Bonjour
Violences et agressions sexuelles cinématographiques outre-Atlantique. Justice en deçà. Sans oublier de nouvelles promesses présidentielles et un futur avant-projet de loi dévoilé dans La Croix par la secrétaire d’Etat ad hoc. Et le hashtag #balancetonporc qui fait fureur et frémir.
Et puis la justice, à son rythme, entre Nancy et Metz. Accusé : un pharmacien-biologiste. La première plainte à son encontre avait été déposée en décembre 2005 par une infirmière exerçant dans une maternité. Lors d’un prélèvement gynécologique dans son laboratoire, il avait palpé son pubis, introduit un doigt dans ses parties génitales, et tenu des propos déplacés, lui narrant notamment des détails sur sa vie sexuelle. Un grand classique du genre. Des faits très proches de ceux relatés ensuite par d’autres femmes, parties civiles.
« Dans une nasse »
Dix ans après la première plainte l’affaire était arrivée devant la cour d’assises de Meurthe-et-Moselle. On peut lire ici le compte-rendu d’audience de 2015 de L’Est Républicain (Christophe Gobin) : « Viols : 7 ans contre le biologiste de Jarville ».
« Un poisson coincé dans une nasse. Il a beau se débattre encore et encore. Rien n’y fait. Le biologiste de Jarville n’arrive pas à échapper aux questions de la présidente. Dans le box de la cour d’assises de Nancy, cet homme de 56 ans écarte les bras, fait des grands gestes et donne de la voix. Il multiplie les dénégations. Il se défend pied à pied. Viols après viols. La Justice lui reproche d’avoir abusé de cinq patientes lors de prélèvements dans son laboratoire. Pour l’une, le praticien parle carrément ‘’d’affabulations’’. Pour les quatre autres, il soutient : « ‘’J’ai fait mon travail comme je le fais habituellement’’. Ses gestes, purement médicaux selon lui, auraient été mal interprétés par les victimes. »
« Le biologiste de Jarville concède, quand même, des propos ‘’déplacés’’ à l’encontre d’une de ses patientes, une jeune infirmière. Il lui a dit qu’elle avait de « belles fesses » et a demandé à voir ses seins en fin d’examen. Lors de sa garde à vue, le praticien avait avoué être allé beaucoup plus loin. Il avait reconnu avoir ‘’dérapé’’ et commis un viol (…). Pas d’excuses de l’accusé. Et pas de pitié de la part des victimes. L’avocat général requiert 7 ans de prison et l’interdiction d’exercer sa profession. Me Sandrine Aubry puis Me François Robinet reprennent un par un les cinq dossiers et plaident l’acquittement. « Vous voulez broyer ce qui reste d’espoir à cet homme en le condamnant ? » conclut Me Robinet. Verdict : 7 ans de prison et interdiction d’exercer.
Nouveaux viols
Deux ans plus tard le pharmacien-biologiste a été condamné en appel à Metz à une peine de 6 ans de prison. Cet homme aujourd’hui âgé de 58 ans avait eu, selon la présidente de la cour d’assise de Moselle, des « actes au-delà de la pratique scientifique ».
Et ont été confirmées en appel la condamnation à ne plus exercer sa profession et à être inscrit au fichier automatisé des auteurs d’infractions sexuelles. Ses nouvelles dénégations avaient, selon la procureure de la République, été vécues par ses victimes « comme un nouveau viol ». La procureure avait requis à nouveau sept années de prison, ne pouvant demander plus en raison d’une erreur du parquet général de Nancy, dont l’appel avait été annulé en cassation.
A demain