Bonjour
L’affaire sent la poudre sinon l’embrocation. Dans un entretien aux Echos Agnès Buzyn allume la mèche : feu vert gouvernemental à une mesure législative qui suscite déjà l’ire médicale. Tout a commencé il y a quelques jours lors de la discussion, en commission, du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Seize députés 1de la majorité présidentielle (LREM) ont fait adopter un amendement explosif . Pitch :
« Les médecins, les pharmaciens et les autres professionnels de santé sur un même territoire doivent pouvoir coopérer facilement, sans passer par des voies dérogatoires, et ce, afin de faciliter l’accès aux soins des patients. Aussi, les pharmaciens d’officine doivent pouvoir dispenser certains médicaments à prescription médicale obligatoire dans le cadre d’un protocole conclu avec le médecin traitant et/ou les communautés de santé des structures d’exercice coordonnées. La liste de ces médicaments est définie par arrêté des ministres.
Ceci est dans la droite ligne des coopérations recherchées aux travers des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) qui devront mailler le territoire. En mars 2018, 20 % des officines suisses proposaient ce service aux patients. Plusieurs pathologies ont été identifiées comme la cystite, la conjonctivite ou l’eczéma par exemple. Des arbres de décisions ont été définis pour harmoniser la qualité et la sécurité de la dispensation de ces médicaments par le pharmacien d’officine. »
Contre toute attente confraternelle la ministre des Solidarités et de la Santé n’y est pas opposée. Dans Les Echos elle cite « certaines pathologies » en traduisant le texte de l’amendement « infections urinaires, orgelet, angine, etc. », des petites maladies « où le diagnostic est facile », et pour lesquelles « on peut imaginer que les médecins et les pharmaciens se mettent d’accord localement sur une forme de délégation de compétence ».
« L’idée est intéressante, jugeait, il y a quelques jours le Dr Olivier Véran député (LREM, Isère) et proche de Mme Buzyn. Le gouvernement aura peut-être à cœur de retravailler les choses pour que l’expérimentation entre dans les cadres nécessaires. Mais en l’état, on est favorable sous réserve de l’avis de la ministre en séance publique ».
René Descartes et Wikipédia
On attend la position de l’Ordre. « Aussitôt connu, cet amendement a soulevé un tollé du côté des médecins libéraux » rapporte Le Quotidien du Médecin (Loan Tranthimy). La CSMF dénonce « une remise en cause complète des contours de métier ». « Cela revient à donner au pharmacien la responsabilité d’un diagnostic médical et d’une prescription de médicaments habituellement prescrits par le médecin », analyse le syndicat. Son président Jean-Paul Ortiz souligne que « le protocole est général alors que chaque individu est un cas à part. Je pense cela va générer de la non-qualité et un retard de diagnostic comme traiter une cystite alors que c’est un calcul enclavé près de la vessie. On ne peut pas mettre la médecine dans des protocoles, ce serait facile ».
« À quoi jouent les députés ? demande le Dr Jean-Paul Hamon. Le président de la FMF rappelle qu’il a « toujours défendu les pharmaciens d’officine, barrières de sécurité sanitaire indispensables, mais s’est toujours opposé à ce que les pharmaciens changent de métier…sous prétexte de sauver un exercice en péril ! ». Quant à MG France, il juge la méthode des députés « inacceptable » sans pour autant opposer un refus de principe.
Sans surprise la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) estime que cet amendement est « de bon sens ». Un concept qui, on le sait depuis René Descartes et Wikipédia, est la chose du monde la mieux partagée ». Ou pas.
A demain
1 Mme Bagarry, Mme Cazarian, Mme Bureau-Bonnard, Mme Krimi, Mme Vanceunebrock-Mialon, Mme Dupont, Mme Robert, Mme Tuffnell, M. Pont, Mme Vidal, Mme Khattabi, M. Maillard, M. Daniel, M. Sommer, Mme Khedher et M. Fiévet. Mis au vote, cet amendement avait été adopté en commission grâce au soutien du rapporteur général le député (LREM, Isère) et médecin neurologue hospitalier Olivier Véran.
2 Descartes R. Discours de la Méthode. « Le bon sens est la chose du monde la mieux partagée : car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose, n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont. En quoi il n’est pas vraisemblable que tous se trompent ; mais plutôt cela témoigne que la puissance de bien juger, et distinguer le vrai d’avec le faux, qui est proprement ce qu’on nomme le bon sens ou la raison, est naturellement égale en tous les hommes ; et ainsi que la diversité de nos opinions ne vient pas de ce que les uns sont plus raisonnables que les autres, mais seulement de ce que nous conduisons nos pensées par diverses voies, et ne considérons pas les mêmes choses. Car ce n’est pas assez d’avoir l’esprit bon, mais le principal est de l’appliquer bien. Les plus grandes âmes sont capables des plus grands vices, aussi bien que des plus grandes vertus ; et ceux qui ne marchent que fort lentement peuvent avancer beaucoup d’avantage, s’ils suivent toujours le droit chemin, que ne font ceux qui courent, et qui s’en éloignent (…).»
A reblogué ceci sur The Ad Spreadet a ajouté:
La position de notre ministre de la santé est pour le moins surprenante à plus d’un titre:
-par le fait que la profession de pharmacien se voit attribuer un droit de prescription médicale alors qu’elle n’est pas une profession médicale donc sujette à exercice illegal de la médecine.
-alors que l’on promeut l’usage de la e-santé et de la télémédecine,pourquoi octroyer une telle derogation au pharmacien là où la téléconsultation associée à la prescription électronique y trouverait sa légitime place?
-Quid de la responsabilioté médicale, des obligations de sécurité de résultat:sera t elle, de fait, déléguée ou transferee au pharmacien prescripteur? Qu’en pensent les assureurs en RCP?
Une fausse bonne idée!
Laisser prescrire les pharmaciens, ils le font déjà pour les rhino-pharyngites virales. Au final les patients viennent consulter toujours le médecin donc si prescription pharmacien = premier remboursement + consultation médicale pour complication = deuxième remboursement = on a inventé le nouveau déficit = après l’adage CQ un bon médecin est un médecin (mort) qui ne prescrit plus on aura le nouvel adage un bon pharmacien est un pharmacien( mort) qui ne prescrit plus ! On a la désertification médicale donc après les médecins les pharmaciens , la poste c’est déjà fait , il ne restera demain plus que des maisons de retraite puisque la ministre ferme les maternités. On pourrait peut-être veiller à améliorer les procédures