Bonjour
Maintenir ou pas en vie une personne en état végétatif … Donner ou pas son sang quand on est un homme ayant des relations sexuelles avec des hommes … Jusqu’où ira le Conseil d’Etat dans les champs mêlés de la médecine et de l’éhique, de la fin de vie et de la virologie, de la morale et de la sexualité ? Résumons ce nouveau dossier : le Conseil d’Etat a rejeté jeudi 28 décembre la demande d’associations qui souhaitaient que soit retirée « la condition d’un an d’abstinence » exigée pour que les homosexuels puissent donner leur sang 1.
Les requêtes visant à supprimer cette exigence avaient été déposées « par les associations Mousse, Stop Homophobie, Comité Idaho France et Elus locaux contre le Sida » – ainsi que par un particulier.
Une vieille histoire, déjà, que cette affaire née avec la découverte, à l’aube des années 1980, que cette nouvelle maladie était transmissible par un sang contaminé. Une vieille histoire et un dossier qui avait été fort démocratiquement pris en charge, sous le quinquennat Hollande, par Benoît Vallet, directeur général de la santé.
Dernier rapport sexuel
Par un arrêté du 5 avril 2016, le ministre des Affaires sociales et de la Santé avait ainsi fixé les critères de sélection des donneurs de sang. Cet arrêté prévoit une liste de contre-indications au don de sang en raison des risques pour le donneur ou pour le receveur. Il abroge en particulier des dispositions antérieures qui prévoyaient « une contre-indication permanente pour tout homme ayant eu des rapports sexuels avec un homme » et y substitue, pour un don de sang total, une contre-indication de 12 mois après le dernier rapport sexuel.
Fallait-il abroger ces douze mois « d’abstinence » ? En aucune façon. En rendant sa décision le Conseil d’Etat a rappelé que « les autorités sanitaires doivent privilégier les mesures les mieux à même de protéger la sécurité des receveurs lorsque les données scientifiques et épidémiologiques disponibles ne permettent pas d’écarter l’existence d’un risque ». Il fait ainsi valoir :
« Selon les travaux de l’Institut de veille sanitaire, la prévalence de porteurs du VIH est environ 70 fois supérieure chez les hommes ayant eu des relations sexuelles avec des hommes. (…) La proportion de personnes nouvellement contaminées au cours de l’année 2012 était 115 fois supérieure chez ces hommes que dans la population hétérosexuelle. »
En imposant cette « abstinence d’un an » comme condition au don du sang par les homosexuels, le ministère de la Santé « s’est fondé non sur l’orientation sexuelle mais sur le comportement sexuel et n’a pas adopté une mesure discriminatoire illégale », a jugé le Conseil d’Etat. On pourra voir là un argumentaire directement issu de la rhétorique des collèges jésuites. Ou pas.
A demain
1 Voici la liste officielle des contre-indications au don de sang « liées à des pratiques sexuelles » :
- Relation sexuelle avec plusieurs partenaires différents au cours des 4 derniers mois. Cette contre-indication ne s’applique pas aux femmes ayant des relations sexuelles uniquement avec des femmes.
- Relation sexuelle entre hommes dans les 12 derniers mois. Le don de plasma reste néanmoins possible sous certaines conditions.
- Relation sexuelle en échange d’argent ou de drogue dans les 12 derniers mois.
- Relation sexuelle avec un partenaire ayant lui-même eu plus d’un partenaire sexuel dans les 4 derniers mois
- Relation sexuelle avec un partenaire ayant une sérologie positive pour le VIH, l’hépatite virale B ou C, dans les 12 derniers mois.
- Relation sexuelle avec un partenaire ayant utilisé des drogues ou des substances dopantes ou ayant eu une relation sexuelle en échange d’argent ou de drogue dans les 12 derniers mois.