Bonjour
Les statistiques décrivent-elles la réalité ? Peuvent-elles peser sur elle ? Le dernier numéro du Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) consent à se pencher sur la cigarette électronique 1. Et parvient à ne pas répondre à une question sanitaire essentielle : la e-cigarette est-elle un outil efficace pour l’arrêt du tabac ?
« La réponse à cette question reste à ce jour controversée : d’un côté, les deux essais contrôlés randomisés publiés à ce jour montrent que la e-cigarette peut être efficace pour aider à l’arrêt du tabac, de l’autre, des études de cohorte en population générale sont plus réservées quant à son efficacité, résume Anne Pasquereau (Santé Publique France), première auteure. Dans ce contexte, cette étude est la première à apporter des résultats sur le rôle de la e-cigarette parmi les fumeurs Français. Notre objectif était d’évaluer si l’utilisation régulière d’e-cigarette parmi les fumeurs quotidiens était associée 6 mois plus tard à l’arrêt du tabac. »
L’étude publiée dans le BEH est, modestement, une étude observationnelle (devenir des fumeurs en conditions réelles) et non pas stricto sensu une étude d’efficacité. Les auteurs ont interrogé à six mois d’intervalle (en septembre 2014 et mars 2015) 2 057 fumeurs âgés de 15 à 85 ans, représentatifs des fumeurs français selon la méthode des quotas. Les fumeurs qui vapotaient régulièrement – 252 « vapo-fumeurs » (sic)- ont été comparés aux 1805 fumeurs exclusifs. Les profils socio-économiques et les caractéristiques de consommation de tabac des fumeurs ont été pris en compte dans les analyses statistiques.
Réduire sans arrêter
Voici les trois principaux constats :
. Les vapo-fumeurs sont plus nombreux que les fumeurs exclusifs à avoir réduit de moitié ou plus leur consommation quotidienne de cigarettes : 26 % versus 11 %.
. Les vapo-fumeurs sont plus nombreux que les fumeurs exclusifs à avoir tenté d’arrêter de fumer au moins 7 jours au cours du dernier mois : 23 % versus 11 %.
. Concernant l’arrêt du tabac d’au moins 7 jours à 6 mois, il n’y avait pas de différence significative entre vapo-fumeurs et fumeurs exclusifs.
Conclusions des auteurs : « Parmi les fumeurs, ceux qui utilisaient régulièrement une e-cigarette ont plus souvent essayé d’arrêter de fumer et réduit leur consommation de cigarettes au suivi à 6 mois. L’efficacité de l’e-cigarette pour arrêter de fumer reste en débat ». Conclusion de 20 minutes : « Le vapotage permet de réduire sa consommation de cigarettes, mais pas d’arrêter de fumer ».
E-cigarette gratuite
Anne Pasquereau est prudente : « Comme toute étude scientifique, celle-ci comporte aussi des limites qu’il convient de rappeler : la durée du suivi est relativement courte, l’échantillon de vapo-fumeurs est de taille modeste. Enfin le fait d’être devenu vapo-fumeur peut refléter une volonté initiale de cesser de fumer qui se traduit in fine par des tentatives d’arrêt plus fréquentes ». Et elle ajoute ceci :
« Cette étude porte sur des fumeurs de la population générale suivis en conditions réelles. Un contexte différent des essais cliniques où les fumeurs sont suivis de près et où la e-cigarette est fournie gratuitement et peut être perçue comme l’outil qui va enfin permettre d’arrêter de fumer, ce qui peut influencer le comportement des fumeurs. »
Qu’attend Santé Publique France pour fournir gratuitement les cigarettes électroniques dans des essais cliniques qui permettraient, enfin, de sortir des insupportables impasses actuelles ? Et d’en finir avec cette antienne qui, une nouvelle fois, signe l’impuissance coupables de nos autorités sanitaires :
« Santé publique France continuera à suivre l’évolution de l’usage d’e-cigarette en France via ses enquêtes Baromètres santé. Ces données et celles du domaine de la recherche permettront d’avancer dans la réflexion sur la place de la e-cigarette dans le sevrage tabagique. »
A demain
1 « CIGARETTES ÉLECTRONIQUES, TENTATIVES D’ARRÊT ET ARRÊT DU TABAC : SUIVI À 6 MOIS » Anne Pasquereau (anne.pasquereau@santepubliquefrance.fr), Romain Guignard, Raphaël Andler, Viêt Nguyen-Thanh Santé publique France, Saint-Maurice, France
* Adapté de : Pasquereau A, Guignard R, Andler R, Nguyen-Than V. Electronic cigarettes, quit attempts and smoking cessation: a 6-month follow-up. Addiction. 2017;112(9):1620-8.
Il s’agit tout de même de remarquer que cette étude comporte au moins trois biais (pour ‘euphémiser’ mon propos):
1/ les fumeurs ayant arrêté de fumer avec le vapotage dans le premier mois après le début du suivi ont été exclus de la recherche ! Dans d’autres études similaires, ce sont de 70% à 80% des arrêts réussis à l’aide du vapotage qui se passent dans les 4 premières semaines…
2/ Entre le début et la fin du suivi près de la moitié des participants ont été perdus de vue. Or pour les auteurs ont réintégré ce millier de perdus de vue comme échecs dans les résultats finaux. En réalité, on ne sait pas ce qui s’est passé pour eux. Cela a pour effet de mécaniquement réduire de moitié le ratio de chance (OR) de réussite relatif
3/ les fumeurs ayant arrêté avec le vapotage entre les deux repères temporels ont été assimilés à ceux qui avaient arrêtés sans vapotage ! Ce sont environ 15% des arrêts.
Avec d’autres choix de traitements des données, les résultats seraient probablement plus intéressants sur la capacité du vapotage à accompagner l’arrêt du tabagisme.
Philippe Poirson
Donc il y a 3 ans fin 2014… apparemment Santé Publique France ne se sent pas très concernée par la fraîcheur de la science dans un domaine où quasiment plus personne n’utilise le même matériel.
« Concernant l’arrêt du tabac d’au moins 7 jours à 6 mois, il n’y avait pas de différence significative entre vapo-fumeurs et fumeurs exclusifs. » Anne Pasquereau, auteur de « l’étude ».
Les fumeurs qui sont devenus vapoteurs avant ou pendant les 6 mois ont été 1,74x plus nombreux à arrêter de fumer (selon la mesure d’arrêt discutable d’une étude si courte). Bien étrange vision de « pas significatif », ou bien étrange arrangement des chiffres pour arriver à cette conclusion malgré les chiffres effectifs.
Donc il y a 3 ans, c’est à dire il y a 1,1 million d’ex-fumeurs nouveaux ayant été vapoteurs réguliers selon l’Eurobaromètre 2017 (~10% de tous les ex-fumeurs, ~50% des arrêts ≥1 an du tabac depuis que les produits du vapotage sont largement commercialisés. Auraient-ils arrêté sans le vapotage ? Combien auraient arrêté avec une affirmation claire de son intérêt comme au Royaume Unis ? Combien n’auraient simplement pas commencé à fumer s’il ne leur était pas interdit d’acheter des produits du vapotage depuis… 2014).
Ou quand une publication « scientifique » est plus proche de la propagande pour des mesures sous influence que de la science.
Une étude menée par le Roswell Park Cancer Institute situé à Buffalo, dans l’Etat de New York, vient de démontrer l’efficacité de la cigarette électronique. Ces recherches prouvent en effet qu’un passage d’une semaine de la cigarette traditionnelle à la vape permet de réduire de moitié l’exposition à des produits toxiques.
Il faut donner toutes les infos si vous souhaitez être crédible Isn’t it !!!
N’oubliez pas, et au delà des polémiques, que le BEH est au service des politiques publiques et écrit les rapports qu’on lui dit d’écrire : vaccins, cancer du sein, et cetera.