Bonjour
Qu’a pu penser la ministre des Solidarités et de la Santé de la sortie de Christophe Castaner, délégué général de La République en marche et proche d’Emmanuel Macron ? S’est-elle sentie désavouée dans le combat qu’elle commence seulement à mener contre l’addiction à l’alcool ? Les attaques n’ont pas tardé. « La ministre de la Santé avait ouvert la boîte de Pandore début février en estimant que le vin était ‘’un alcool comme les autres’’ » observe Le Figaro .
«L’industrie du vin laisse croire aujourd’hui que le vin est différent des autres alcools. En termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka, du whisky, il y a zéro différence … !», avait-elle déclaré lors d’une remarquable émission télévisée diffusée début février sur France 2. On a laissé penser à la population française que le vin serait protecteur, qu’il apporterait des bienfaits que n’apporteraient pas les autres alcools. C’est faux. » Etait-ce trop ?
Nous sommes à la veille de l’ouverture du Salon de l’Agriculture et Christophe Castaner a, jeudi 22 février, tenu à revenir fermement sur le sujet. C’était sur RMC-BFMTV. « Ne nous emballons pas» a-t-il souri. Et d’oser reprendre une formule vieille de plus d’un siècle – une formule dénoncée depuis les premiers travaux sur l’alcoolisme et reprise par l’ensembel du monde de l’addictologie : « Il y a de l’alcool dans le vin mais c’est un alcool qui n’est pas fort ». « Le vin fait partie de notre culture, de notre tradition, de notre identité nationale. Il n’est pas notre ennemi», a encore ajouté Christophe Castaner assurant que l’alcoolisme était surtout «une question de niveau de consommation».
« Ne pas hystériser » !
«Ce n’est pas le moment d’hystériser le débat juste avant le Salon de l’Agriculture. Les propos de Castaner ont contribué à baisser les tensions », justifie un membre (anonyme) du gouvernement cité par Le Figaro. Hystériser ? « Contacté par notre journal suite aux déclarations du délégué général de La République en marche, le ministère de la Santé n’a pas donné suite à nos sollicitations, ajoute le quotidien. Emmanuel Macron semble quant à lui avoir un avis tranché sur la question. En marge de son discours aux jeunes agriculteurs jeudi 22 février, une participante lui a offert une bouteille de vin en lui vantant les bienfaits de cette boisson. Ce à quoi le président lui a répondu dans un sourire: » Je le sais, j’en bois midi et soir ».»
Emmanuel Macron s’était déjà publiquement exprimé sur le sujet, sacrifiant il y a un an au rite bacchique et républicain. Il y a quelques jours, revenant sur ses propos télévisé, et poursuivant son indispensable travail de pédagogie sur la « molécule alcool » (toujours la même où qu’elle se trouve) Agnès Buzyn avait fait une confidence sur France Inter : « Par ailleurs j’aime beaucoup boire un verre de vin en situation conviviale, comme tout le monde ».
Où l’on perçoit toutes les limites, sur un tel sujet, de l’action politique. Comment en parler sans sombrer dans la diabolisation ? Comment, à l’inverse, ne pas être accusé de faire le lit de l’alcoolisme et le malheur des malades alcooliques ?
A demain
Autant le dire sans détour. Mener un « combat » contre l’addiction à l’alcool est une sottise de l’esprit. La guerre se tranforme obligatoirement soit en combat contre les addicts ( alcool au volant, ivresse publique, vente interdite aux mineurs etc…) soit en lutte contre l’alcool ( slogan totalement idiot autour du boire avec modération, diabolisation des alcooliers, vieux rêve de revenir à une prohibition, ou de la maintenir en apparence dans certains pays musulmans).
On a donc oublié que le vin est pour notre culture une substance divine. Chez les Juifs, la cérémonie hebdomadaire du sabbat avec la consommation rituelle obligatoire d’une certaine quantité de bon vin a un sens spirituel profond. Pour les chrétiens, chaque messe célèbre la transformation divine du vin du calice en rien moins que le sang divin. Aussi laïcs nous proclamons-nous, nous ne pouvons pas négliger cette réalité.
Alors, de grâce, renonçons à la pensée manichéenne, l’alcool n’est ni bon, ni mauvais, il est dès qu’un végétal est en destruction et nous n’avons aucun moyen qu’il ne puisse plus être. Neuf adultes sur dix peuvent en consommer sans devenir dépendants. Un sur dix ( dans tous les pays du monde) en devient dépendant jusqu’à en mourir.
Prenons le meilleur soin possible de ces êtres humains en grave danger, en cherchant sans relâche de façon novatrice ( donc bien au delà des médicaments et autres conditionnements psychologiques) car la compréhension de cette étrange « allergie » ( = façon différente de réagir) nous ne l’avons pas.
Agir quand on ne comprend pas, c’est du même tonneau ( la langue s’amuse) que traiter un malade avant d’avoir établi un diagnostic.
Ah, si une petite souris pouvait aller discrètement sussurer ce message aux oreilles des décideurs politiques ! Mais là, je rêve. Avec une alcoolémie à zéro, je le jure.
On ne s’embarrasse pas de telles précautions lorsqu’il s’agit de condamner les consommateurs de cannabis ou les parents qui osent remettre en question la sacro-sainte vaccination.
La santé publique a des priorités qui dépendent du bon vouloir du prince et de sa cour.
Ils font de la politique comme au siècle dernier.