Bonjour
On garde encore en mémoire l’alerte nocturne de Bercy et de la Santé : des bébés avaient été contaminés par des laits de Lactalis, géant laitier français. Où en sommes-nous deux jours plus tard ? « Nous avons reçu 14 000 appels dimanche, avec un pic à 2 500 appels par heure. Lundi, le rythme était encore de 300 appels à l’heure », explique Michel Nalet, porte-parole de Lactalis.
Dans la nuit dominicale le mystère demeurait. On sait aujourd’hui que la contamination par Salmonella sérotype agona s’est produite au sein de l’usine de Craon (Mayenne). Certains se souviennent aussi qu’en 2005 la même usine de transformation avait été au cœur d’une contamination. « L’Etat avait décidé de retirer des laits infantiles de la marque Picot et d’autres laits fabriqués sur ce site, rappelle Le Monde (Laurence Girard). Lors de cette alerte à la salmonelle, 123 nourrissons avaient été contaminés. Mais l’usine de Craon n’appartenait pas alors à Lactalis. Elle était détenue par le groupe Celia. Une société familiale reprise par Lactalis en 2006 qui s’emparait ainsi du fromage ‘’Chaussée aux moines’’ et faisait son entrée sur le marché des laits infantiles. »
Douze ans plus tard ce sont douze lots de lait 1er âge (marques Picot, Pepti Junior et Milumel) qui sont retirés en urgence du marché français. Dans leurs mailles les épidémiologistes venaient d’identifier la contamination par une même souche bactérienne de vingt bébés âgés de moins de six mois – vingt bébés dont treize avaient consommé du lait infantile fabriqué par l’usine Lactalis- Craon. Utilisables jusqu’en 2018 les laits retirés de la vente étaient contenus dans 199 000 boîtes.
Coïncidence et/ou fatalité
Pourquoi une telle faille ? Lactalis procède en routine à deux types d’auto-contrôle. D’abord dans la « tour de séchage » où le lait est transformé en poudre. Puis au sein des procédures de conditionnement. « Mais il n’explique pas quel pourcentage de la production est analysé. Il donne un chiffre global d’analyses, soit 5 000 depuis le début de l’année. Et affirme qu’elles ont toutes été négatives à la présence de salmonelles, nous dit Le Monde. Le porte-parole de l’entreprise reconnaît que deux analyses faites dans l’environnement de l’usine ont été positives. L’une en juillet sur un outil de nettoyage, l’autre en novembre sur du carrelage. Deux dates qui correspondent aux butées fixées par les autorités de santé dans leur décision de retrait de produits. Les services sanitaires, de même que Lactalis, procèdent actuellement à des analyses complémentaires sur les boîtes de lait encore en stock et sur les lots renvoyés par les pharmacies et la grande distribution. »
Coïncidence ou fatalité Lactalis a été confrontée à une autre procédure de rappel d’urgence. C’était à la mi-octobre : des yaourts « La Laitière » fabriqués par Lactalis Nestlé Produits Frais, la coentreprise des groupes agroalimentaires Nestlé et Lactalis. Il s’agissait, comme l’expliquait Ouest France, de « risque de morceaux de verre ». Bris de verre et pot au lait … Le pire dans le registre du symbolique.
Le rappel visait un lot de yaourts « nature sucré sur lit de pêches », vendus depuis le 30 septembre avec pour date limite de consommation le 26 octobre, précisait l’entreprise (code barre 3023290007471 – estampille FR 53.054.005 CE.) Lactalis Nestlé Produits Frais demandait « aux personnes qui en auraient acheté, et qui en détiendraient encore, de ne pas les consommer et de les détruire ». Le géant ne parlait pas, alors, de remboursement. Pourquoi ? Et maintenant ?
A demain