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C’est enfin officiel : Agnès Buzyn a politiquement tranché. « A compter du 1er août l’achat des médicaments de la maladie d’Alzheimer ne fera plus l’objet d’un remboursement par l’assurance maladie ». L’épilogue d’une histoire de plus de vingt ans. Fin de la prise en charge, par la collectivité, de l’Aricept (donépézil) de la firme Eisai (commercialisé depuis septembre 1997), l’Exelon (rivastigmine) de Novartis (mai 1998), le Reminyl (galantamine) de Jansen-Cilag (octobre 2000) et l’Exiba (mémantine) de Lundbek (mai 2002). Et fin d’une polémique de plus de dix ans marquée par les hésitations récurrentes des ministres Xavier Bertrand et Marisol Touraine.
« La commission de la transparence, composée d’experts indépendants de la Haute Autorité de Santé, a ainsi récemment réévalué le service médical rendu par les médicaments de la maladie d’Alzheimer. À partir de l’ensemble des données médicales et scientifiques disponibles, elle a mis en évidence que ces médicaments présentaient une efficacité faible, ainsi que des effets indésirables digestifs, cardiovasculaires et neuropsychiatriques pouvant être graves et nécessiter l’arrêt définitif du traitement (jusqu’à 30% d’arrêt dans les études cliniques). »
« Il s’agit d’une mesure prise dans l’intérêt de la santé des citoyens et qui permettra de renforcer la prise en charge coordonnée des patients concernés » expliquent encore les services d’Agnès Buzyn contre l’avis de cinq sociétés savantes 1 ainsi que l’association France Alzheimer et maladies apparentées.
Interrogée le 1er juin sur Europe 1 Agnès Buzyn a expliqué que cette mesure, « purement médicale » n’était absolument pas « un sujet financier ». « Tout l’argent qui va être économisé sera intégralement réorienté vers l’accompagnement des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, soit pour les centres mémoire soit pour le secteur médico-social qui les prend en charge », a-t-elle assuré.
La Direction Générale de la Santé ajoute que, bien loin des médicaments, les soins dans le cadre de la maladie d’Alzheimer « reposent avant tout sur une prise en charge pluridisciplinaire adaptée ». Grâce à l’action coordonnée des professionnels de santé, l’objectif est de maintenir la plus grande autonomie possible des patients. Et pour améliorer la prise en charge des malades « le rôle des médecins généralistes dans le dépistage et l’accompagnement des personnes malades a été récemment renforcé ». « Ils disposent de plus nombreuses possibilités d’effectuer des consultations longues au domicile des patients, pour faire le point sur la maladie et s’assurer d’une prise en charge de qualité » assure les services de la ministre des Solidarités et de la Santé.
Il faut aussi compter avec les Équipes Spécialisées Alzheimer (ESA), qui permettent « une prise en charge des patients à des moments clés de leur maladie » et qui « se développent par ailleurs sur l’ensemble du territoire ». Reste une question : pourquoi laisser sur le marché (et à charge pour les malades en cas de poursuite des prescriptions) des médicaments inefficaces aux effets indésirables potentiellement graves ? Et surgit, aussi, une autre question.
« En France, le bien fondé du remboursement des médicaments par l’assurance maladie est régulièrement réévalué par la Haute Autorité de santé afin de s’assurer qu’ils présentent un intérêt thérapeutique suffisamment important » rappelle Agnès Buzyn. A quand, dès lors, le plan de déremboursement des médicaments homéopathiques ?
A demain
1 Dans un communiqué commun, cinq sociétés savantes (la Fédération des centres mémoire, la Fédération française de neurologie, la Société française de neurologie, la Société française de gériatrie et de gérontologie, et la Société francophone de psycho-gériatrie et de psychiatrie de la personne âgée) ont, le 30 mai, protesté contre le déremboursement – une mesure qualifiée de « délétère pour les patients français et leur entourage ».
Une réflexion sur “Anti-Alzheimer : leur déremboursement (1er août) précède-t-il celui de l’homéopathie ?”