Bonjour
L’Union européenne s’est construite sur la libre circulation des personnes et des choses. Sans oublier de sacraliser les vertus de la concurrence et le génie des créateurs de start-up. Quid, dans ce contexte de l’illicite ? On songe à tout ceci en prenant connaissance des dernières nouvelles officielles du front des drogues -et tout particulièrement de ce chapitre : « signes d’une hausse de la production de drogues en Europe ». Un texte signé des spécialistes de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Que retenir ? Avec ceci, en sept points :
« 1 Les évolutions observées dans les pays européens sont non seulement influencées par les tendances mondiales en matière de drogues, mais ont également une incidence sur ces dernières. Pour certaines substances stimulantes synthétiques comme la MDMA, l’Europe est un producteur majeur qui exporte des produits et son expertise vers d’autres régions du globe.
« 2 En ce qui concerne le cannabis, la production européenne a, dans une certaine mesure, évincé l’importation et semble avoir eu une incidence sur les modèles commerciaux des producteurs extérieurs. L’une des conséquences peut en être observée dans l’augmentation de la teneur en principe actif de la résine de cannabis qui est désormais importée en Europe.
« 3 S’agissant de la cocaïne et de l’héroïne, les deux autres principales drogues illicites d’origine végétale, la production demeure centralisée respectivement dans les pays d’Amérique latine et d’Asie. Les données mondiales suggèrent que la production de ces deux substances est en augmentation. La façon dont cela influe sur l’Europe mérite d’être examinée.
« 4 Dans le cas de l’héroïne, bien que la drogue disponible dans la rue présente une pureté relativement élevée, son usage global reste stable, avec des niveaux d’entrée en consommation vraisemblablement faibles. À l’inverse, dans le cas de la cocaïne, plusieurs indicateurs affichent désormais une tendance à la hausse.
« 5 Toutefois, pour ces deux substances, les données sur les saisies semblent indiquer que la chaîne de production a connu de récentes modifications susceptibles de répercussions majeures dans le futur. La transformation secondaire et l’extraction de cocaïne à partir de ‘’matières de support’’ continuent d’être observées en Europe, tout comme l’importation d’importantes quantités de drogues dissimulées dans des conteneurs d’expédition.
« 6 En ce qui concerne l’héroïne, un élément nouveau réside dans le fait que des laboratoires chargés de transformer la morphine en héroïne ont été découverts et démantelés dans plusieurs pays européens. À l’origine de cette situation figurent probablement la disponibilité plus grande et le coût significativement inférieur en Europe de l’anhydride acétique, un précurseur chimique clé dans la production d’héroïne, alors que les récoltes de pavot à opium augmentent.
« 7 Cette évolution témoigne non seulement de la nature globalement décloisonnée des réseaux modernes de production de drogues, mais également de la nécessité de mettre en place des mesures de lutte contre les drogues (via le contrôle des précurseurs par exemple) dans une perspective globale. »
Anvers devant Algésiras ?
On apprend encore, libre circulation et concurrence, que l’augmentation de la production de cocaïne en Amérique latine semble désormais se faire ressentir sur le marché européen. Historiquement, rappelle l’Observatoire, la majeure partie de la cocaïne entrant sur le territoire de l’Europe arrivait par la péninsule ibérique. Toutefois d’importantes saisies récentes « suggèrent un léger recul de cet itinéraire » : la cocaïne est de plus en plus acheminée en Europe via de grands ports à conteneurs. À cet égard, il convient de souligner qu’en 2016, la Belgique a devancé l’Espagne en termes de volume de cocaïne saisie. Anvers dépasse Algésiras ?
« Il est par ailleurs troublant de constater, même si cela reste rare, une légère augmentation de l’usage de cocaïne basée-crack, et on peut redouter que ce phénomène ne se répande dans de nouveaux pays, souligne l’Observatoire. La recherche d’un traitement effectif pour les consommateurs de cocaïne demeure nécessaire, y compris la réponse la mieux adaptée aux problèmes liés à l’usage de cocaïne susceptibles de coexister avec une dépendance aux opiacés. »
Merci, aux spécialistes et aux jumelles de l’Observatoire européen des drogues et toxicomanies. Que font, sur ce front, le Parlement européen et la Commission ?
A demain
Une réflexion sur “Concurrence : la cocaïne arrive désormais en Europe via les grands ports à conteneurs”