Bonjour
24 septembre 2018. Les médias généralistes attendent fébrilement l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) sur l’extension de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes homosexuelles et aux femmes seules. Il sera rendu public demain. Un avis qui, sans surprise, devrait conforter celles et ceux qui sont favorables à cette évolution « sociétale ». Comme Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la santé qui l’a confié hier sur les ondes de France Inter.
Dans l’attente voici un rapport signé d’un provocateur formé aux meilleures écoles de la République, enseignant la philosophie « libérale » et auteur prolixe : Gaspard Koenig. Gaspard Koenig ici « aidé de sa petite bande d’intellectuels libéraux (de droite comme lui, mais aussi de gauche) », précise Le Journal du Dimanche (Anne-Laure Barret). Le JDD qui révèle la quintessence de ce document.
« La GPA est une pratique qui ne nuit pas à autrui, formellement interdite pour des raisons morales, et dont la prohibition crée de l’injustice » estime M. Koenig qui se plonge ces temps-ci dans la Bible, où il trouve « toutes sortes d’étranges agencements familiaux ». Son propos « provocateur mais finement argumenté » relaie donc un rapport décoiffant produit par Génération libre, le think tank qu’il préside. « Nous avons travaillé dur pendant deux ans pour arriver à la conclusion que réguler était plus difficile que prohiber » résume M.Koenig.
Pour le préfacier du rapport, Daniel Borrillo, juriste d’origine argentine, la GPA « s’inscrit dans la continuité de l’IVG », réactualisant « la question de la disposition de soi », au nom d’une « liberté procréative ». « Nous montrons, de manière très précise, comment la GPA pourrait être légalisée en France et proposons une politique publique concrète (…) Au nom de quoi interdire à des gens qui le font de manière consciente et contractualisée de se rendre un service ? » poursuit Gaspard Koenig.
Argumentaire de Génération Libre :
« A droite, comme à gauche, la question de la GPA divise. ‘’Réification’’ de l’enfant, exploitation et marchandisation du corps de la femme, esclavage moderne… la GPA est l’objet de nombreuses craintes, méfiances et s’avère souvent mal comprise.
Pour autant, près de la moitié des Français est favorable à l’ouverture de la GPA aux couples hétérosexuels, comme homosexuels (sondage Ifop 2018). Perçue comme un progrès médical ouvrant à tous la possibilité d’avoir un enfant, la GPA s’inscrit, similairement à l’IVG, dans la défense du principe de la libre disposition de son corps et valorise une parenté fondée sur l’engagement.
Dans ce rapport, Génération Libre plaide pour la légalisation de la GPA en France et défend un cadre légal garant des droits et devoirs de chacune des parties en jeu. Tirant les conclusions de l’échec de la politique de prohibition en France, et s’inspirant des modèles en vigueur dans certains pays, ce rapport entend définir les contours d’une loi introduisant un encadrement juste et efficace de la GPA en France. Ce cadre légal permettra une régulation efficace et protègera les parties de toute forme d’abus.
Légaliser la GPA est une question de droit fondamental. C’est rendre aux femmes la libre disposition de leurs corps et garantir aux enfants nés de GPA à l’étranger les mêmes droits qu’à tous les enfants. Enfin, c’est reconnaître l’émergence de nouveaux modèles familiaux et valoriser une nouvelle forme de parenté, fondée sur la notion de projet. »
Résumons. Un « service », entre personnes conscientes et consentantes, vraiment ? Un « contrat » ? Rémunérer la femme « pour le travail effectué », elles qui « depuis la nuit des temps fabriquent des enfants gratuitement » ? Des mères porteuses salariées et « dont la grossesse serait prise en charge par la Sécurité sociale » ?
On peut voir là, sous couvert de philosophie libérale, la prochaine étape d’une marchandisation du corps des femmes – et plus généralement, après-demain, de la réification des corps humains ?
A demain
Je peux me tromper, mais est-ce qu’il ne s’agit pas là, comme pour l’ivg en son temps, de surtout encadrer une pratique existant déjà, malgré la loi ? Auquel cas il s’agirait d’un progrès puisque d’une part l’enfant à naitre serait protégé, d’autre part la femme gestante auraient des droits.
Quant à la morale… elle n’est pas affaire de médecine mais d’humains, et je me garderai bien de trancher.