Bonjour
9 juillet 2018. Le tabac brûlé nous rapproche parfois de l’étrange. C’est le cas avec un film que ne goûtent guère les critiques bien pensant.e.s : « Au poste ! » de Quentin Dupieux. Une décalque surréaliste du « Garde à vue » de Claude Miller (1981). Une comédie au-delà des normes, une mise en abyme comme le cinéma n’en montre pas. Ou si peu.
Ventura et Serrault ne sont plus. Voici Benoît Poelvoorde (commissaire Buron) et Grégoire Ludig (suspect Fugain). Marc Fraize (Philippe) prend la place de Guy Marchand dans le placard. On ne gobe pas, ici. On croque. Le temps ne sait plus passer. Magritte. Bouffées de tragique et de rires. L’absurdité s’ouvre sous nos pieds. Les équerres servent à tuer au carré. (On peut ne pas aimer).
Interdiction étant faite de spoiler on taira, ici, la trouvaille qui permet à la cigarette de prendre toute la nouvelle place qui est la sienne, dans les corps malades comme dans la psyché collective. Une trouvaille qui vaut mille publicités sanitaires gouvernementales. Et qui vient incidemment ruiner le récent discours d’une ministre de la Santé voulant censurer la vision du tabac au cinéma.
Hors des salles obscures, la politique ne perd jamais ses droits. Le Conseil de Paris vient d’adopter un vœu, (déposé par le groupe radical de gauche, centre et indépendants) visant à expérimenter l’interdiction pendant quatre mois de la cigarette dans quatre parcs et jardins de la capitale.
Abattoirs de Vaugirard
C’est ici la décalque expérimentale de l’interdiction mise en place depuis le 1er juillet à Strasbourg dans tous les parcs et jardins publics de la ville. C’est aussi la poursuite d’une logique sans faille : elle fait suite à celle instaurée en France dans les lieux de travail et les lieux publics (centres commerciaux, aéroports, gares, hôpitaux et écoles) en février 2007, étendue en 2008 aux cafés, bars, restaurants, hôtels et discothèques.
Le Monde rappelle que la cigarette est déjà interdite dans les 500 aires de jeux des parcs parisiens depuis 2015. Quant à l’interdiction de la cigarette dans les parcs publics, elle est déjà en vigueur en Finlande, en Islande, au Royaume-Uni ou dans certaines villes des Etats-Unis. A Paris il s’agit de « lutter contre la banalisation de la cigarette chez les plus jeunes », de donner de « l’air frais » aux promeneurs et de lutter contre la pollution qu’entraînent les jets de mégots par terre.
Dès aujourd’hui il est interdit d’allumer une cigarette dans l’un des six parcs ou jardins choisis par la Ville de Paris pour être des espaces sans tabac : Jardin Anne-Franck (3e) ; Jardin Yilmaz-Güney (10e) ; Square Trousseau (12e) ; Square Henri-Cadiou (13e) ; Parc Georges-Brassens (15e) ; Square des Batignolles (17e). Pas de verbalisation durant les quatre mois de l’expérimentation. Les agents des parcs et jardins rappelleront les fumeurs à l’ordre.
Ne plus jamais fumer dans le parc qui porte le nom de Georges Brassens aménagé à la place du marché aux chevaux de Vaugirard et de ses abattoirs. Entrons dans une salle obscure. Dans le commissariat le fumée de tabac sort du flanc droit du commissaire Buron. Qui nous dira pourquoi ?
A demain
Quid du vapotage? interdit lui aussi? assimilé aux combustibles?