Bonjour
C’est une alerte doublée d’une équation sans solution. L’affaire est parfaitement exposée sur le site de l’Agence nationale de sécuriré du médicament (ANSM).
Soit l’Androcur® présent sur le marché français depuis près de quarante ans (également commercialisé sous le nom générique d’acétate de cyprotérone). Ce médicament est un dérivé de la progestérone ayant des propriétés anti-androgéniques. Deux présentations :
Androcur® (comprimés à 50 mg) est indiqués chez la femme, dans le traitement de certaines maladies hormonales se manifestant par une augmentation du système pileux (hirsutisme). Chez l’homme, ce médicament est préconisé dans certaines formes de cancer de la prostate.
Androcur® (comprimés à 100 mg) peut notamment être indiqué dans la « réduction des pulsions sexuelles dans les paraphilies en association à une prise en charge psychothérapeutique ».
On sait depuis près de dix ans que ce médicament peut ne pas être sans risque. « Depuis 2009, l’acétate de cyprotérone fait l’objet d’une surveillance particulière suite au signal émis par la France au niveau européen sur le risque d’apparition de méningiome 1. L’évaluation de ce signal par l’Agence européenne des médicaments (EMA) a conduit à faire figurer ce risque dans la notice du médicament en 2011 » rappelle l’ANSM.
Le méningiome est une tumeur, le plus souvent bénigne, qui se développe à partir des membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière (les méninges).
Etude réalisée auprès de 250 000 femmes
C’est ainsi qu’à partir de 2011 la notice du médicament a été modifiée de manière à faire figurer une contre-indication en cas d’« existence ou antécédents de méningiomes » ; une mise en garde précisant que « des cas de méningiomes (simples et multiples) avaient été rapportés en cas d’utilisation prolongée (plusieurs années) Androcur® à des doses de 25 mg et plus par jour.
Pouvait-on en savoir plus ? « Pour préciser la relation entre la prise du médicament et le risque de méningiome, l’Assurance maladie a mené une étude pharmaco-épidémiologique », explique l’ANSM. Cette étude a été menée en coopération avec le service de neurochirurgie de l’hôpital Lariboisière et réalisée auprès de 250 000 femmes exposées au cyprotérone, en comparant celles qui ont reçu de fortes doses (plus de 3 g sur six mois puis poursuite du traitement) à celles faiblement exposée (moins de 3 g sur six mois, puis arrêt du traitement). La survenue d’un méningiome chez ces femmes a donc été surveillée pendant sept ans.
Conclusion : « les résultats de cette étude suggèrent que le risque de méningiome est multiplié par 7 pour les femmes traitées par de fortes doses sur une longue période (plus de 6 mois) et par 20 après cinq années de traitement. » Les résultats complets seront disponibles « ultérieurement ».
Que faire ? Au regard de ces nouvelles données l’ANSM a décidé de créer un comité scientifique spécialisé temporaire composé d’endocrinologues, endocrinologue-pédiatres, gynécologues, neurochirurgiens et dermatologues. Objectif : discuter des conditions d’utilisation et de prescription de ces médicaments afin de limiter ce risque. Les recommandations seront discutées lors d’une prochaine réunion de ce comité.
En pratique, pour toute question, les patients concernés « sont invités à se rapprocher de leur médecin ou de leur pharmacien ». « Ils ne doivent en aucun cas arrêter leur traitement sans l’avis d’un médecin ». L’équation trouvera-t-elle sa solution ?
A demain
1 La question avait initialement fait l’objet d’une publication scientifique en 2008 (« Does cyproterone acetate promote multiple meningiomas ? ») signée par un groupe de neuro-chirurgiens et de médecins dirigé par le Pr Jean-Louis Schlienger (CHU de Strasbourg).
Une réflexion sur “Androcur® : le risque de méningiome augmente avec la durée du traitement. Que faire ?”