Bonjour
Il fallait, mardi 3 octobre, avoir le courage d’assister, sur Arte, au « documentaire » sur l’un des blocs opératoires de l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) pour prendre la mesure de l’indicible télévisé. Officiellement il s’agissait de raconter les conditions de travail des soignants, infirmières et médecins, anesthésistes et chirurgiens. Officiellement, toujours, le réalisateur Jérôme Le Maire aurait passé « deux ans » dans cette unité chirurgicale, dont douze mois sans filmer pour « se familiariser avec le personnel ». Deux ans pour nous dire quoi ?
Comment capter l’attention des médias ? « D’une intervention qui voit fuser les noms d’oiseaux à des réunions de crise où se déversent des doléances concurrentes, Jérôme Le Maire capte un mal-être général qui, des aides-soignantes aux chirurgiens, « déborde, déborde, déborde », comme le planning que les gestionnaires du service n’ont de cesse de vouloir « optimiser » », indique le synopsis du film.
Le réalisateur focalise sur l’épuisement professionnel des équipes, sur l’augmentation continue de la charge de travail et sur tout ce qui en résulte. On perçoit, ici ou là, les dégâts engendrés par l’effondrement d’un système mandarinal au profit d’une priorité comptable sans queue ni tête. Ce portrait d’un hôpital « au bord de la crise de nerfs » est inspiré du livre de Pascal Chabot, « Global burn-out », précise Le Quotidien du Médecin. Très bien. Tenter de percevoir la réalité – ne pas céder à la caricature télévisée.
Soigner dans l’ancienne cité de Calvin
Il fallait, mercredi 4 octobre, avoir la chance de recevoir une information de Genève pour saisir tout ce que peut offrir un établissement hospitalier. On y apprend qu’il existe depuis un an, au sein des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) une « consultation pour étudiants ». Elle s’adresse à tous les étudiants suisses et étrangers de l’Université de Genève UNIGE, de la Haute Ecole spécialisée de Suisse Occidentale HES-SO et de l’Institut des Hautes Etudes Internationales et de Développement IHEID. Soit une communauté de 18.000 personnes. La majorité de ceux qui s’adressent à la consultation n’a pas de médecin traitant ou n’a pas accès à son médecin de premier recours. La consultation reçoit des personnes anglophones pour la plupart, de sexe féminin, de niveau Master, âgées entre 19 et 29 ans. Cette consultation offre une prise en charge globale débouchant, le cas échéant, sur des consultations spécialisées.
« La consultation pour étudiants a pour mission principale d’assurer une médecine préventive et curative, ainsi qu’une éducation à la santé, précisent les HUG. Elle répond à des demandes spécifiques telles que bilans de santé, vaccins, suivi d’un asthme, inquiétude sur un signe physique, pertes de poids, fièvre, infections et certificats de santé. A cela s’ajoutent des demandes typiques des jeunes adultes telles que gestion du stress de l’étudiant, troubles du sommeil ou de la concentration, prise de produits, troubles du comportement alimentaire, pathologies psychiques, allergies, suivi gynécologique ou infections sexuellement transmissibles. »
Les soignants genevois s’adressent à ceux qui arrivent à Genève et qui ne connaissent pas le système de santé suisse ou ne parlent pas français. De nombreux étudiants consultent alors qu’ils sont démédicalisés et n’ont pas vu de médecin depuis leur dernière visite chez le pédiatre. Les prises de rendez-vous se font en ligne sur hug.plus/consultationetudiants. Combien ? Les consultations sont facturées selon le tarif uniforme appliqué en Suisse pour le remboursement des prestations ambulatoires tant dans les cabinets médicaux que dans les hôpitaux.
Ne pas caricaturer, certes. Pour autant voilà bien, mandé depuis l’ancienne cité de Calvin, un beau sujet de réflexion pour la direction générale de l’AP-HP – sans parler de l’ensemble des services burn-outés des établissements hospitalo-universitaires français.
A demain