Préservatifs et prévention des addictions : du service militaire aux brigades sanitaires

Bonjour

L’époque n’est pas si lointaine qui voyait le service militaire obligatoire inciter (au minimum) à fumer. Et compliquer grandement la vie des jeunes gens en général – des étudiants en médecine tout particulièrement. Puis ce service disparut, comme par enchantement. Il y a vingt ans Jacques Chirac, alors président de la République décide de professionnaliser les armées et de suspendre le service national. En 2002 l’antique conscription est arrêtée au profit d’un « parcours citoyen » pour les jeunes hommes et femmes à partir de leur seizième anniversaire. Le service national est remplacé par un « Service volontaire » pour une durée variant de un à cinq ans. Qui s’en souvient ?

Puis, il y a un an Emmanuel Macron, pré-président, annonce dans son programme son souhait de rétablir un service national universel, d’une durée d’un mois. Nous sommes en février 2018 et tout ceci ce met peu à peu en musique. Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé (accompagnée de son homologue de l’enseignement supérieur, Frédérique Vidal) donneront les premiers détails ce 26 février, lors d’un déplacement à l’université d’Angers : dès la rentrée 2018, environ 47 000 jeunes adultes inscrits dans les filières de médecine, pharmacie, odontologie, maïeutique (ainsi qu’en études de soins infirmiers et de masseur-kinésithérapeute) devront effectuer un « service sanitaire » obligatoire. 1

C’est, apparemment, le bien des deux parties. Car si la Nation, volatile, n’a guère pleuré sa disparition elle applaudira à la réapparition de cette citoyenne obligation. « Il s’agira pour ces étudiants de franchir la porte des collèges, des lycées, ou encore des universités, pour mener des actions de prévention, avec quatre thématiques privilégiées : l’alimentation, l’activité physique, les addictions et la santé sexuelle et affective », résume Le Monde (Camille Stromboni).

Ici ou là, déjà, quelques expérimentations. Comme à Angers où 80 étudiants volontaires se sont déplacés (notamment à Cholet et à Saumur) pour prêcher la bonne parole sanitaire et républicaine : lutter contre les inégalités sociales et territoriales, en touchant des publics qui bénéficient habituellement peu de dispositifs de prévention. « Les étudiants se déploieront de la manière la plus large possible, ils vont sortir des villes, aller dans les territoires ruraux. Nous veillerons à une bonne répartition territoriale », croit pouvoir affirmer depuis Paris, la ministre Frédérique Vidal.

Boutons de guêtre

Sur les tables de chevet gouvernementale : le rapport du Pr Loïc Vaillant. De ce document le gouvernement retient les grandes lignes : ce service sanitaire durera l’équivalent de trois mois, à mi-temps (ou six semaines à temps plein, ou 60 demi-journées). « Il se déroulera en trois étapes, explique Frédérique Vidal. Avec tout d’abord une période de formation, pour donner les outils nécessaires aux étudiants. Ensuite, ces derniers vont les déployer en situation, en menant une action de prévention. Enfin, ils effectueront une restitution dans le contexte académique. »

Pour commencer : focalisation sur les collèges, lycées et universités. Puis déploiement dans les entreprises, ou encore les Ehpad, les structures médico-sociales, les prisons… « Nous avons demandé aux Agences Régionales de Santé et aux recteurs d’académie de recenser les lieux de stage. Les offres ne manqueront pas et nous avons besoin de prévention partout », explique Mme Vidal.

Tout cela n’ira pas sans heurts ni pleurs. Comment intégrer ce « module républicain » dans les emplois plus que surbookés du temps des étudiants des différentes filières ? « Les ministres ont surtout arbitré la question sensible du moment auquel va intervenir ce service sanitaire dans le cursus déjà chargé des étudiants en santé, croit savoir Le Monde. Pour les infirmiers, ce sera en deuxième ou troisième année, pour les pharmaciens en quatrième ou cinquième année, quand les futurs médecins s’y mettront durant leur troisième année d’études. »

Quant au nerf de la guerre le gouvernement a écarté  la demande de l’Association nationale des étudiants en médecine d’instaurer une rémunération pour ce service républicain. « Cela ne coûtera rien aux étudiants, assure quant à elle Agnès Buzyn. Si le lieu de stage est éloigné, les frais de transports seront pris en charge. » Du retour, en somme, des Taxis de la Marne. Et au final aucun bouton de guêtre ne devrait manquer à cette nouvelle armée.

A demain

1 « Dossier de presse ‘’Le service sanitaire’’. Les formations en santé au service de la prévention »

 

 

 

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