Bonjour
Orwell-2018 : libérer pour, en même temps, mieux surveiller. « C’est une véritable révolution qui se prépare dans le monde carcéral, nous annonce Le Monde (Jean-Baptiste Jacquin). Le ministère de la justice a lancé un important appel d’offres afin d’installer des téléphones dans les cellules de l’ensemble des prisons françaises, hors quartiers disciplinaires. Plus de 50 000 cellules de 178 établissements pénitentiaires devraient ainsi être équipées progressivement au cours des prochaines années d’un appareil qui permettra aux détenus (condamnés ou prévenus) d’appeler les numéros que l’administration ou un juge auront autorisés. »
C’est, nous dit-on, le prolongement d’une expérience menée depuis juillet 2016 à la prison de Montmédy (Meuse) : permettre à chaque détenu d’appeler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit les membres de leur famille pour un coût inférieur de 20 % au tarif pratiqué par les cabines placées dans les coursives. En moyenne, ils peuvent composer quatre numéros dont les titulaires doivent être identifiés.
Brouiller
C’est le triomphe du en même temps : favoriser le maintien des liens familiaux « facteur essentiel de réinsertion » et lutter contre les trafics de téléphones portables « véritable fléau ». Le Monde :
« Quelque 33 000 téléphones et accessoires (cartes SIM, chargeurs, etc.) ont été saisis en 2016, tandis que les surveillants ferment parfois les yeux sur cette violation de la loi pour apaiser les tensions. A Montmédy, malgré l’installation de téléphones en cellule, les trafics de portables n’ont pas disparu. Mais les saisies ont baissé de 31 % au premier semestre 2017 par rapport aux six premiers mois de 2016. »
Favoriser le maintien des liens familiaux, lutter contre les trafics de téléphones et en même temps faciliter l’écoute des détenus surveillés. Car parallèlement à l’installation des fixes le combat contre les portables va s’intensifier. Des portables qui passent aisément entre les barreaux. Des portables qui assurent le maintien des lien s redoutés avec de possibles réseaux délinquants ou criminels. Des portables qui permettent de prendre des photos et/ou de filmer les gardiens.
« L’administration pénitentiaire a donc changé de stratégie, précise Le Monde. Au lieu d’acheter des brouilleurs, que l’évolution technologique rend rapidement obsolètes, elle vient de conclure un marché de services. Le prestataire assurera le brouillage et adaptera son dispositif au fil des ans. » Brouiller pour mieux enfermer et en même temps, mieux protéger.
A demain