Alzheimer : quatre médicaments déremboursés. Pourquoi ne pas les retirer du marché ?

 

Bonjour

On attendait la décision, on pressentait la polémique. La première ne va pas tarder, le seconde est déjà là. Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé a enfin confirmé, le 29 mai sur RTL qu’elle allait mettre fin au remboursement des quatres spécialités pharmaceutiques pouvant être prescrites dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer : donézépil, rivastigmine, galantamine et mémantine. « Je devrais, dans les jours qui viennent, annoncer, effectivement, le fait que nous suivons les recommandations de la Haute Autorité de santé », a-t-elle déclaré.

A peine ces mots prononcés l’association France Alzheimer et maladies apparentées dénonçait cette décision  dans un communiqué 1. Elle estime notamment que le choix de la ministre va « à l’encontre d’une optimisation de la prise en soin des familles ». Joël Jaouen, président de l’association :

« Cette décision, c’est aussi remettre en cause le travail des professionnels de santé, des neurologues, des médecins qui, depuis plusieurs années, prescrivaient ces médicaments à leurs patients, conscients des bienfaits sur ces derniers. Ils ne prescrivaient pas ces médicaments pour faire plaisir ou à titre compassionnel, voire pour éviter le désespoir du patient. Sachant que certains médicaments ont d’éventuels effets secondaires, jamais un médecin ne prendrait le risque de les prescrire sans être certains qu’il y a un bénéfice attendu, même modeste ».

Neuroleptiques ?

Et après ? « Pour les familles qui entendent, malgré tout, continuer à avoir recours aux médicaments, cela signifie mettre à la main à la poche, ajoute l’associationLe déremboursement entraînera une iniquité entre les familles les plus aisées et les plus démunies. Compte tenu du reste à charge extrêmement élevé auquel sont confrontées les familles (plus de 1 200 euros/mois en moyenne), rares sont celles qui pourront, en sus de leurs dépenses actuelles, assumer les 30 euros mensuels équivalents au coût du traitement. » Un traitement qui, « au-delà de la question de l’efficacité et du coût » participait (via la prescription des médicaments) grandement « à maintenir un lien thérapeutique entre le médecin et le patient ».

Avant même l’annonce ministérielle le Pr Mathieu Ceccaldi, président de la Fédération nationale des centres mémoire de ressources et de recherche (FCMRR) avait confié au Quotidien du Médecin  tout le « mal » que cette décision risquait d’occasionner aux patients. « Les praticiens vont se tourner vers les neuroleptiques, autrement plus délétères que les anti-Alzheimer » expliquait-il. Quant au Pr Olivier Saint-Jean, gériatre à l’hôpital européen Georges Pompidou (AP-HP), co-auteur d’un ouvrage détonnant et partisan du déremboursement, il chiffre l’économie pour la collectivité  entre « 100 et 130 millions d’euros par an » pour les 30 000 à 40 000 patients traités.

A demain

1 Dans un communiqué commun, cinq sociétés savantes (la Fédération des centres mémoire, la Fédération française de neurologie, la Société française de neurologie, la Société française de gériatrie et de gérontologie, et la Société francophone de psycho-gériatrie et de psychiatrie de la personne âgée) ont, le 30 mai, protesté contre le déremboursement – une mesure qualifiée de « délétère pour les patients français et leur entourage ».

2 réflexions sur “Alzheimer : quatre médicaments déremboursés. Pourquoi ne pas les retirer du marché ?

  1. Enfin on va arrêter ces traitements qui n’ont que des effets secondaires. Et peut-être qu’on va arrêter de distribuer le diagnostic « d’Alzheimer » et d’occulter les autres causes de détérioration mentale.

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