Bonjour
Ainsi donc, #Implant Files. Comment l’affaire du « scandale sanitaire mondial sur les implants médicaux » va-t-elle évoluer en France ? Après la salve inaugurale dominicale du 25 novembre l’heure est à la dissémination hexagonale des fragmentations. France 2 offre déjà des extraits on ne peut plus tristement trash de son prochain Cash investigation. Les autres partenaires annoncent la livraison des fruits de leurs enquêtes.
Et le cœur du sujet reste bel et bien le même : éclairer sur l’obscurité du système international de certification des dispositifs médicaux implantables – et, corollaire, sur les failles de la surveillance de ces dispositifs implantés. Ce qui (sauf à se borner à la mise en scène télévisée de quelques « douloureux cas individuels ») nécessite de faire œuvre d’une assez bonne pédagogie journalistique.
Pour sa part Le Monde (Chloé Hecketsweiler, Emeline Cazi et Maxime Ferrer) poursuit son attaque en dévoilant sa méthodologie d’investigation : « Implants médicaux : les incroyables lacunes de la surveillance en France. Les déficiences de la base de matériovigilance empêchent de détecter les problèmes dans l’Hexagone. » Et il le fait en partant en guerre contre l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) – environ 1 000 salariés auxquels s’ajoutent 2 000 experts réguliers ou occasionnels ; budget de plus de 150 millions d’euros provenant pour l’essentiel des taxes et redevances prélevées sur l’activité de l’industrie pharmaceutique.
Où l’on apprend que lorsque Le Monde a adressé un mail, le 13 mars dernier, à l’ANSM pour consulter les données chiffrées sur les incidents liés aux implants médicaux, c’est un « non poli » qu’il reçoit. « Votre demande, telle qu’elle est formulée, ne permet pas à l’agence d’identifier les documents souhaités », écrit le Dr Dominique Martin, directeur général de l’ANSM depuis 2014 – « lettre recommandée » du 12 avril. Et d’ajouter que cette demande « nécessite des recherches approfondies », qui représentent une charge de travail excédant ce qui est prévu par la loi qui autorise l’accès aux documents administratifs.
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé
« Il est surprenant qu’une simple liste des implants ou des incidents soit considérée comme une tâche insurmontable. Il a fallu d’innombrables relances pour mieux comprendre les « précisions » attendues, écrit aujourd’hui le quotidien vespéral. ‘’On va vous transmettre ce qui est possible’’, indique enfin l’ANSM fin mai (…) Après d’autres relances, l’ANSM produit des captures d’écran difficilement exploitables qui nécessiteront un nouveau décryptage (…) ». Saisine de l’Assurance-maladie. Même refus, même impossibilité de connaître les détails et les chiffres réclamés.
Puis l’ANSM annonce au début de l’été, l’envoi imminent d’un gigantesque fichier de 40 gigaoctets. « Arrivé le 16 juillet, il ne pèse en réalité que 40 mégaoctets, soit mille fois moins et de nombreux champs essentiels ne sont pas renseignés, dévoile le quotidien. Dans la quasi-totalité des cas ne figurent ni l’âge du patient ni son sexe. 36 % des champs ‘’ dysfonctionnements’’ et 81 % des ‘’conséquences cliniques’’ sont vides. Sans compter de nombreuses incohérences de dates. ‘’Aucune information n’a été occultée dans ce tableau’’, assure l’ANSM. Une conclusion s’impose : il n’y a tout simplement pas de base fiable de matériovigilance en France. »
Ainsi donc quinze demandes d’accès aux documents administratifs ont été envoyées, à l’ANSM, à l’Assurance-maladie, aux pharmacies hospitalières dont celles de l’AP-HP, à la Haute Autorité de santé (HAS), au Comité économique des produits de santé. Sans succès. Pourquoi, face à cette obscurité, ne pas avoir conférer une dimension politique au sujet ? Et pourquoi, face au silence administratif, ne pas avoir interrogé la ministre des Solidarités et de la Santé ?
A demain
@jynau