Bonjour
C’est une tribune sans précédent. On la trouve sur le site du Journal du Dimanche, signée par plus d’une centaine de médecin de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris : « Martin Hirsch, faites comme Nicolas Hulot » 1. Une opération menée par un défenseur tenace et bien connu de l’hôpital public : le Dr André Grimaldi, professeur émérite d’endocrinologie-diabétologie à la Pitié Salpêtrière (Paris).
Cela commence ainsi :
« Cher Martin Hirsch, pour l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, les années se suivent et, hélas, se ressemblent. En 2017, l’AP-HP, que vous dirigez, enregistrait un déficit de près de 200 millions d’euros. Vous nous expliquiez alors que nous nous « focalisions » trop sur la question du financement en nous renvoyant gentiment à nos responsabilités en matière d’activité, d’organisation, d’animation d’équipe et d’amélioration de la qualité des soins… Votre plan de redressement financier misait sur une stabilité de la masse salariale et, de façon assez irréaliste, sur une reprise de l’augmentation de l’activité pour compenser la baisse autoritaire des tarifs. Vous avez, en fait, réussi à diminuer les effectifs de près de 500 agents, mais l’activité n’a pas augmenté.
« Cette course sans fin à l’activité poussée jusqu’à l’absurde ne fonctionnera plus. À nouveau, l’AP-HP va connaître pour 2018 un déficit de près de 200 millions d’euros. Faute de pouvoir compter sur un accroissement des recettes, vous avez annoncé une poursuite de la diminution d’effectifs de 800 à 1.000 postes chaque année jusqu’en 2023. Le temps passé par les soignants au lit des malades va encore diminuer. Quelle que soit leur pertinence, les changements annoncés dans le plan de restructuration prévu pour la ’’nouvelle AP-HP’’ n’y changeront rien. La diminution du nombre de services et la réduction des effectifs entraîneront inévitablement une baisse d’activité. (…)
Etre rémunéré pour éconduire
Suit une démonstration selon laquelle les hôpitaux français ne peuvent qu’enregistrer des déficits dans la mesure où le budget qui leur est alloué croît chaque année entre 2 et 2,5 % quand les dépenses programmées augmentent, elles, de plus de 4%. Dès lors les signataires de poser cette douloureuse question éthique à leur directeur général : le moment n’est-il pas venu, pour lui, de refuser d’appliquer une politique qui dégrade la qualité des soins ? Refuser d’appliquer une baisse automatique des tarifs, une sous-valorisation de la recherche, une réduction des dotations pour les maladies rares comme pour les patients précaires ?
Une politique menée aujourd’hui par Agnès Buzyn « sans aucune justification possible autre que le choix de transférer une partie du déficit de l’assurance maladie aux hôpitaux et la volonté de contraindre ces derniers à restreindre leur activité ». Et ce « quitte à réduire l’offre de soins et à en dégrader la qualité ». Sans même revenir sur cet ahurissant dernier avatar législatif d’une « rémunération des hôpitaux pour éconduire les patients arrivant aux urgences en les adressant à la médecine de ville ».
Martin Hirsch est ici quelque peu fragilisé par son dernier ouvrage : L’Hôpital à cœur ouvert (Stock), publié il y a un an. Il y professait notamment que le fil rouge de son action était la « qualité des soins ». Pour les signataires de la tribune, observateurs plus que privilégiés de l’action de leur DG cette qualité n’a cessé de se dégrader, parallèlement à l’aggravation des conditions de travail des aides-soignantes, des infirmières, des cadres de santé, des secrétaires, des internes et des médecins. Si Martin Hirsch n’en est évidemment pas personnellement et directement responsable il ne sautait expliquer que la faute en revient « aux personnels réfractaires au changement, accrochés à leur statut, à leurs routines et à leurs « privilèges » ».
Conclusion de la centaine de signataires hospitalo-universitaires:
« En tant que personnalité politique intervenant régulièrement sur la scène médiatique, vous vous posez sûrement la question : « Quelle est ma ligne rouge, celle que je n’accepterai pas de franchir pour ne pas trahir mes valeurs? » Nous ne connaissons pas votre réponse intime. Mais le moment n’est-il pas venu pour vous de refuser d’appliquer cette politique en plaçant le gouvernement face à ses responsabilités ? Par exemple, à l’occasion d’une intervention solennelle lors de la matinale de France Inter. »
A demain
@jynau
1 Hulot N. « Je prends la décision de quitter le gouvernement » France Inter, 28 août 2018
Moins de lits, génial.
Ca va sûrement améliorer la prise en charge aux urgences.
Je suggère de supprimer des lits de gériatrie ça consomme trop de personnel !
Comme la facturation et le revenu des hôpitaux n’est en aucun cas basé sur le coût de production il est très étonnant que ça coince , n’est-ce pas ?
Avant on pouvait dire que les PH et PU-PH de Paris ne travaillaient pas assez en temps clinique. C’est ce que disaient ceux de province, oops pardon : des « territoires » qui connaissent les organigrammes de services AP-HP et sont beaucoup moins nombreux proportionnellement.
Maintenant l’explication est courte.