Sida, politique et Truvada® : trente ans après, voici le retour médiatique de la polémique

Bonjour

Aux frontières de la virologie et du pouvoir exécutif l’Histoire – et cette étrange propension à  la réplication avec déperdition du sujet. Le Monde daté du 10 juillet 2018 fait ainsi état de l’existence d’un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) – document qu’il « s’est procuré » 1 – document dont les auteurs savent (mieux que d’autres) à quel point ils réveillent ici de vieux démons judiciaires et médiatiques.

Juillet 20018. Que nous dit Le Monde ?  Qu’ « entre 1 666 et 4 000 » contaminations auraient été évitées si l’Agence nationale de sécurité du médicament avait autorisé plus vite un médicament commercialisé sous le nom de Truvada®.

Le Monde (Paul Benkimoun) donne ici des extraits du rapport de la mission mandatée le 15  mars 2017 par Marisol Touraine, alors la ministre de la Santé – une mission confiée à deux inspecteurs de la prestigieuse institutions – deux « historiques » (MM. Gilles Duhamel et Aquilino Morelle) dont on aurait pu, dans un autre monde, imaginer qu’ils se seraient déportés. Ce qu’ils n’ont pas fait en dépit du concept envahissant de « conflits d’intérêts ».

Retour sur zone : Le Truvada® est un traitement anti-VIH qui peut (aussi) prévenir la contamination d’une personne séronégative lors de rapports sexuels à risques (prophylaxie pré-exposition – PrEP). Le hasard et la fatalité veulent aussi que ce médicament fasse aujourd’hui l’objet d’une peu banale campagne d’affichage par l’association Aides.

Où se nicherait, en cet été 2018, le scandale ? Dans le retard qu’aurait pris l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) à donner son feu vert. Sans ce retard, plusieurs milliers de contaminations auraient pu être évitées. Une sorte de petite réplique tectonique médiatique des retards fautifs pris durant l’été 1985 (sans parler des accélérations coupables décidées en haut lieu quant aux collectes de sang en prison). Autant de sujets que connaissent à la perfection (avec quelques autres) MM Gilles Duhamel et Aquilino Morelle.

Obscurités

« Les retards pointés par l’IGAS ont abouti à des contaminations qui auraient été évitables si la PrEP avait été mise en place, nous explique Le Monde. Pour en évaluer le nombre, la mission IGAS s’est fondée sur des chiffres de la Direction Générale de la Santé qui estimait que  » le nombre de contaminations évitées – grâce à la PrEP – serait potentiellement de 1 000 à 2 400 par an « . Considérant que  » l’instruction de la RTU par l’ANSM s’est anormalement prolongée d’environ vingt mois « ,  » le nombre de contaminations consécutives au retard accumulé  » se situe  » entre 1 666 et 4 000 « , selon les inspecteurs. Toutefois, le nombre de contaminations prévenues serait compris entre 625 et 1 500, du fait que la France n’a pas attendu l’extension de l’autorisation de mise sur le marché européenne du Truvada®, intervenue plus de sept mois plus tard, le 22 juillet 2016. ».

Le Monde, encore :

« La mission  » estime que dans le retard pris par l’ANSM, chacun – des acteurs – porte sa part, variable, de responsabilité « . L’IGAS souligne entre autres  » une faiblesse persistante de la santé publique en France « . La Direction Générale de la Santé est plus épinglée par le rapport pour n’avoir  » pas correctement anticipé les évolutions en termes de prévention de l’infection par le VIH que la chimioprophylaxie allait susciter « . Malgré des réformes depuis plus de vingt ans, cette administration connaît  » un déficit – quantitatif et qualitatif – de compétences et d’expertises qui continue à la pénaliser « . » 

Un verdict auquel  souscrivent les cinq anciens Directeurs Généraux de la Santé que la mission a rencontrés. » Signé : Gilles Duhamel et Aquilino Morelle. Plus d’un quart de siècle après. Conflit d’intérêts ?

A demain

1 Curieusement ce document n’est pas (actuellement) disponible sur le site de l’IGAS. Nul ne doute que ce  manquement à la transparence sera rapidement corrigé.

 

Une réflexion sur “Sida, politique et Truvada® : trente ans après, voici le retour médiatique de la polémique

  1. C’est drôle j’avais cru entendre à une époque que le préservatif etait efficace pour réduire la transmission du VIH ET des IST. J’avais cru comprendre qu’il était peu onéreux et sans effets secondaires notables.
    Je n’ai pas, en revanche, entendu dire qu’il y avait une pénurie d’approvisionnement.
    Donc le refus d’utiliser la capote en l’absence de Truvada c’est la faute des pouvoirs publics ? Ah bon

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