Cabines à bronzer cancérogènes: Agnès Buzyn aura-t-elle le courage de les faire fermer ?

Bonjour

Au-delà de la cancérologie c’est un avis éminemment politique que vient de rendre l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) :  « Cabines de bronzage : l’Anses rappelle le risque avéré de cancer de la peau ». Elle demande en effet  « aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l’exposition de la population aux UV artificiels » devant le risque « avéré » de cancer. Ancienne spécialiste de cancérologie, ancienne présidente de l’Institut national du cancer, aujourd’hui ministre des Solidarités et de la santé, Agnès Buzyn ne peut cette fois, reculer : elle se doit de trancher.

On peut le dire autrement. Comme l’a fait Olivier Merckel, chef de l’unité d’évaluation des risques aux agents physiques à l’Anses  à l’Agence France-Presse (AFP) : recommander  « l’arrêt de l’activité liée au bronzage artificiel, et aussi l’arrêt de la vente d’appareils délivrant des UV à visée esthétique notamment aux particuliers ».

Marisol Touraine

Depuis 2009 le Centre international de recherche sur le cancer qualifie de « cancérogènes certains » les rayonnements artificiels. L’Anses, dans un précédent avis de 2014, conseillait déjà « la cessation à terme de tout usage commercial du bronzage par UV artificiels » et jugeait que la dernière réglementation en date (2013) « constituait une réponse partielle et insuffisante au regard du risque avéré de cancers cutanés pour les utilisateurs ».  Puis les dermatologues et l’Académie nationale de médecine étaient montés en première ligne. C’était en février 2015. Puis Marisol Touraine, ministre de la Santé, avait fait preuve d’une étrange mansuétude.

« On ne peut plus attendre », déclare aujourd’hui , Olivier Merckel. Les données scientifiques s’accumulent, il n’y a plus de doute, on a des preuves solides. » « Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l’âge de 35 ans augmentent de 59 % le risque de développer un mélanome cutané. En France, il a été estimé que 43 % des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attribués à une utilisation de ces cabines avant l’âge de 30 ans », résume l’Anses. Et Olivier Merckel de rappeler que la réglementation interdit la pratique du bronzage en cabines aux mineurs, – « alors que  les contrôles montrent qu’il y a encore une fraction non négligeable des moins de 18 ans qui le pratiquent ».

382 cas de mélanome en 2016

En 2016, 63 % des 982 cabines contrôlées par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) se sont révélées non conformes (manquements à la sécurité ou de non-respect de la réglementation, qui interdit la publicité et les promotions). Certains appareils n’avaient fait l’objet d’aucun contrôle technique depuis sept ans, ou étaient opérés par des personnels sans aucune formation ni aucun diplôme d’esthétique. Que fait la police sanitaire ?

Selon un calcul récent publié par l’Agence, en France en 2015, chez les adultes de plus de 30 ans, 10 340 cas de mélanomes pouvaient être attribués à l’exposition solaire et 382 cas de mélanomes à l’exposition aux appareils de bronzage (1,5 % des cas de mélanomes chez les hommes et 4,6 % chez les femmes). Outre le risque de cancer, les rayonnements artificiels non seulement « ne préparent pas la peau » au bronzage, « ne protègent pas des coups de soleil », « ne permettent pas un apport significatif de vitamine D » mais provoquent un vieillissement de la peau « quatre fois plus rapide avec les lampes de bronzage qu’avec le soleil ».

Pourquoi, dès lors, attendre ? Pourquoi ne pas faire comme le Brésil et l’Australie qui ont interdit les cabines de bronzage ?  « Ce n’est pas à nous de décider mais aux pouvoirs publics », observe M. Merckel. Contacté par l’AFP, le ministère de la santé dit ne pas avoir encore « défini sa décision ». L’avis ne lui a été transmis qu’il y a « quelques jours ». La lettre a-t-elle été ouverte ? De qui se moque-t-on ?

A demain

Une réflexion sur “Cabines à bronzer cancérogènes: Agnès Buzyn aura-t-elle le courage de les faire fermer ?

  1. Cette affaire me dérange…un peu.

    Quid, par exemple, du tabac, cancérigène lui aussi, et des bureaux de tabac ?
    D’autant que certains font campagne en vue de déréglementer l’usage de certaines drogues (je ne parle pas de l’usage thérapeutique), dont la communauté scientifique dit pourtant la nocivité.

    Avertir, en grand, même en très grand, déconseiller, pour que chacun soit responsable de soi-même, pourquoi pas…
    En faire une affaire d’information, d’amélioration de l’éducation, de la formation et de la culture générale de base (comme pour bien des choses dont le niveau de connaissance est insuffisant dans notre société), cela me paraît de bon sens.
    Mais tout réglementer et interdire, ça devient pesant.

    Je n’ai pas d’avis tranché, ceci dit.
    Et vous m’avez convaincue de fuir totalement les cabines de bronzage, et je donnerai le même conseil à mon entourage.

    Mais il y a un problème de principe, de vision de la société que nous voulons construire.
    Car, tout de même, je trouve que l’air du temps devient de plus en plus lourd et irrespirable, un carcan d’interdits… alors que pourtant l’on nous empoisonne par ailleurs contre notre gré (cf les débats sur de multiples molécules et substances nocives qu’on nous impose dans l’air, la nourriture, etc).

    Alors je ne sais pas trop, si je devais cocher les cases d’un questionnaire fermé, disons que ce serait « sans opinion » quant à l’interdiction totale des cabines de bronzage, mais pas tout à fait sans opinion tout de même.
    A bon entendeur…

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s