Bonjour
Nouvel abcès hospitalier, nouveau symptôme du déchirement d’un tissu que le politique exécutif ne parvient plus à ravauder. France Bleu Normandie : « Ils ont installé des tentes rouges devant le bâtiment de la direction et depuis mardi, ne se nourrissent plus que d’eau et de café. Cinq salariés de l’hôpital psychiatrique du Rouvray, à Sotteville-lès-Rouen (Seine-Maritime), ont entamé une grève de la faim en désespoir de cause ».
Normandie. On songe à Flaubert et aux Bovary : « Tandis qu’il trottine à ses malades, elle reste à ravauder des chaussettes. »
Désespoir de cause : tout est dit. Infirmiers, aides-soignants, brancardiers, cela fait des mois qu’ils alertent sur le manque de personnel, la sur-occupation de leur établissement, et les conditions de prise en charge des patients. Ils sont souvent trois pour 23 ou 28 malades quand ils devraient être quatre par unité. L’intersyndicale réclame donc des embauches pour assurer correctement les soins. Paroles de soignants :
« Mon boulot n’a plus vraiment de sens, c’est pas pour ça que je l’ai fait. Je me sens inefficace et inutile et c’est le sentiment d’une très grand partie des soignants de l’hôpital. Les patients viennent pour aller mieux, pas pour voir un robot mais le métier de robot, c’est le seul que j’ai le temps de faire encore. »
« Nous tout ce qu’on voit, c’est qu’on n’est pas assez. Les patients, on les enferme parce qu’on ne peut pas les sortir. Ca redevient un système asilaire. Alors on est peut-être mieux doté que les autres, mais moi je m’en fiche, je ne fais pas du chiffre, moi je suis un soignant, je soigne des gens. »
La direction ? Elle accorde, comme le réclament les grévistes, la création de deux unités spécifiques, l’une pour les adolescents hospitalisés aujourd’hui avec les adultes, l’autre pour les détenus. Mais seulement cinq embauches, quand l’intersyndicale en réclame cinquante-deux. Cette direction, précise France Bleu, estime que l’établissement n’apparaît pas en difficulté. Il serait même sur-doté par rapport à la moyenne nationale et la moyenne régionale, indique le communiqué.
Le SAMU passe chaque jour pour vérifier l’état de santé des grévistes de la faim. Ces derniers reçoivent aussi de nombreux soutiens (collègues, politiques, patients et leurs familles). Demain, 29 mai, l’ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon (désormais le mouvement Générations) rendra visite aux grévistes. Aurait-il, à la tête de l’Etat, su ravauder un tissu hospitalier devant lequel l’actuel gouvernement semble chaque jour plus désarmé ?
A demain
Une réflexion sur “Hôpital psychiatrique du Rouvray : grève de la faim pour mieux travailler, dans la dignité”