Bonjour
En France la très vieille et très célèbre affaire de l’amiante hante toujours les politiques. Elle hante ceux qui furent au pouvoir, ceux qui y sont et ceux qui y seront. Dernier et éclairant symptôme en date : Emmanuel Macron, président de la République lors de sa « visite marathon » au Salon de l’Agriculture. L’affaire, signifiante et exemplaire, nous est rapportée par mille et un réseaux.
Après un explication avec des agriculteurs déguisés en peluche, après bien des sifflets nourris et musclés, Emmanuel Macron a été interpellé par un agriculteur à propos du glyphosate – ce pesticide-feuilleton que la France souhaite interdire « d’ici trois ans au plus tard ». Ce fut un « échange tendu ».
Le paysan-céréalier protestait haut et fort contre cette interdiction, le président de la République s’est lancé dans un échange d’une particulière vivacité. « Je vous engueule parce que j’aime pas qu’on me siffle derrière; mais après je viens vous voir et on s’explique », est allé jusqu’à dire le chef de l’Etat, selon une retranscription faite par l’AFP. Et dans une vidéo publiée par Franceinfo, on peut voir Emmanuel Macron répondre sèchement à son vis-à-vis :
« Le glyphosate, il n’y a aucun rapport qui dit que c’est innocent (…). Dans le passé, on a dit que l’amiante ce n’était pas dangereux, et après les dirigeants qui ont laissé passer ils ont eu à répondre (…) Les ouvriers agricoles, les consommateurs, qui demain diront ‘vous aviez le glyphosate, vous le saviez et vous n’avez rien fait’, ils me regarderont les yeux dans les yeux, ils n’iront pas vous chercher, vous. »
Et quand le placide paysan fit observer au président qu’il avait perdu son sang froid, Emmanuel Macron répondit : « Vous m’avez sifflé dans le dos depuis tout à l’heure! »
Sang-froid
Le lendemain, nouvelles informations, politiques et surprenantes : le Journal du Dimanche affirme que Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire ne se rendra pas au Salon de l’agriculture. Et le ministère du même nom de confirmer cette information à l’AFP. Explication plus que boisée : le ministre « privilégie le dialogue direct avec les parties prenantes dans de bonnes conditions d’échange ». « Je préfère dialoguer loin des regards et des caméras, c’est ma méthode », a expliqué le ministre au JDD. Et des sifflets aurait-il pu ajouter.
Nicolas Hulot (qui s’était battu en 2017 pour une sortie du glyphosate en trois ans) se dit prêt aujourd’hui à envisager des « exceptions » :
« On est en train de recenser les alternatives qui existent et de leur donner les moyens de faire leurs preuves. Mais je ne suis pas buté et personne ne doit être enfermé dans une impasse : si dans un secteur particulier ou une zone géographique, certains agriculteurs ne sont pas prêts en trois ans, on envisagera des exceptions (…) Mais si on arrive à se passer du glyphosate à 95 %, on aura réussi ».
Combien de temps le glyphosate -Roundup hantera-t-il les nuits de l’exécutif ?
A demain
Une réflexion sur “Glyphosate : Macron «engueule» un paysan ; Nicolas Hulot avale un peu plus de son chapeau”