SAMU en justice : Didier 51 ans et tabagique, n’est pas mort d’avoir «mangé des épices»

Bonjour

« Un médecin du Samu bientôt jugé pour non-assistance à personne en péril » révèle Le Point (Marc Leplongeon). Une affaire qui n’est pas sans faire songer à celle qui, à Strasbourg, conduisit à la mort de Naomi Musenga, 22 ans, en décembre dernier.

Les faits datent du 9 avril 2010. Dans la nuit Stéphanie, l’épouse de Didier, compose le 15 du Samu 31 (hôpital Purpan – Toulouse). Très inquiète, elle explique que son mari a très mal à la poitrine, sue abondamment et paraît soudainement très fatigué. Il semble avoir du mal à respirer. « Il ne peut pas ouvrir la main », explique Stéphanie. Avant de poursuivre : « Il a perdu la boule. » Didier n’est pas capable de tenir une conversation et ne peut pas prendre le téléphone. Sur l’enregistrement de la conversation, on entend ses gémissements et ses cris de douleur.

Le malade a pris du Gaviscon (un traitement symptomatique du reflux gastro-œsophagien) qui ne l’a pas soulagé. « Mais Jean-Pierre, un des médecins libéraux expérimentés qui participe ce soir-là, à la régulation de la permanence des soins du Samu 31, et qui y travaille depuis 2008, ne paraît pas s’alarmer outre mesure. Son interrogatoire est lapidaire, rapporte Le Point. ‘’Lacunaire’’, dira plus tard la justice. Il ne pose que quelques questions types : Avez-vous bu de l’alcool ? Êtes-vous pris de vomissements ? De diarrhées ? Avez-vous de la fièvre ? Quels sont vos antécédents médicaux ? etc. ». Le Point :

« Dans le doute, Jean-Pierre fait tout de même appel à un praticien de SOS Médecin pour se rendre chez Didier pour une simple visite domiciliaire. Mais aucune urgence n’est évoquée au téléphone, Jean-Pierre se contentant de parler de ‘’violentes douleurs épigastriques avec une gêne respiratoire’’. ‘’ Il y a une épidémie de mal à l’estomac ce soir. Il a dû manger des épices’’, ajoute le médecin. Didier décède dans la soirée d’un infarctus du myocarde. Quelques jours plus tard, Stéphanie, son épouse, porte plainte contre le Samu, l’hôpital Purpan de Toulouse et les deux médecins. »

Infarctus du myocarde

Le juge d’instruction saisi de l’affaire prononcera un non-lieu général, estimant que le délit d’omission de porter secours n’est pas constitué – puisqu’il n’est pas prouvé que les médecins ont eu « conscience du caractère de gravité du péril » auquel se trouvait confronté Didier. La famille fait appel et la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse, le 11 septembre 2018, décide de renvoyer Jean-Pierre devant le tribunal correctionnel. S’appuyant sur les analyses de deux spécialistes et des enregistrements vidéo, elle juge que le médecin ne pouvait « se méprendre » sur le risque auquel était exposé Didier. L’un des experts note : « à aucun moment, l’origine coronarienne ou aortique de la douleur n’a été évoquée ».

« En matière de prise en charge en urgence d’un patient, il ne s’agit pas de faire un diagnostic téléphonique précis, mais de savoir suspecter un diagnostic grave qui pourrait mettre en jeu le pronostic vital du patient ; qu’en l’espèce, à l’âge de 51 ans, dans le contexte d’un tabagisme porté à la connaissance des intervenants, les symptômes de Didier devaient être considérés jusqu’à preuve du contraire comme des manifestations douloureuses pseudo-digestives associées à des manifestations vagales d’un infarctus du myocarde. »

Selon Le Point la Cour de cassation vient de confirmer le renvoi du médecin devant le tribunal correctionnel pour que l’affaire soit tranchée au fond. La Cour de cassation note : « Aucun test n’est proposé pour valider ou infirmer l’hypothèse d’un syndrome coronarien aigu ; les conseils prodigués consistent à demeurer allongé pour éviter un malaise vagal et à prendre de l’Omeprazole (un inhibiteur de la pompe à protons réduisant la sécrétion acide de l’estomac) alors que deux médicaments similaires ont déjà été tentés. »

Pour sa part le CHU de Toulouse souligne qu’il a « collaboré activement à l’instruction et a transmis le dossier médical ainsi que les bandes d’enregistrement du Samu (sic) », dont les professionnels « assurent tous les jours leur mission de service public de prise en charge des urgences médicales avec un haut degré d’exigence ».

A demain

@jynau

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