Bras de fer du tonnerre à Saint-Brieuc : cent-vingt médecins défient leur direction hospitalière

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Comment « manager » un hôpital contre son corps médical ? Phénomène sans précédent au centre hospitalier de Saint Brieuc (Côtes d’Armor) :  près de cent-vingt médecins, dont les quarante-huit membres de la commission médicale d’établissement (CME), viennent de démissionner de leur fonction administrative dans les différentes commissions (médicale, matériel, gardes et astreintes, lutte contre les infections nosocomiales) de l’établissement. Tous ont écrit et signé un courrier que le président de la CME a remis sur le bureau de la direction. « C’est près d’un tiers des personnels médicaux de l’hôpital qui signifie ainsi leur désapprobation. Tous continuerons en revanche leur activité de soins » résume Le Quotidien du Médecin (Martin Dumas Primbault).

Pourquoi ? A cause, dit-on, de « plusieurs décisions controversées de la direction ». A commencer par le non-remplacement de quarante-deux CDD au sein de différents services de l’établissement  (1 247 lits et places répartis sur deux sites principaux). Mais celle qui agace le plus les médecins, c’est le projet de création d’un nouveau pôle ambulatoire qui coûterait 25 millions d’euros, explique au « Quotidien » le Dr Christian Brice, urgentiste au sein de l’hôpital. « À côté de cela, aucun autre projet proposé par la communauté médicale n’avance », se désole le praticien encarté à l’Association des médecins urgentistes de France. Dans son service, huit postes ont été supprimés dont celui de l’agent de sécurité chargé de protéger les personnels des violences aux urgences.

Objectif de la démission groupée : « rompre tout lien médico-administratif » avec une direction privilégiant une transmission verticale. Pour sa part la direction a pris acte de la démission des médecins qu’elle attribue à « un contexte de déficit important depuis l’année dernière, situation que l’établissement n’avait pas connue depuis de nombreuses années ». Elle se propose aussi de « faire évoluer le management de l’établissement et relever les enjeux de l’hôpital de demain ».

Une grave crise du management

L’affaire est également traitée par Medscape France : « Médecins du CH de Saint-Brieuc : les vraies raisons de leur démission » (Philippe Anaton). Où l’on apprend que les démissionnaires ne remettent pas en cause les projets de restructuration portés par le centre hospitalier. Bien au contraire. Dans un communiqué expliquant leur geste, la communauté médicale de Saint-Brieuc dit ainsi approuver, par exemple, « le projet de bâtiment ambulatoire, projet qui a été mené en concertation avec les soignants ».

La communauté médicale de Saint-Brieuc n’a pas non plus démissionné pour protester contre un manque de personnel. « La démission collective des médecins de Saint-Brieuc est le résultat d’une crise du management vieille de dix-huit mois, analyse Medscape. Cette crise a débuté en mai 2017, suite à une réunion médicale exceptionnelle organisée par le président de la CME, Benoit Moquet, et la vice-présidente, le Dr Cinthia Garignon. Cette réunion avait pour but de répondre à un malaise grandissant dans la communauté médicale. Quatre-vingt médecins réunis avait alors exprimé leur défiance vis-à-vis de la direction de l’établissement (…) »

Nouvelle crise aujourd’hui, et nouvelle mobilisation des médecins qui ont de nouveau fait part de leur inquiétude quant à l’évolution de leur établissement et du GHT des Côtes d’Armor auquel il appartient. La direction a proposé de nouveau une médiation, rejetée du revers de la main par la communauté médicale. « Plutôt qu’une médiation, nous demandons qu’un véritable diagnostic soit porté sur le mode de gouvernance de cet établissement », écrivent les médecins dans leur communiqué. Comment mieux dire ?

Si l’on en croit l’Agence de Presse Médicale, la direction aurait indiqué avoir « entendu les attentes exprimées par la communauté médicale et souhaite retrouver rapidement la voie d’un travail collaboratif en confiance ». Pour autant la situation est plus bloquée que jamais. Et voici Paris qui s’inquiète : une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales a été ouverte.

A demain

2 réflexions sur “Bras de fer du tonnerre à Saint-Brieuc : cent-vingt médecins défient leur direction hospitalière

  1. La preuve est faite que le corps médical a bien les moyens, à condition de le vouloir et de jouer collectif, de contrer la toute puissance administrative hospitalière pour peser sur l’avenir de l’hôpital public et revenir à ses fondamentaux que les technocrates ont perdu de vue ! …

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