Bonjour
Après Nicolas Demorand, Patrick Cohen. 20 juillet 2017 : sur Europe 1 Agnès Buzyn a révélé de quelle manière le paquet français de cigarettes allait progressivement passer à 10 euros. Un bien étrange calendrier. Aucune hausse brutale d’entrée, comme la ministre de la Santé en avait pourtant émis le souhait, mais une série de six petits paliers pour, poussivement, tenir une promesse jupitérienne. « Les arbitrages ont été rendus. Nous allons dès la fin de l’année harmoniser le prix des paquets de tabac, et notamment les plus faibles, en augmentant en moyenne de 35 centimes d’ici la fin de l’année pour aboutir à des paquets 7,10 euros » a expliqué Mme Buzyn. Une fois « l’harmonisation » réalisée il y aura une hausse d’un euro en mars prochain ; puis deux hausses de 50 centimes d’euro en avril et en novembre 2019, une nouvelle hausse de 50 centimes d’euro en avril 2020 et de 40 centimes en novembre 2020. Soit, alors, une paquet à 10 euros.
Pourquoi cette hausse graduelle très étales par paliers plutôt que le choc attendu de la hausse brutale ? Agnès Buzyn délivre ici un étrange argumentaire, a expliqué vouloir se mettre à la place des fumeurs. « C’est une hausse en trois ans, ce qui était mon souhait, assure-t-elle aujourd’hui. Ça permet aux gens de se préparer et de trouver les moyens d’arrêter de fumer. C’est un calendrier qui permet à chacun de se mettre dans la perspective de l’arrêt. »
Toujours rien sur la cigarette électronique
Etrange emballage politique. Des spécialistes soutiendront, sans difficulté, une argumentation contraire : cette annonce de la progressivité des prix n’aidera en rien les personnes dépendantes du tabac mais (à la différence d’un choc massif d’entrée) leur fournira les moyens de s’adapter et de ne pas briser leur addiction. Trouver les moyens d’arrêter ? On ne peut qu’être amèrement déçu, ici, de l’absence de toute mesure concernant l’amélioration de la prise en charge financière des substituts nicotiniques et le soutien à l’usage de la cigarette électronique comme outil d’arrêt du tabac. Une nouvelle fois, comme dans l’ancien monde, pas de vision politique de réduction des risques.
Ce n’est pas tout: sur son flanc droit le gouvernement doit d’autre part d’ores et déjà compter avec l’ire des buralistes qui dénoncent l’absence de toute mesure contre l’existence et le développement annoncé des circuits et marchés parallèles. Première manifestation annoncée pour le 4 octobre.
A demain