indépendantes de tout intérêt industriel, ainsi que par l’application d’un principe de précaution pour le moins justifié par le climat de méfiance généralisée. »
« Le 29 juin, dans les colonnes du Parisien, 200 grands médecins prenaient collectivement la parole pour soutenir la ministre de la Santé dans son projet. Ils parlaient à son propos de ‘’courage politique’’ ! Mais quel courage y a-t-il à user de la force pour contraindre le peuple sans lui accorder les lumières ? Le vrai courage ne consisterait-il pas plutôt à poser des limites à un pouvoir industriel et financier, qui agit et s’exprime en toute impunité ? »
3 Le cadeau fait à quelques multinationales pharmaceutiques
« Mettre des limites aux grandes firmes pharmaceutiques serait-il devenu impossible ? Sinon, comment expliquer qu’une ministre de la Santé préfère rendre obligatoires les vaccins commercialisés par lesdites firmes plutôt que de leur imposer de commercialiser ceux qui sont obligatoires (le vaccin DTPolio, indisponible depuis 2008) ? Comment expliquer qu’elle se refuse à leur demander de réétudier la composition de ceux soupçonnés de présenter des risques pour la santé humaine ?
« La dépendance des pouvoirs publics envers les intérêts macroéconomiques est-elle si forte qu’au projet politique légitime d’une pharmacovigilance accrue et rigoureuse ainsi que d’une recherche de pointe sur les effets des nouveaux vaccins, il faille préférer le mépris et l’abandon des victimes de maladies d’origine vaccinale, et la mise à l’écart des quelques chercheurs courageux qui osent poursuivre la voie que leur indique la science ? »
Seconde citoyenne
Au final, comment conclure cette supplique sur papier et sur site ? En exhortant la ministre à faire preuve du « véritable courage politique » ; un courage qui ne consiste pas à « mépriser les voix citoyennes exprimant leur méfiance envers certaines formes de ces produits évidemment essentiels que sont les vaccins ». Où l’on perçoit l’hétérogénéité de la supplique. Où l’on perçoit, aussi, ce que peut être le profond embarras du politique. Et où l’on revient à la clef de voûte du dispositif désormais affiché par Edouard Philippe II : les modalités de la clause d’exemption : que réserve l’exécutif aux parents rétifs aux immunisations systématiques ?
Quand elle en aura fini avec son « Des hommes qui lisent » dédicacé par le Premier ministre, la ministre des Solidarités et de la Santé aura-t-elle une petite seconde citoyenne pour jeter un œil sur Libé ?
A demain
1 Message de France Culture : « Le Premier ministre Edouard Philippe sera en exclusivité dans les Matins d’été produits par Lucas Menget mardi 11 juillet de 8h20 à 8h40 pour la sortie de son livre Des hommes qui lisent (éditions JC Lattès) » (…) Edouard Philippe est Premier ministre. Il a été député et maire du Havre. Il est l’auteur de deux romans écrits avec Gilles Boyer : L’heure de vérité et Dans l’ombre. Interview à suivre en facebook live www.facebook.com/franceculture. Entretien à réécouter et podcaster sur franceculture.fr »
2 Cette tribune est signée de Mmes et Mrs Séverine et Christophe Angebault-Rousset, Miguel Benasayag, François Cam, Bastien Cany, Angélique Del Rey, Géraldine Gaudefroy-Demomby.
Bonjour,
Bien que n’étant pas adepte de théorie du complot je m’interroge sur le fait que le Pr Alain Fischer qui a reçu le prix de Sanofi, ait pu être désigné comme responsable en chef de la concertation citoyenne concernant la vaccination lancée en janvier 2016 par Marisol Touraine.
Il semble pourtant évident que cette commission, vu l’importance des enjeux en terme de santé publique soit garante de toute ingérence extérieure par les acteurs du secteur que sont les fabricants des vaccins.
Concernant le Pr Fischer, il eut été plus éthique de sa part de refuser ce rôle pour éviter de soulever tout doute quant à une collusion possible entre des membres de la commission et sanofi, pour ne citer que celui là.
Bien cordialement,
JL Gerö
Soyons précis : prix Sanofi et Institut Pasteur (recherche industrielle et recherche fondamentale), donc pas que Big Pharma. Mais bon, libre aux « parents-citoyens » de tout remettre en cause, y compris la recherche fondamentale (omniscience du « parent citoyen » vs confiance du « parent non-citoyen » -qui est ce dernier d’ailleurs) et de mettre de l’affectif partout (mépris à l’égard des mêmes parents-citoyens !!!), pourquoi pas ?
Je suis d’accord avec vous concernant cette part d’affect qui par essence n’est pas rationnelle. Je ne remets pas en cause votre travail de chercheuse, je suis simplement en alerte comme beaucoup et de façon objective, concernant cette modification importante dans la réglementation de la santé publique, qui ne tient pas compte d’un doute sérieux quant à l’usage de l’aluminium , et celui non moins polémique du vaccin contre l’hépatite B. Croyez-vous sincèrement que c’est » mettre de l’affect partout » pour des parents qui ont un doute sur l’innocuité d’une vaccination, doute dit raisonnable, nourrit par de nombreux articles de presse et par un certain nombre de médecins. Si vous avez des enfants en bas âge, leur administrerez-vous ce nouveau cocktail de 11 vaccins?
Soyons précis certes, mais aussi vigilants, nous comme vous, pour qu’un autre scandale de santé ne survienne un jour.