Surprise : après la crise du Levothyrox, un début de transparence sur le prix des médicaments ?

Bonjour

Bien joué : l’Agence France Presse est parvenue à se procurer le rapport de la « mission information et médicament » mise en place en décembre dernier – un document formulant une série de recommandations pour « améliorer les informations liées à l’utilisation des médicaments ». Un document que la Ministre Agnès Buzyn ne devait, officiellement, recevoir et commenter que dans l’après-midi. Et l’AFP d’annoncer, dans la foulée, les annonces à venir de la ministre des Solidarités et de la Santé.

Cett initiative avait été prise en septembre dernier, au plus fort de la crise du Levothyrox. Une crise qui avait, une nouvelle fois, mis sur le grill l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM).  C’était lors d’un   long entretien accordé par Agnès Buzyn à Jean-Jacques Bourdin, journaliste-vedette de RMC-BFMTV. La ministre refusait toute accusation de volte-face dans la gestion de cette crise.  Au nom de la transparence elle se disait alors pleinement favorable à la constitution d’une commission d’enquête parlementaire. Et pour améliorer la situation, elle annonçait la constitution une mission sur l’information des malades autour du médicament confiée non au Dr Michel Cymes mais au Dr Gérald Kerziek « urgentiste et journaliste qui fait beaucoup d’information médicale » 1.

Où en sommes-nous un an plus tard ou presque ? Mme Buzyn va sans surprise  « s’engager pour une information plus accessible, plus claire et plus réactive sur le médicament ». Et le ministère de confier que la ministre entend « encourager les remontées d’information de patients et de professionnels de santé ». Et ce avec la mise en place dès cette année d’une « stratégie de promotion de la déclaration des événements indésirables et le développement des technologies permettant de repérer des signaux faibles d’alerte en dehors du système de pharmacovigilance ».

Source unique pour « rétablir la confiance »

La communication d’urgence en cas d’alerte sur un médicament est quant à elle « confiée » à l’ANSM. Comment aurait-il pu raisonnablement en être autrement ? Mais, pour le reste, cette Agence est comme mise sur la touche payant au prix fort l’affaire du Levothyrox.

L’Agence France-Presse précise que la mission d’information juge « nécessaire » d’adopter une communication « plus cohérente, plus rapide et plus transparente » dans les contextes de crise. De façon plus générale, elle préconise dans ses conclusions une « source unique » d’information sur les médicaments, ainsi qu’un « effort accru de transparence » afin de rétablir ou de renforcer la confiance dans les autorités sanitaires.

Et pour répondre à ces recommandations, Agnès Buzyn a décidé de mettre en place « une source unique d’information publique sur le médicament en s’appuyant sur Sante.fr », le service public d’information en santé, en y intégrant le contenu du site officiel sur les médicaments.

Puis, et c’est essentiel, le ministère indique que, pour la première fois, les « patients » vont être représentés au Comité économique des produits de santé – structure qui négocie depuis toujours avec les firmes (et dans l’opacité) les prix ( les rabais et les possibles accords secrets) des médicaments ensuite remboursés par la Sécurité sociale. L’amorce, enfin, des prémices d’un début de transparence ?

A demain

1 Plus précisément la co-présidence de la mission était assurée par Magali Leo, représentante des patients, responsable du plaidoyer de l’Association Renaloo et anciennement chargée de mission du Collectif Interassociatif sur la Santé (aujourd’hui France Asso Santé)  et le  Dr Gérald Kierzek représentant des professionnels de santé, praticien hospitalier et chroniqueur santé pour Europe 1, France Télévisions et Télé 7 jours.

Deux membres de la mission étaient issus de la société civile : Corinne Devos : Administratrice de l’Association François Aupetit (AFA) Crohn RCH France, référente « écoute soutien et éducation thérapeutique du patient » ; Henri Bergeron, sociologue au CNRS-Sciences Po, coordinateur scientifique de la chaire santé de Sciences Po et co-directeur de l’axe santé du laboratoire interdisciplinaire d’évaluation des politiques publiques de Sciences Po

Deux membres de la mission étaient également professionnels de santé : Dr Lucas Beurton-Couraud, médecin généraliste dans le Finistère, élu URPS Bretagne et membre du groupe expert « médicament » du Collège de Médecine Générale ; Dr Béatrice Clairaz-Mahiou, pharmacienne d’officine en région parisienne, élue URPS Ile de France, coprésidente de l’Européenne de pharmacie clinique officinale (EPCO) et spécialisée dans les soins de support et l’accompagnement des patients atteints de cancer.

Les rapporteures de la mission étaient issues du Conseil d’Etat : Dorothée Pradines, auditrice au Conseil d’Etat- Sara-Lou Gerber, auditrice au Conseil d’Etat

 

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