Bonjour
Il faut, pour mesurer l’ampleur des contradictions politiques et sanitaires, lire l’éditorial publié dans le dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire. Intitulé « Mesurer les parts de cancers évitables pour mieux guider la lutte et la prévention » il est signé de Christopher P. Wild, directeur du Centre international de recherche sur le cancer (OMS), Norbert Ifrah, président de l’Institut national du cancer et François Bourdillon, directeur général de Santé publique France.
Ces trois responsables de haut niveau présentent ici les résultats d’un vaste travail de plus de quatre-vingts experts travaillant dans les principales institutions de recherche ou de santé publique françaises. C’est, depuis quelques jours, un travail repris à l’envi (mais sans commentaires) par les médias généralistes. Un travail qui conclut qu’en France quatre cancers sur dix environ étaient, en 2015, attribuables aux « facteurs de risque liés au mode de vie et à l’environnement ». En d’autres termes « 142 000 cancers auraient pu être évités, par des actions de prévention primaire, sur les 346 000 nouveaux cas diagnostiqués chez les adultes ». Un travail, aussi, qui inclut de nouveaux facteurs de risque comme l’alimentation (consommation de viandes rouges et de charcuteries, par exemple) et des expositions professionnelles plus nombreuses (trichloréthylène et gaz d’échappement diesel, par exemple).
Corollaire : une part importante des cancers est donc potentiellement évitable par une suppression ou une réduction de l’exposition à ces facteurs de risque. « Mesurer cette part évitable permet de cibler des priorités d’action pour la prévention du cancer » expliquent doctement les trois auteurs. Ces derniers se gardent bien, toutefois, de faire ici la part entre l’action préventive politique volontariste et la responsabilité personnelle du citoyen informé de ces données.
Et cætera desunt
Prenons, ici, l’exemple du tabac. Tabac légalement commercialisé et qui constitue le principal facteur de risque dans une France où sa consommation est parmi la plus importante d’Europe. « Les résultats soulignent à nouveau le poids de la consommation de tabac en France, cause de 20% des cancers en 2015, écrivent les trois auteurs. Aussi, la stratégie de réduction du tabagisme doit-elle être maintenue et renforcée dans les futurs plans de santé publique, ce qui est le cas avec la récente annonce de la ministre de la Santé d’un nouveau plan national de lutte contre le tabac. Le million de fumeurs quotidiens de moins entre 2016 et 2017 [chiffre contesté] est un premier signe très encourageant, de même que les augmentations programmées du prix du tabac (passage à 10 € le paquet en 2020), l’amélioration du remboursement de substituts nicotiniques, etc. »
On appréciera cet « et cætera » locution adverbiale issu du latin médiéval « et cætera desunt » utilisée pour montrer qu’une liste n’est pas exhaustive. Les trois auteurs confirment, ici, que le pouvoir exécutif français n’a toujours pas intégré la cigarette électronique parmi les outils de lutte contre le fléau du tabagisme.
« La communication des résultats de l’étude du BEH auprès du public constitue un autre point crucial, comme le montrent les résultats alarmants des Baromètres cancer sur la perception des facteurs de risque de cancer dans la population en France » écrivent encore MM Wild, Ifrah et Bourdillon. Ils révèlent qu’une étude à paraître « montrera que la part de certaines fausses croyances sur les causes de cancer a encore augmenté par rapport aux enquêtes précédentes ». « Ainsi, trop de personnes enquêtées se représentent que boire des sodas ou consommer des hamburgers serait aussi mauvais pour la santé que boire de l’alcool, ou que la pollution atmosphérique causerait davantage de cancers que l’alcool » expliquent-ils.
A qui la faute ? Et qui peut, d’ores et déjà, être tenu pour responsable de ne pas encore avoir, en France, accordé à la cigarette électronique la place qui doit être la sienne dans une politique de réduction des risques contre une consommation responsable d’un cancer sur cinq ?
A demain
Merci pour cet article. Ensuite quelles réponses à la question qui est responsable? et que faire?
que dire de l’OMS sur ce sujet?