Bonjour
Etrange pays que la France où l’exécution d’un roi n’interdit pas, deux siècles plus tard, la persistance des réflexes-écrouelles. Ainsi, aujourd’hui, cette supplique rhumatologique. Elle émane conjointement de l’Association de lutte antirhumatismale (AFLAR) 1 et du Collège français des médecins rhumatologues. C’est une adresse à Jupiter concernant le genou humain. Une lettre ouverte pour que le président de la République française, d’un geste, annule le déremboursement programmé des injections d’acide hyaluronique dans l’arthrose du genou.
C’est là, déjà, une déjà vieille affaire, une controverse qui remonte au quinquennat hollandais – une prière que n’avait pas voulu entendre Marisol Touraine qui, on s’en souvient, exerça les fonctions de ministre de la Santé de 2012 à 2017. Elle rebondit aujourd’hui comme en témoigne Le Quotidien du Médecin.
L’équation est aussi simple qu’est compliquée l’articulation concernée. Depuis le 1er juin dernier, les acides hyaluroniques injectables dans l’arthrose du genou étaient déremboursés (arrêté publié au Journal Officiel du 28 mars 2017) – et ce au motif (assez infamant) d’« insuffisance de service rendu ».
Quelques exceptions, toutefois : le Hyalgan (remboursé à 15% quand il l’était, hier, à 65 %), (Ostenil et Arthrum). « Pour ces deux derniers l’arrêté a été stoppé du fait d’un recours réalisé par les laboratoires auprès du Conseil d’État, qui a statué sur la forme et va statuer sur le fond », a expliqué le Dr Laurent Grange, président de l’AFLAR, au Quotidien du Médecin. Mais tous les autres sont déremboursés depuis le 1er juin.
150 euros par genou et par injection
« Fin juillet, début août, le laboratoire Expansciences qui fabrique Hyalgan a reçu un courrier lui signalant le déremboursement total imminent du médicament, précise le Dr Grange. Et si le médicament est lui aussi déremboursé, les recours auprès du Conseil d’État tombent. Pour la première fois, rhumatologues et patients s’unissent pour appeler à l’annulation de ce déremboursement. Ces injections aident certains patients, et une injection (par genou) revient à 150 euros, ce qui va occasionner une augmentation du reste à charge, d’autant plus que les mutuelles ne remboursent pas – contrairement à celles d’autres pays européens. »
Nous sommes loin ici, on le voit, de la réduction controversée des cinq euros par mois de l’aide au logement des pauvres et des étudiants. Les auteurs de la supplique insistent sur les conséquences du déremboursement : « Priver les patients les plus défavorisés d’accéder aux soins (…) et reporter les prescriptions vers des traitements plus dangereux, plus coûteux pour l’assurance maladie et pas plus efficaces. »
Le hasard, l’ironie ou la fatalité veulent que les victimes du déremboursement s’adressent à un président de la République qui a fait, sinon de la génuflexion du moins de la mobilité accélérée sur ses deux jambes, à la fois son credo et sa dynamique politique. Emmanuel Macron, dans sa sagesse jupitérienne, fera-t-il un geste en faveur de celles et ceux que soulage l’acide hyaluronique ?
A demain
1 L’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR) invite d’autre part toutes les personnes concernées par l’arthrose, les patients et leurs proches, à rejoindre la mobilisation pour dire « Non au déremboursement des traitements de l’arthrose » décidé par le gouvernement. Ce déremboursement concerne les AASAL – Anti-Arthrosiques Symptomatiques d’Action Lente – et les visco-supplémentations par acide hyaluronique. Plus de 180 000 signatures ont déjà été obtenues, l’AFLAR dit espérer en obtenir au moins 250 000.
FAut il éviter de donner dans l’anecdote based medicine ?
QUI le dira ?
Un pays en faillite ne doit-il pas faire attention à ses écus ?
QUe disent les études sur l’acide hyaluronique ?
Ce que rapporte Prescrire c’est que « deux méta-analyses d’essais randomisés »
montrent « au mieux un soulagement modeste au prix de réactions locales gênantes et d’autres effets indésirables parfois graves, telles des pertes d’autonomie et des hospitalisations ».
Une méta-analyse publiée fin 2015 uniquement sur les essais en double aveugle acide
hyaluronique versus placebo a confirmé l’absence de preuves d’efficacité.
L’Association Française de Lutte Anti-Rhumatismale (AFLAR): qui dira qui la finance ?
Timeo pharmakos et dona ferentes.