Bonjour
Effet d’aubaine et duplicité de la publicité. « Un cadre stable, des tarifs nationaux, un remboursement Sécu et une pléiade d’opérateurs : depuis samedi 15 septembre la téléconsultation (un des champs principaux de la télémédecine) a pris des quartiers dans l’exercice médical » explique Le Quotidien du Médecin (Sophie Martos).
Et, depuis le 15 septembre, on y voit de moins en moins clair dans la jungle capitaliste et publicitaire. Ainsi, dans le Journal du Dimanche du 16 septembre, en page 15, cette page qqui ne manque pas d’air : « Téléconsultations médicales. Satisfaits et remboursés ». Une page achetée par Qare.
« Consultez un médecin en vidéo. Bénéficiez, depuis le 15 septembre 2018, des mêmes conditions de prise en charge et de remboursement que celles qui s’appliquent aux consultations en cabinet. Parlez en vidéo à un praticien en moins de 5 minutes, 7j/7 depuis votre ordinateur ou votre smartphone. Obtenez, si nécessaire, des ordonnances valables en France et dans toute l’Union Européenne. Vos données personnelles de santé sont stockées chez un Hébergeur Agréé de Données de Santé (HADS) et l’ensemble du service respecte le secret médical. »
Mieux encore :
« Nos médecins et professionnels de santé. Tous les médecins et les professionnels de santé Qare exercent en France. Ils sont recrutés et formés spécialement pour la pratique de la vidéo consultation. Les équipes médicales Qare sont disponibles pour vous livrer un diagnostic, vous donner un conseil ou tout simplement pour vous accompagner et vous rassurer. »
Et toujours plus fort :
« Les Offres Qare. Choisissez la formule qui vous convient le mieux. Nos Offres sont sans engagement et résiliables en ligne à tout moment Nos offres incluent toutes vos consultations vidéo avec des médecins et des professionnels de santé francais (en illimité et sans coût supplémentaire) ainsi que la délivrance, si nécessaire, d’ordonnances en ligne valables en France et dans toute l’Europe, un carnet de santé sécurisé mais aussi des services de prévention et de suivi personalisés. Voir les spécialités proposées par Qare »
Douleurs et publicités
« Qare » ? Une jeune pousse qui montait avant de vouloir, soudain, grimper. « Enfant malade, douleur lancinante… Qui n’a jamais rêvé de pouvoir consulter un médecin sur-le-champ, quel que soit l’endroit ou l’heure ? C’est désormais possible avec Qare, un service de télémédecine qui s’est lancé en France en novembre dernier. Ce site permet, moyennant un abonnement mensuel sans engagement, de réaliser des consultations illimitées en vidéo avec des médecins, 7 jours sur 7 (précisions données en février dernier par Capital). Son gros point fort : la possibilité de décrocher une consultation avec un généraliste en un temps record, de 9h à 23h du lundi au samedi et de 11h à 19h le dimanche. »
Nicolas Wolikow, fondateur et patron de Qare expliquait que cette « solution innovante » avait un « coût ». « Compter 29 euros par mois pour une seule personne, 49 euros pour toute la famille (conjoint et enfants), sachant que les 30 premiers jours sont gratuits. Pas négligeable, mais il est ensuite possible de solliciter autant de consultation que l’on souhaite, sans frais supplémentaire. » En février aucune prise en charge par une mutuelle ou la Sécurité sociale n’était possible. « Mais nous nous battons pour cela et suivons de près les discussions entre l’assurance maladie et les professionnels de santé qui viennent de s’ouvrir sur le sujet » confiait Nicolas Wolikow.
Du grain et de l’ivraie
Gagné, donc, pour cette start-up soutenue par Kamet Ventures, un fonds d’investissement appartenant à l’assureur Axa et qui avait levé 8,5 millions d’euros en 2017. Gagné ? Nicolas Revel, patron de l’assurance maladie vient de déclarer via Le Quotidien (Marie Foult) :
« Il est formidable de voir que des publicités fleurissent sur des plateformes de téléconsultations commerciales en ligne, faisant croire que cela va être remboursé par l’assurance-maladie, alors que cela n’est pas le cas ! Nous allons continuer à communiquer pour dire que la télémédecine c’est entre un médecin et un patient qui se connaissent et se voient régulièrement (…) sinon pour moi c’est de la mauvaise médecine ».
Où l’on voit que M. Revel sait faire la part entre la bonne et la mauvaise médecine. Mais aussi et bien curieusement qu’il n’a pas su, en amont séparer le vrai bon grain de la méchante ivraie. Pourquoi ? Qui, désormais, s’y attelera ? De quel poids pèse et pèsera, ici, le géant Axa ?
A demain