Bonjour
On s’en souvient : c’était au mois de juin de l’ancien monde. « Selon le ministère de la santé, une mystérieuse épidémie de listériose a fait au moins vingt morts et entraîné cinq avortements depuis quelques mois sur le territoire français, pouvait-on lire dans Le Monde d’alors. La listériose est une maladie bactérienne habituellement peu fréquente dont la source de contamination peut être alimentaire. Parfois responsable chez l’adulte de manifestations neuroméningées, sa forme la plus fréquente est la listériose du nouveau-né, contaminé par la mère lors de la grossesse, ou lors de l’accouchement, par des sécrétions infectées. En moyenne, une quinzaine de cas de listériose provenant d’une même souche sont recensés chaque année en France. Mais, en trois mois, depuis le début du mois d’avril, les services de la santé ont relevé une » élévation anormale « , exactement 99 cas, dont 20 mortels. »
Outre l’alerte diffusée aux médecins, les services du ministère ont mis en place un système de surveillance et d’investigation comprenant une cellule d’alerte composée de cinq médecins et d’un membre des services vétérinaires du ministère de l’Agriculture et de la forêt.
« Langue de porc en gelée »
Au mois de septembre le dernier bilan arrêté le 8 septembre par le ministère de la Santé et de l’action humanitaire précisait que l’épidémie de listériose avait entraîné la mort de 48 personnes et a provoqué 13 avortements. Contrairement aux prévisions, cette épidémie continuait sa progression et touchait 70 départements contre 53 en juillet.
Février de l’année suivante, toujours Le Monde : L’épidémie de ces derniers mois a été responsable, en définitive, de 63 décès et à l’origine de 22 avortements. Les résultats de cette étude épidémiologique soulèvent de graves questions médico-légales. La » langue de porc en gelée » peut être fabriquée, soit de manière artisanale et vendue dans les charcuteries, soit de manière industrielle et commercialisée dans les grandes surfaces. Il semble que l’épidémie qui a sévi sur l’ensemble du territoire français trouve son origine dans des fabrications industrielles. Curieusement, les enquêteurs ne donnent toutefois pas la ou les marques concernées ni le nom du ou des producteurs, ce qui va jeter l’opprobre sur la totalité de ces préparations quelle qu’en soit l’origine. »
Même jour, même journal : « Une politique de santé publique est en train de naître en France. Amorcée par l’action du groupe dit des cinq » sages « , ce mouvement s’est accéléré avec les différentes » affaires » qui, ces dernières années ont mis en lumière, souvent de manière dramatique, les graves insuffisances de pans entiers du système médical français. Ce mouvement bénéficie depuis peu de l’action impulsée par M. Bernard Kouchner, ministre de la Santé et de l’action humanitaire. Profitant du résultat obtenu dans l’identification des causes alimentaires de la récente épidémie nationale de listériose, il convient d’exposer les raisons d’être et les modalités de fonctionnement du tout jeune » réseau national de santé publique’’ (RNSP) qui vient d’être mis en place dans notre pays.
Le mutisme de Santé Publique France
Différents niveaux de » maillage épidémiologique » sont organisés autour du noyau exécutif, petite équipe de médecins, de statisticiens, d’informaticiens, tous détachés de leur corps d’origine et basés à l’hôpital national de Saint-Maurice. Ce groupe est dirigé par le Pr Jacques Drucker (CHU de Tours), spécialiste de santé publique, formé dans le public, puis dans le privé (groupe Mérieux), à l’épidémiologie d’intervention et de prévention. Le premier cercle d’intervention est celui des médecins inspecteurs des directions départementales de l’action sanitaire et sociale. L’objectif à ce niveau est de renforcer les activités de nature épidémiologique. Le deuxième cercle repose sur la mise en place d’unités régionales d’épidémiologie d’intervention. Outre son conseil scientifique (composé de seize membres) le réseau national de santé publique comprend pour l’essentiel trois partenaires : le ministère de la santé (direction des hôpitaux, direction générale de la Santé), l’INSERM, et l’Ecole nationale de santé publique. Son budget, pour l’année 1993, a pu être fixé à 25 millions de francs.
Un quart de siècle plus tard le RNSP a évolué, grossi, mué, est devenu Santé Publique France. Qui, bizarrement, ne communique pas sur la méthode lui ayant permis de mettre en lumière ce qu’est devenu la gigantesque affaire Lactalis. Hier on exposait la méthode en cachant la marque. Aujourd’hui c’est l’inverse. Pourquoi ?
A demain
Vaccins, contamination, …,la politique de santé publique serait-elle prioritairement déterminée par les intérêts de grands groupes financiers ?
La réponse est dans la question.