Bonjour
Le hasard n’est-il, tout bien pesé, qu’une fatalité déguisée ? Le jour où cinq présidents gardaient le silence aux obsèques de Louis Fajfrowski, la World Rugby annonçait qu’elle autorisait l’expérimentation, dès cette saison, deux nouvelles règles du jeu dont « l’objectif est de préserver la santé du joueur » (sic).
Ces deux nouvelles règles sont le fruit de plusieurs mois de réflexions menées avec « tous les acteurs du rugby » au sein d’un « Observatoire médical ». Ces deux nouvelles règles « expérimentales » sont les suivantes :
« Introduction du « carton bleu » dans les championnats professionnels entraînant une sortie immédiate des joueurs présentant un signe évident de commotion cérébrale et le remplacement du joueur (sans limitation) ;
« Possibilité de remplacer tout joueur blessé, quel que soit son poste, par un joueur déjà sorti pour raison tactique (dans la limite de 4 joueurs par équipe). Auparavant, cette règle ne concernait que les joueurs de 1re ligne. »
Dans le cadre de cette dérogation une étude spécifique sera mise en place, destinée à suivre l’application de cette expérimentation.
Colosses qui se tamponnent
L’annonce tombe donc à point nommé pour répondre aux critiques virulentes de certains spécialistes comme le Pr Jean Chazal, neurochirurgien, très alarmiste sur les dangers que le rugby d’aujourd’hui fait courir aux joueurs et qui a justement été exclu pour cette raison du comité médical de la Fédération française de rugby. précise La Nouvelle République (Caroline Devos). Pour le Pr Chazal « le problème, c’est que les mesures prises sont des mesures qui interviennent en aval des commotions cérébrales ». « Je ne veux pas faire de polémique, précise-t-il. La Fédération et la Ligue ont beaucoup travaillé. Mais ces mesures n’agissent pas sur la cause des accidents. La cause, c’est que les joueurs sont surdimensionnés. Quand ils sont blessés, la médecine les répare et on les renvoie au feu. »
D’autres spécialistes expriment même plus clairement la question des méthodes employées par les joueurs pour gagner de la masse musculaire et qui, forcément, flirtent allègrement avec le dopage. L’ancien vice-président de la LNR Patrick Wolff estime ainsi qu’il faut « arrêter les demi-mesures ». « Le rugby n’est pas fait pour devenir un sport spectacle, ajoute-t-il, sûrement pas avec des colosses qui se tamponnent. Il faut être intransigeant dans la lutte antidopage. Il faut définir des règles plus strictes. »
Fins des placages au dessus des shorts
Les Anglais, eux, ont opté pour un autre changement dans les règles du jeu qui sera expérimenté cette saison dans le championnat outre-Manche : la limitation de la hauteur des plaquages. On estime en effet que 47 % des blessures causées au rugby le sont sur ces phases de jeu. C’est d’ailleurs malheureusement après un plaquage que le jeune rugbyman d’Aurillac est décédé. »
Les responsables du projet de surveillance des blessures du rugby professionnel, géré conjointement par la Fédération anglaise de rugby, l’Association des joueurs et la Ligue anglaise, avait officiellement transmis en mars dernier une demande à World Rugby afin de prendre des mesures pour limiter les commotions. Leur idée ? Réduire la hauteur des plaquages, qui sont principalement à l’origine de ces blessures.
« Pour étayer sa demande, le groupe explique que le nombre de commotions a nettement augmenté depuis deux ans (15,8 commotions pour 1000 heures de jeu en 2015-16 à 20,9 pour 1000 heures de jeu en 2016-17) et que ces blessures représentent 22% des maux recensés pendant les matches, dont 43% pour les seuls plaqueurs » soulignait alors L’Equipe. Le directeur du service médical de la Fédération anglaise de rugby, Simon Kemp dans The Telegraph :
«Pour faire simple, nous devons éviter les contacts tête contre tête, tête contre genou, tête contre hanche. On veut que le plaqueur entre en contact avec le porteur de balle de sa taille à sa ligne d’épaules. On peut réaliser ce changement de deux manières : soit en changeant la hauteur réglementaire du plaquage, soit en changeant le comportement des joueurs en augmentant la sanction pour les plaquages qui résultent d’un contact avec la tête.»
On peut aussi progresser plus rapidement encore dans le processus de réduction des risques et d’amélioration de la qualité du jeu offert : interdire et sanctionner toute forme de placage « au-dessus du short ».
A demain
Une réflexion sur “Rugby : les Gros Pardessus auront-ils le courage d’interdire les plaquages thoraciques ?”