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Les vents tournent. Affirmer le normal après avoir nié le pathologique. Longtemps la question fut de de savoir si le locataire de la Maison Blanche, 71 ans, souffrait d’un trouble de nature psychiatrique. Une impasse. Aujourd’hui un livre rebat soudain les cartes : signé de Michael Wolff – « Fire and the Fury, Inside the Trump White House » (aujourd’hui seulement disponible en anglais). Un ouvrage d’ores et déjà explosif qui a conduit Rex Tillerson, le chef de la diplomatie américaine à monter en première ligne le 5 janvier, pour défendre l’aptitude mentale du président des Etats-Unis à gouverner le pays. De fait Wolff relance le débat sur certains aspects psychopathologiques de la personnalité du dirigeant de la première puissance mondiale.
« Je n’ai jamais remis en cause son aptitude mentale, je n’ai aucune raison de douter de son aptitude mentale, a déclaré M. Tillerson lors d’une interview sur CNN. Il n’est pas comme les présidents d’avant. » Certes. Mais encore ? L’AFP ajoute que M. Tillerson n’a toutefois pas démenti avoir personnellement traité, durant l’été 2017 et en privé, le président de « débile ».
Le livre ? A travers de nombreux témoignages, la plupart anonymes, Michael Wolff relate les dysfonctionnements de l’exécutif américain. Selon lui, tout l’entourage de Donald Trump s’interrogerait sur sa capacité à gouverner. « Ils disent qu’il est comme un enfant. Ce qu’ils veulent dire, c’est qu’il a besoin d’être immédiatement satisfait. Tout tourne autour de lui », vient-il d’affirmer dans une interview sur NBC. « Il est comme une boule de flipper, il part dans tous les sens », a-t-il ajouté. Et de donner comme exemple le fait que le président répète les mêmes histoires « trois fois en dix minutes », une tendance également observée dans ses interventions publiques. Tout cela suffit-il pour oser porter un diagnostic ?
Halte-garderie télévisée pour adultes
« En 336 pages, le récit détaille les aventures du clan Trump dans sa découverte des affaires publiques, puis sa tentative d’échapper à l’enquête du FBI, résume Corine Lesnes dans Le Monde. C’est une succession d’anecdotes, de coups de poignard, d’intrigues de palais : le script d’une série télévisée que seule la sombre personnalité de Steve Bannon, le conseiller en guerre éternelle avec les ennemis de l’Amérique, empêche de tomber tout à fait dans le soap opera. Le langage y est retransmis dans sa vulgarité originale – et intégrale. (…) Tous ses collaborateurs font de Donald Trump un portrait effrayant d’indigence intellectuelle. »
« Trump ne lit pas, écrit encore Michael Wolff dans Fire and Fury. Même pas en diagonale. Si c’est imprimé, ça pourrait aussi bien ne pas exister. » Certains de ses collaborateurs assurent qu’il est « post-lettré, totalement télévision », d’autres qu’il serait « semi-analphabète »…
Ces critiques, ces inquiétudes, ces hypothèses psychiatriques ne sont certes pas nouvelles. Pour autant l’affaire semble prendre une nouvelle ampleur. Bob Corker, président de la commission des Affaires étrangères du Sénat a pour sa part comparé la Maison Blanche à une « halte-garderie pour adultes ». « Je sais de source sûre que chaque jour, à la Maison Blanche, le but est de le contenir », a-t-il affirmé en octobre. L’AFP souligne qu’au Congrès, désormais, la question de l’état psychologique du dirigeant suprême est de moins en moins taboue. Plus d’une dizaine d’élus démocrates – et un républicain – ont ainsi consulté en décembre une psychiatre de l’université Yale qui s’interroge publiquement sur sa dégradation mentale.
« Risible », a répondu la porte-parole de la Maison Blanche. Pas de diagnostic confirmé. Qui rira en dernier ?
A demain