Vapotage : Agnès Buzyn attend qu’on lui démontre qu’il peut être utile pour la santé publique

Bonjour

Pouvoir politique, santé publique et cigarette électronique. Voilà une petite vidéo qui en dit assez long. Olivier Véran y interroge Agnès Buzyn, ministre de la Santé, un poste qu’aurait pu occuper le premier. Faute d’avoir eu cette promotion il est aujourd’hui député (Isère) du parti du président. Olivier Véran et Agnès Buzyn ont, tous les deux, été des médecins hospitaliers.

« J’interrogeais hier en Commission des Affaires Sociales la Ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, sur la place du vapotage dans la lutte contre le tabagisme et sur les régimes structurels à expérimenter dans les territoires pour financer les soins au parcours, en stimulant et en accompagnant les professionnels de santé dans leurs prises d’initiative » nous précise Olivier Véran.

Restons sur le vapotage. « Je voulais connaître, madame la Ministre, votre position personnelle sur la place du vapotage comme outil de lutte contre le tabagisme. Les dernières directives, quand elles ont été transposées en France, ont créé de l’émoi dans la communauté, très active, des vapoteurs qui craignent un retour en force de l’industrie du tabac dans ce secteur particulier qui est un outil de sevrage tabagique efficace. »

« Je ne me suis pas battue »

Que répond la ministre ? Que, spécialiste de cancérologie, elle a eu, sur le vapotage, des avis qui ont évolué au cours du temps. Qu’elle est « rarement dogmatique » et qu’elle fonde ses avis sur des « analyses de la littérature ». « Il fut un temps, dit-elle encore, où des études montraient que le vapotage réduisait le nombre de cigarettes fumées mais ne permettait pas l’arrêt du tabac. Or, en cancérologie, ce qui compte dans le tabagisme, c’est d’arrêter de fumer ; car c’est la longueur du tabagisme plus que le nombre de cigarettes fumées. Donc le vapotage n’apportait absolument pas le bénéfice que l’on souhaitait (…). Donc je ne me suis pas du tout battue pour que le vapotage soit favorisé. On avait, en plus, un certain nombre de doutes quant à la qualité des produits utilisés. »

C’était avant. Et maintenant ? « Moi, je suis la littérature scientifique. Si on me démontre maintenant que le vapotage est utile, je changerai éventuellement la façon dont il est encadré en France. En fait je n’ai pas d’avis personnel sur le sujet. »

Un appel du pied

A ce stade on peut, comme toujours désespérer du politique ; ou s’indigner que la ministre de la Santé ne soit pas pro-active, qu’elle ne réclame pas (à l’Inserm, par exemple) de mener au plus vite les études qui établiraient ce qu’il en est de ce formidable levier contre la « principale cause de mortalité évitable ». Ne pas comprendre qu’elle ne s’inspire pas du modèle britannique…

Mais on peut aussi observer le principal progrès : après le long aveuglement mutique de Marisol Touraine voici une ministre qui entrouvre la porte à un possible changement. Comme une promesse de mea culpa politique de l’exécutif.

Résumons: faute d’user des pouvoirs médicaux et scientifiques qui sont désormais les siens Agnès Buzyn attend qu’on lui apporte des preuves de l’intérêt du vapotage en termes de réduction du tabagisme et de progrès pour la santé publique. On peut imaginer que cet appel du pied ne sera ignoré ni de la communauté, très active, des vapoteurs ni de celle, également dynamique et éclairée des spécialistes de la lutte contre les addictions et pour la réduction des risques. On pourrait aussi espérer que le député Véran, bien au fait su sujet, suive au plus près l’évolution de ce dossier.

A demain

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